La réforme des retraites est arrivée au Sénat. Le temps de la discussion est certes contraint, mais s’annonce d’ores et déjà vif et mouvementé.
Les différents groupes de gauche présents au Sénat ont présenté leur stratégie en vue du passage dans la chambre haute du projet gouvernemental, soutenu par la droite sénatoriale, sur le recul de l’âge de départ à la retraite.
Rappelant que cette réforme traduit l’entêtement d’un Président et de son gouvernement face à une écrasante majorité de français et de salariés qui y sont opposés, la gauche sénatoriale se veut forte d’un front uni contre le projet.
Le refus du coup de force
Un front uni, mais sûrement pas un front de façade. C’est ce qu’ont tenu à rappeler les différents présidents de groupe. La stratégie est commune, mais elle se mène dans la clarté politique, sans faux-semblant concernant les désaccords existants entre ces mêmes groupes.
C’est en ce sens que sera déposée une motion référendaire ce vendredi matin, la clarté politique définissant aussi cette transparence obligée vis-à-vis des salariés et plus globalement des citoyens.
Autre démarche. Les sénateurs communistes ont déposé dès le 23 février dernier une motion d’irrecevabilité, considérant que le Président et le gouvernement ont sciemment détourné et manipulé la Constitution. Présidente du groupe CRCE, Eliane Assassi indiquait ainsi que l’article 47.1, qui permet de limiter et de contraindre le temps de la discussion, ne pourrait se justifier que dans l’urgence de textes financiers.
Comme l’ont notamment démontré les syndicats, s’appuyant sur les rapports du COR, le régime de retraite n’est pas menacé, il n’y a pas d’urgence. Il s’agit donc d’un « coup de force démocratique à l’encontre du Parlement » pour les sénateurs communistes.
La stratégie dans le débat
Cette même présidente du groupe communiste a rappelé qu’il ne faudra pas opposer « la sagesse, le sérieux et la sérénité du groupe à sa détermination sans faille à être utile aux travailleurs ».
L’objectif est double.
D’abord examiner les 20 articles afin de les démonter, de les détricoter méthodiquement et politiquement, aux yeux de tous. Simultanément à la mobilisation des salariés et de leurs syndicats unis, la gauche sénatoriale mènera un débat de fond sur l’ensemble des articles et notamment le septième, sans « cacher que le but est la suppression de l’ensemble de ces derniers ».
En ce sens, personne ne pourra reprocher à l’opposition sénatoriale le véhicule législatif défini par le gouvernement lui-même, qui empêche le débat. Sa responsabilité est engagée.
À l’opposé du grand débat national et populaire que mériterait cet enjeu de société, le débat est tronqué, il patauge dans des tractations opaques entre la majorité présidentielle et la droite sénatoriale.
Refuser, mais proposer
Ce sont les maîtres mots de cette gauche sénatoriale. À l’opposée de cette réforme tant injuste que bricolée dans sa dimension financière, les sénateurs du groupe communiste proposeront par leurs amendements d’autres pistes.
Des pistes concrètes en guise de financement, la taxation des revenus financiers ou encore l’augmentation réelle des salaires, et donc, des cotisations comme l’indique Cathy Apourceau-Poly, cheffe de file des sénateurs communistes.
Simultanément, seront dénoncés les mensonges éhontés du gouvernement sur les questions de pénibilité, de pension minimum, d’égalité des sexes au travers de la réforme, promettent ces sénateurs.
En définitive, contrairement à ce qui peut être écrit ici ou là, le texte n’a pas été adopté en commission des affaires sociales du 28 février. Une opposition franche, politique, unie et combative, construira le débat nécessaire et nécessairement articulé à la mobilisation sociale.
Une chose est sûre, l’examen de ce texte ne sera pas une formalité au Sénat !