Combien nous coûte la dette ?

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Combien nous coûte la dette ?

À plus de 3 400 milliards d’euros, la dette publique française atteint un niveau inédit. Derrière cette spirale, un choix politique : celui de livrer le financement public aux marchés financiers.

Une dette qui bat tous les records

Le 25 septembre, l’INSEE a évalué la dette publique française à 3 416 milliards d’euros, un record en valeur absolue. Elle représente désormais 115,6 % du PIB. Les États membres de l’Union européenne ne doivent pas dépasser un déficit budgétaire annuel de 3 % du PIB ni une dette supérieure à 60 % du PIB. Pourtant, le déficit français avoisine les 6 % du PIB.

Face à cette situation, l’État doit emprunter auprès de créanciers — souvent étrangers — afin d’assurer le remboursement des intérêts arrivant à échéance et de financer les nouvelles dépenses liées au déficit.

La confiance des marchés s’érode

En septembre, la société de notation Fitch Ratings a abaissé la note financière de la France de AA- à A+, signe d’une perte de confiance des investisseurs. Elle anticipe une dette équivalente à 121 % du PIB en 2027.

Une note dégradée, c’est un signal : les créanciers exigent davantage pour prêter à la France.

D’après la Banque de France, le coût de la dette s’alourdit sous l’effet de la hausse des taux d’intérêt. Deux raisons principales expliquent cette évolution.

Des taux plus hauts, un risque accru

La première est la hausse du risque de non-remboursement : instabilité politique, déficit croissant, tensions géopolitiques… autant d’éléments qui inquiètent les investisseurs. La seconde tient à l’augmentation du taux directeur de la Banque centrale européenne (BCE), c’est-à-dire le taux auquel elle prête aux banques privées. Relevé à partir de 2022 pour endiguer l’inflation, il renchérit mécaniquement les emprunts des États.

Le coût de la dépendance

Car depuis la fin des années 1970 et le processus d’intégration européenne, l’État français ne peut plus se financer directement auprès de la Banque centrale. Il dépend donc des marchés financiers pour emprunter. Ce mécanisme, loin d’être neutre, traduit un choix politique à l’échelle européenne : celui de soumettre le financement public à la rentabilité privée.

Le “coût de la dette” n’est pas une fatalité : c’est le prix de l’abandon de la souveraineté monétaire.

Aujourd’hui, le remboursement des intérêts atteint 55 milliards d’euros, soit près de 10 % du budget de l’État – davantage que ce que la France consacre à la Justice ou à la Défense.


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