Ce 24 février s’ouvre le Salon de l’Agriculture. Plus qu’une foire festive, cet événement cristallise des enjeux politiques très concrets, tout particulièrement cette année. Attentes des agriculteurs, difficultés du Gouvernement, bouleversements de long-terme… : exposé des enjeux de l’édition 2024, qui a déjà commencé brillamment.
Un contexte électrique
Cette édition du Salon de l’Agriculture s’ouvre dans un moment particulier : depuis le 18 janvier, un mouvement social est mené par les syndicats agricoles, notamment la FNSEA et la Confédération paysanne. En cause, la faiblesse des revenus, le libre-échange et la concurrence déloyale qui l’accompagne, des normes environnementales vécues comme des charges… Et en conséquence : manifestations, barrages routiers, jusqu’à la menace d’un « siège » de Paris.
Si les annonces de Gabriel Attal le 1er janvier ont permis la suspension des actions par la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs, le récent accrochage autour du projet de « grand débat » en ouverture du Salon de l’Agriculture peut présager d’une reprise du mouvement social. Cet échange a été refusé par la FNSEA puis annulé par l’Élysée, avant qu’Emmanuel Macron ne décide d’improviser une discussion très chahutée.
Un gouvernement à la peine
Depuis le début de cette mobilisation, le Gouvernement affiche un soutien de façade aux agriculteurs : des « coups de sang légitimes » pour Gérald Darmanin, « un jour du sursaut » pour Gabriel Attal… Cette bienveillance inhabituelle à l’égard de manifestants cache difficilement la responsabilité des macronistes dans l’aggravation de la condition paysanne. Dernier exemple en date, le traité de libre-échange signé entre l’UE et la Nouvelle-Zélande, promettant encore d’exacerber les effets de la concurrence déloyale sur les agriculteurs français.
Les premières concessions de Matignon (avec notamment la remise en question du projet de traité de libre-échange entre l’UE et le Mercosur), le 26 janvier, n’ont pas été jugées satisfaisantes par les syndicats. Et si celles du 1er février, incluant entre autres la suspension du plan de réduction de l’usage des pesticides, ont permis une relative accalmie sociale, rien n’est encore garanti pour le Gouvernement.
Au-delà, un mode de vie en question
Le 22 février, l’Humanité interrogeait : « Y aura-t-il encore des paysans en 2030 ? ». C’est que ce Salon de l’Agriculture est au cœur d’enjeux plus généraux sur la condition paysanne. Au-delà des revendications immédiates, c’est tout un mode de vie qui est menacé et, avec lui, une façon d’envisager la production alimentaire. D’« 1,6 million d’exploitants agricoles en 1970 », la France est passée à « 764 000 trente ans plus tard et à peine 500 000 en 2020 » au profit de grandes firmes, alerte l’Humanité. Comme l’affirme le quotidien de Jaurès, cette semaine, c’est peut-être bien « le monde paysan [qui] joue son avenir ».