De novembre 2024 à février 2025, les débats budgétaires ont monopolisé le travail du Parlement. Du gouvernement Barnier à celui de Bayrou, l’austérité est restée le fil rouge de la séquence politique. L’adoption de ce plan austéritaire, le 6 février, s’est traduite par la mise en place de multiples coupes budgétaires d’ampleur dans des secteurs stratégiques de l’action de l’État.
L’enseignement supérieur et la recherche figurent parmi les principales victimes de cette saignée. 1,2 milliard d’euros ont été retirés à ce budget, alors même que 4 universités sur 5 finissent l’année 2024 en déficit et que la recherche française peine à produire des résultats satisfaisants. Le sénateur communiste des Hauts-de-Seine, Pierre Ouzoulias, s’en est notamment inquiété lors des débats au Sénat : « Reconnaissons avec honnêteté que la science française connaît une situation de déclassement, aggravée par les politiques de ce gouvernement et de ses prédécesseurs. […] L’université et la recherche ne constituent pas des charges financières que l’on pourrait réduire sans conséquences pour l’avenir de notre pays et de notre jeunesse. »
Abandon de toute ambition écologique
Au-delà des inquiétudes quant au bon fonctionnement du service public de l’enseignement supérieur et de la recherche, ce sont les ambitions écologiques de la France qui sont particulièrement affectées. La recherche dans les domaines de l’énergie, du développement et de la mobilité durables se voit amputée de 540 millions d’euros, soit une baisse de plus de 27 % de son budget total. Le désengagement de l’État dans l’effort de développement écologique relève ici d’un choix politique assumé par le camp macroniste et ses alliés.
Le secteur bénéficiait pourtant d’une loi de programmation de la recherche, la loi dite “LPR”. Adoptée en 2020, elle était censée garantir et sanctuariser le budget de la recherche scientifique en assurant une croissance de 25 milliards d’euros échelonnée sur 10 ans. Bien que peu ambitieuse, elle est désormais la loi de programmation budgétaire la plus bafouée de l’histoire de la Ve République.
L’austérité comme doctrine
À l’Assemblée nationale, les débats budgétaires ont été écourtés par l’usage de l’article 49 alinéa 3 de la Constitution. Ils n’ont pas été plus conclusifs au Sénat, où la majorité conservatrice a défendu les choix gouvernementaux face à une opposition bien esseulée dans la défense de la recherche française. Noyée dans la myriade de coupes budgétaires antisociales, la situation de la recherche n’a pas bénéficié d’une médiatisation à la hauteur de l’enjeu.
L’opposition à cette situation s’est en grande partie structurée autour de tactiques parlementaires. Cette stratégie n’a cependant pas permis l’émergence d’un mouvement social d’ampleur à l’échelle nationale. Ceci dit, à l’issue de l’adoption de ce texte, une vague de mobilisations étudiantes et professionnelles a parfois su, localement, se faire entendre autour de revendications en faveur du service public de l’enseignement supérieur et de la recherche.