Vers de nouveaux modèles économiques 

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Vers de nouveaux modèles économiques 

En économie, on définit comme économie linéaire le système dans lequel les consommateurs achètent un produit, l’utilisent, puis le jettent. Ainsi, le cycle de vie du produit est court. Il débute toujours par l’extraction de matière première dans l’environnement et se termine par la production de déchets. 

En 2020, la France a produit environ 310 millions de tonnes de déchets. À l’échelle mondiale, ce sont 2 milliards de tonnes de déchets qui sont produits chaque année et qui sont, en grande majorité, incinérés ou enfouis, engendrant parfois des pollutions du sol à long terme. 

L’économie circulaire, qu’est-ce que c’est ? 

L’économie circulaire est un modèle économique qui se pose en opposition à l’économie linéaire. D’après l’ADEME, son objectif est de produire des biens et des services tout en limitant fortement la consommation et le gaspillage des matières premières et des sources d’énergies non renouvelables, ainsi que la production de déchets.  

L’économie circulaire repose sur sept piliers : l’approvisionnement durable, l’écoconception, l’écologie industrielle, l’économie de la fonctionnalité, la consommation responsable, l’allongement de la durée d’usage et la fin de vie des produits.

En réutilisant, en réparant et en rénovant, on allonge au maximum la durée de vie des produits et des matériaux existants. Le recyclage permet quant à lui de réinjecter des matériaux au début du cycle de production, limitant l’extraction de nouvelles matières premières et formant ainsi une boucle — d’où le nom d’économie circulaire.

L’économie circulaire intègre par conséquent le refus de l’obsolescence programmée et tend vers de nouvelles formes de sobriété en consommant des produits et des services plus durables. Elle vise à la préservation de la biodiversité en réduisant au minimum les impacts sur les écosystèmes. 

Capitalisme et économie circulaire 

La production linéaire est généralement privilégiée par le capitalisme. Le modèle du « prendre – fabriquer – consommer – jeter » est le plus efficace dans un objectif de maximisation rapide des profits. 

Pourtant, le capitalisme tend facilement vers la réutilisation. 

Nous pouvons ainsi prendre l’exemple d’ArcelorMittal, le deuxième producteur d’acier au monde, et d’Ecocem France, qui produit du ciment. Les deux entreprises possèdent un site dans le dunkerquois. 

Ecocem utilise depuis plusieurs années le laitier produit par les hauts fourneaux d’ArcelorMittal, un coproduit habituellement non valorisé dans la production d’acier. Il remplace ici le sable, une ressource naturelle en raréfaction, dans la production du ciment.  

Les bénéfices environnementaux sont évidents : moins de prélèvement de ressources primaires (le sable) et utilisation d’un co-produit dans une « logique d’économie circulaire », le tout permettant la fabrication d’un « ciment bas-carbone ». Ecocem en fait sa publicité. 

Cependant, avec les récentes menaces d’ArcelorMittal de fermer tous ses sites en Europe, on peut se demander si cette alliance va perdurer. Deux solutions semblent s’offrir à Ecocem : 

  • mettre fin à son partenariat avec Arcelor et revenir à un ciment produit à base de sable, et donc nettement plus carboné ; 
  • ou suivre Arcelor dans sa délocalisation, sacrifiant des milliers d’emplois. 

En réalité, le choix est vite fait. ArcelorMittal détient 49 % du capital d’Ecocem France. Le ciment « bas carbone » sera donc produit ailleurs. 

Pas d’économie circulaire sans lutte des classes 

Ainsi, la construction d’une véritable économie circulaire ne pourra qu’aller de pair avec le dépassement du capitalisme. 

L’industrie doit répondre aux besoins humains. Les moyens de production ne doivent plus être détenus par des actionnaires qui ne pensent qu’à leur portefeuille. 

Dans le cas d’ArcelorMittal, cela doit passer par une nationalisation, comme le réclamaient la CGT Arcelor et Fabien Roussel lors du meeting organisé à Dunkerque le 23 janvier dernier.

Et pour répondre aux besoins humains sur le long terme, une planification est nécessaire aussi bien dans l’industrie que dans la recherche. Celle-ci sera essentielle dans de nombreuses étapes pour la construction d’une économie plus respectueuse de l’environnement : matériaux plus durables, allongement des durées de vies des technologies, nouvelles techniques de recyclage…


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