Le texte portant sur le report de l’âge légal de départ à la retraite continue son chemin au Sénat. Une discussion d’avance contrainte par un gouvernement peu soucieux du débat parlementaire, mais tout à fait enclin à faire passer sa réforme au détriment de la démocratie sociale.
Démonstration de force dans la rue, coup de force au Sénat
Dans ce laps de temps laissé aux sénateurs, il y a pourtant une démonstration de force, le 7 mars, de la part des travailleurs et de leurs syndicats unis. Une mobilisation faite de grèves massivement suivies — et reconduites — mais aussi de cortèges très fournis. Une date que Pierre Ouzoulias, sénateur communiste, a immédiatement qualifiée de « belle journée pour la démocratie sociale et de triste nuit pour la démocratie parlementaire. »
En parallèle de cette journée d’action, la droite sénatoriale, arborant une carte blanche offerte par le gouvernement, s’évertue à accélérer tous les reculs sociaux. Elle s’évertue à avancer ses billes idéologiques, entre capitalisation des retraites et parlementarisme amoindri.
Pourtant, l’opposition le martèle : non content de voler deux ans aux Français, le gouvernement vole aussi le débat.
Une semaine sanglante pour les droits des travailleurs
Suppression d’une grande partie des régimes spéciaux — tout du moins de ceux qualifiables de pionniers, lancement d’une « étude sur la capitalisation », index séniors, etc. Entre autres reculs et magouilles intellectuelles se trouve le vote de l’article 7 concernant le report effectif de l’âge de départ à la retraite.
La droite sénatoriale, non contente d’être une béquille du gouvernement, se voit désormais obligée de faire du zèle pour se démarquer de la majorité présidentielle.
C’est ainsi qu’elle a, par la voix de Bruno Retailleau, usé de l’article 38 du règlement du Sénat, permettant tout bonnement de mettre fin aux débats et de passer immédiatement au vote. Un article qui n’avait plus été utilisé depuis sa révision en 2015, qui, en plus du caractère antidémocratique qu’il porte, a de surcroît fait tomber plus de 1100 amendements travaillés par la gauche sénatoriale.
Si une ligne rouge a été franchie pour ces sénateurs, ils préfèrent y voir le signe d’une fébrilité à demi avouée de la part du gouvernement, et d’une perte de sang froid pour ce qui est de la droite sénatoriale.
La présidente du groupe communiste, Eliane Assassi, a immédiatement fait le constat « qu’ils ne supportent plus l’expression des parlementaires d’opposition » — d’autant que celle-ci se trouve renforcée par la mobilisation historique qui est en cours.
Loin d’être terminée, cette bataille éminemment politique se mènera une nouvelle fois dans la rue et les entreprises, mais aussi en commission mixte paritaire la semaine prochaine.
Affaire à suivre…