Thomas Ménagé, député RN et candidat à sa réélection dans le Loiret, parlait encore en août dernier sur France Inter de la « tendance à exagérer » du GIEC. De quoi s’inquiéter pour le climat.
Le Rassemblement national est fort d’une longue tradition de climatoscepticisme. À l’Assemblée nationale comme au Parlement européen, ses élus se sont opposés à quasiment tous les textes en faveur de la transition écologique.
Rattrapé par l’importance croissante des questions écologiques dans le débat public, le parti des Le Pen et Bardella a intégré quelques mesures en lien avec l’environnement dans le programme pour les législatives présenté le 24 juin.
Loin de faire de la lutte contre le changement climatique une clé de voûte de leur projet politique, ils se basent sur deux grands principes : la fin de l’écologie punitive et le « localisme ». L’analyse de ces propositions révèle un projet tout sauf écologique, aux antipodes de celui porté par le Parti communiste français par exemple.
Fin de la réglementation sur les DPE : les précaires sanctionnés
Le DPE, Diagnostic de Performance énergétique, évalue la consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre d’un logement. Depuis 2022, les loyers des logements classés G et F ont vu leur loyer gelés, et leur mise en location est progressivement interdite (depuis 2023 pour la classe G, 2028 pour F, 2034 pour E, etc.).
L’objectif de ces mesures est double : diminuer les émissions du secteur logement qui représente aujourd’hui 18 % des émissions nationales, et lutter contre la précarité énergétique qui touche des millions de Français.
Le RN, en bon faussaire de la question sociale, surfe sur les inquiétudes des classes populaires pour glisser en douce une mesure qui ne leur profitera pas. Comment peut-on prétendre défendre une écologie positive quand on veut abandonner 15 % des ménages, majoritairement ceux aux revenus les plus modestes, dans des passoires thermiques ?
Énergies renouvelables : Le RN brasse de l’air
Preuve du peu de considération porté aux enjeux climatiques, Marine Le Pen souhaitait encore récemment démanteler une partie du parc éolien français qui « gâche le paysage ». Rétropédalage : Jordan Bardella évoque à présent un moratoire sur la construction de nouvelles installations solaires et éoliennes (en terre et en mer).
Dans le programme officiel pour les législatives, il n’y a pas un mot à ce sujet. Sont mentionnées uniquement une augmentation du nombre d’EPR et de la capacité hydraulique. Hors ces projets sont irréalistes : pour compenser la chute de production liée à l’abandon de l’éolien, le premier EPR devrait être prêt en 2031, ce qui n’est pas envisageable en l’état actuel de la filière en France. En ce qui concerne l’hydraulique, des investissements sont effet nécessaire, mais c’est une solution qui ne suffira pas à long terme, car le dérèglement climatique tend à diminuer le débit des cours d’eau.
À titre de comparaison, le Plan climat pour la France Empreinte 2050 du Parti communiste français prévoit l’installation de 6 nouveaux EPR de seconde génération dont la mise en service s’étale entre 2035 et 2042.
Le programme du RN prévoit donc de diminuer notre capacité de production d’énergie décarbonée, tout en réindustrialisant le pays et en réaffirmant notre souveraineté énergétique en sortant de la dépendance à l’import de gaz. Un casse-tête insoluble, qui illustre bien l’amateurisme et le manque d’ambition du rassemblement national sur ces enjeux pourtant cruciaux que sont l’écologie et l’industrie.