La taxe Zucman peut-elle vraiment changer la donne ?

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La taxe Zucman peut-elle vraiment changer la donne ?

Face au problème de la dette, la taxe Zucman s’impose peu à peu comme l’une des principales solutions avancées, en particulier à gauche. Le Parti socialiste en a même fait une condition pour ne pas voter la censure du gouvernement. La droite, de son côté, en a fait une ligne de fracture majeure. Quant au Medef, il va jusqu’à brandir la menace d’une manifestation. Alors que l’actualité semble ériger cette taxe en remède miracle, d’autres pistes politiques émergent également.

Une taxe qui cristallise le débat

Conçue par l’économiste Gabriel Zucman, cette taxe vise les foyers dont le patrimoine dépasse 100 millions d’euros, soit environ 1 800 foyers en France. Elle s’inscrit dans un contexte où la question budgétaire, et notamment celle de la dette publique, est devenue centrale. Pour une partie de la gauche, la fiscalité constitue la clé de voûte de toute réponse. La taxe Zucman apparaît ainsi à la fois comme une mesure de justice sociale face aux inégalités grandissantes et comme une solution potentielle pour renflouer les caisses de l’État. Elle résonne aussi avec le sentiment d’injustice fiscale qui s’exprime largement dans la population.

Pour la droite, au contraire, cette taxe est perçue comme une atteinte à la souveraineté fiscale du pays et comme un signal négatif envoyé aux investisseurs. Le spectre de l’exil fiscal est sans cesse brandi. Les organisations patronales, à commencer par le président du Medef Patrick Martin, agitent la menace de mobiliser leurs troupes contre toute hausse d’impôts. Dans ce contexte, le débat politique semble parfois se réduire à ce seul affrontement autour de la taxe Zucman.

Une taxe comme solution ?

Si cette proposition cristallise un tel enjeu, c’est aussi parce qu’elle répond à des attentes précises. Ses partisans estiment qu’elle pourrait rapporter près de 20 milliards d’euros par an. Elle constitue donc, selon eux, un pas décisif vers une justice fiscale, tout en permettant de replacer sur le devant de la scène la question des « cadeaux » fiscaux consentis au grand patronat.

Sur le plan symbolique, elle permet aussi de répondre à une exigence de justice sociale : selon les sondages, 74 % des Français se disent favorables à une contribution de solidarité exceptionnelle des plus hauts revenus.

Un pas nécessaire mais limité

À la Fête de l’Humanité, le secrétaire national du PCF Fabien Roussel a rappelé l’urgence de reprendre le contrôle sur la finance en lançant : « L’argent, rendez-le nous ! ». Dans cette continuité, plusieurs économistes communistes, dont Frédéric Boccara, insistent sur le fait que la revendication d’une taxe exceptionnelle doit s’accompagner d’une réflexion beaucoup plus large sur la fiscalité et sur la transformation structurelle de l’économie française.

Selon eux, la priorité est de construire un véritable État stratège capable d’investir massivement dans les secteurs nécessaires à la planification de l’économie de demain. C’est tout le sens du plan de 500 milliards d’euros proposé par le PCF : un programme mêlant des mesures immédiates, comme l’augmentation du SMIC à 2 000 € brut et son indexation sur l’inflation, à des mesures de long terme, comme la nationalisation de secteurs stratégiques.

Or, la logique diffère fondamentalement. Là où une taxe peut être obtenue par un compromis parlementaire, un plan de cette ampleur ne peut émerger que par une mobilisation sociale élargie.


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