Mardi 13 mai, José “Pepe” Mujica, est mort à 89 ans des suites d’un cancer de l’œsophage. Militant de la guérilla à la présidence de la République, Pepe Mujica était l’une des personnalités les plus appréciées et influentes de la gauche latino-américaine.
Le guérillero
Né en 1935 dans une famille paysanne, il grandit avec la passion du cyclisme et l’amour des fleurs dans une Uruguay progressiste et stable.
Le pays s’enlise à partir des années 50. La corruption, les inégalités et la pauvreté s’accroissent. Beaucoup comprennent que la gauche socialiste ne résistera pas aux conspirations de l’armée appuyée par les États-Unis d’Amérique.
José Mujica, militant au centre droit puis au sein de l’Union Populaire, fait ainsi partie des fondateurs du mouvement guérillero des Tupamaros. Sur les traces de Fidel Castro et de Che Guevara, ces combattants innovent en faisant de la guérilla urbaine leur méthode de lutte contre la dictature.
Des évasions au contre-espionnage, le jeune groupe redouble de créativité pour résister. Ce symbole d’espoir résonne de l’Amérique jusqu’en Palestine et inspire le monde militant et culturel, en témoigne le film État de siège (1974) du réalisateur Costa Gavras. Mais face à la répression, l’organisation cède. Les Tupamaros vaincus, Mujica subit douze ans d’emprisonnement et de torture jusqu’au retour de la démocratie en 1985.
Le président
Les ex-guérilleros renouent avec le militantisme légal. De la fondation du Mouvement de Participation Populaire (MPP) à la grande coalition du Frente Amplio, Mujica est successivement député, sénateur, ministre puis président de la République en 2010.
Il contribue au renforcement des droits des travailleurs et participe à de grandes réformes écologiques et sociales. Sous sa présidence, l’avortement et le mariage homosexuel sont légalisés. Si le retour des politiques sociales est resté insuffisant pour protéger l’Uruguay des crises économiques et politiques modernes, rien n’atteint la bonhomie de l’ancien président.
Le Pepe
Pepe Mujica a marqué les esprits en se présentant comme “le président le plus pauvre du monde”. Franc-parler, rejet des protocoles, il donnait 90% de son salaire à de bonnes oeuvres. Un original qui fuyait le palais présidentiel pour vivre dans sa banlieue rurale, où il labourait la terre et prenait soin de ses fleurs.
Derrière le capital sympathie dont il jouit jusqu’à l’international, Pepe Mujica laisse un héritage complexe dans un pays dont la stabilité politique reste fragile. Il reste le visage sympathique et populaire d’une Amérique latine de résistance à l’impérialisme et en lutte pour son émancipation.