Elisabeth Borne vient de déclencher l’article 49-3 afin d’imposer le recul de l’âge de la retraite sans vote de l’Assemblée nationale. Elle engage ainsi la responsabilité de son gouvernement.
Après deux semaines intenses au Sénat, le projet gouvernemental portant sur le recul de l’âge de départ à la retraite — entre autres choses — poursuivait son chemin parlementaire. Si la droite sénatoriale s’est vu suppléer le gouvernement tout en avançant ses billes, notamment sur la capitalisation, ces mesures ne sont pas pour autant adoptées.
Faisant face à une très forte mobilisation sociale qui semble prendre un tournant avec la reconduction de la grève dans plusieurs secteurs stratégiques, à une unité syndicale toujours intacte, les dés semblent loin d’être joués.
Une démocratie parlementaire bafouée
Usant de diverses manœuvres constitutionnelles, le gouvernement poursuit sur sa dynamique du coup de force perpétuel. Refusant toute contestation, dénigrant les propositions alternatives, l’entêtement présidentiel semble constitutif du quinquennat engagé.
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Après un passage somme toute rocambolesque à l’Assemblée nationale et les leçons de libéralisme données par la droite sénatoriale, le texte est arrivé en CMP (Commission mixte paritaire), composée de sept sénateurs et sept députés, majoritairement de droite et du groupe présidentiel.
« Je pense sincèrement qu’il y a un avant et un après réforme des retraites », constate Éliane Assassi, présidente du groupe communiste au Sénat.
Un sentiment semble faire l’unanimité chez les sénateurs et députés opposés à cette réforme : une fois que le débat est lancé, il est en réalité tranché en amont, dans les couloirs.
Une mobilisation qui ne faiblit pas
En parallèle, les travailleurs et leurs syndicats unis ont à nouveau su montrer leur opposition formelle à ce recul. Une mobilisation qui semble prendre une tournure différente. Divers secteurs annoncent au fil des jours la reconduction de leur grève, les confédérations assurent que le rapport de force pourrait monter d’un ton, une majorité de Français — et particulièrement de salariés — soutiennent ces mouvements.
Face à cela, le gouvernement semble ne répondre que par le mépris et la « pédagogie » mal placée.
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« Le gouvernement n’est pas digne de notre République »
Pour terminer ce processus législatif, que le gouvernement a voulu désastreux, et face à un tel rejet, obligeant certains parlementaires de droite à se ranger dans le camp du « contre », la Première ministre a fait le choix de l’utilisation de l’article 49.3, ce jeudi 16 mars dans l’après-midi.
L’ensemble des syndicats avaient pourtant prévenu l’exécutif : s’il y a un passage en force, la mobilisation s’amplifie et l’ensemble du pays sera engagé dans la dynamique.
Les réactions n’ont pas tardé, à l’image de Jérémy Bacchi, Sénateur des Bouches-du-Rhône :
« À quoi joue le gouvernement avec le 49.3 ? Veut-il un pays à feu et à sang ? Prépare-t-il l’arrivée du fascisme dans le pays ? Minoritaire dans les institutions, minoritaire dans la rue, minoritaire dans l’opinion, une seule solution : le retrait ! »
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