Nouvelles drogues : la santé publique en jeu

publié le dans
Nouvelles drogues : la santé publique en jeu

Avec plus de 10 % d’entre eux qui consomment régulièrement et près d’un lycéen sur trois ayant déjà expérimenté, les Français sont les plus gros consommateurs de cannabis en Europe.

En plus de la lutte que doivent mener les autorités contre le marché parallèle des stupéfiants « traditionnels », de nouvelles drogues apparaissent progressivement et ne menacent pas moins d’atteindre à la santé publique nationale.

HHC, drogues de synthèse en tout genre, lean, protoxyde d’azote… Tant de produits extrêmement toxiques et addictifs se répandant chez les jeunes. 

Les nouvelles drogues : qu’est-ce que c’est ?

Les Nouveaux produits de synthèse (NPS) représentent 10 à 20 % des saisies douanières françaises et constituent une bonne partie de ce que l’on peut qualifier de « nouvelles drogues ». Créés à base de produits chimiques synthétiques plutôt que des substances naturelles, ils se donnent pour objectif d’imiter les effets des drogues plus classiques ou de médicaments psychotropes. Pour autant, ils sont souvent bien plus dangereux et addictifs.

Parmi eux, on compte notamment l’hexahydrocannabinol (HHC), dérivé du cannabis et interdit en France depuis le 13 juin 2023, mais aussi d’autres substances comme le fentanyl, la 3-MMC (méthylméthcathinone).

Les « nouvelles drogues » ne se limitent pas au synthétique. On compte parmi elles d’autres substances psychotropes comme la lean, mélange liquide composé de médicaments codéinés, ou encore le protoxyde d’azote ou gaz hilarant, dont la commercialisation en libre-service est détournée à des fins psychoactives.

Le développement de ces nouvelles drogues est particulièrement inquiétant puisqu’il touche des très jeunes, jusque dans les lycées et même les collèges.

Le développement des nouvelles drogues

Elles se sont rapidement développées en France au cours des dernières années. Cet essor s’explique par plusieurs raisons.

Tout d’abord, ces nouveaux stupéfiants sont fabriqués à très bas coût. C’est notamment le cas des drogues de synthèse, dont beaucoup de composants intermédiaires sont fabriqués légalement en Chine ou en Inde avant d’être transformés dans des laboratoires clandestins en Europe, particulièrement situés en République tchèque ou aux Pays-Bas.

Ce faible coût de production n’est pas sans impact sur le prix à la vente de ces substances. Le consommateur peut aujourd’hui se fournir des drogues de synthèse pour un moindre montant que des drogues classiques.

Au-delà même de la question du prix, c’est la facilité de la procuration qui peut en partie expliquer l’essor de ces drogues. Il est possible de se procurer des drogues de synthèse sur internet et de se les faire livrer par voie postale. Plus besoin de se déplacer ou d’avoir le moindre contact physique ou verbal avec le dealer.

D’autres drogues touchant particulièrement les jeunes sont aussi en libre-service. C’était le cas du HHC jusqu’à peu, et c’est toujours le cas du protoxyde d’azote dont les consommateurs détournent l’usage initial (gaz de compression dans de multiples produits de consommation courante). La codéine est, quant à elle, fournie sur ordonnance en pharmacie, au même titre que d’autres psychotropes médicaux.

Les nouvelles drogues bénéficient également d’un aspect plus attractif, ce qui peut notamment influencer la consommation des plus jeunes. La lean s’est particulièrement développée en raison de sa mise en avant dans le milieu du rap américain. 

La récence de ces produits, le manque de réelle prévention, la méconnaissance à leur sujet, ainsi que leurs effets secondaires favorisent aussi leur popularité et leur développement.

Une dangerosité renforcée

Si elles se développent rapidement et trouvent de multiples consommateurs à travers le pays, les nouvelles drogues ne sont pas pour autant moins dangereuses et addictives que les drogues dites « classiques », bien au contraire.

Les effets secondaires des nouvelles substances psychotropes ne sont effectivement absolument pas à négliger. Par exemple, alors que sa vente était encore libre en France jusqu’au 13 juin dernier, la consommation du HHC présente davantage de risques médicaux et psychologiques que la THC, principal composé psychoactif du cannabis.

La xylazine ou « tranq », initialement un sédatif pour les animaux, ravage depuis des mois les villes états-uniennes.  Présente dans près d’un quart des drogues vendues outre-Atlantique, elle est aussi dangereuse qu’addictive. Connue comme « la drogue du zombie », elle transforme ses consommateurs en véritables morts-vivants, errant dans les rues, et peut provoquer des blessures sur la peau et des overdoses.

Le protoxyde d’azote, en vente libre, est particulièrement consommé par les jeunes, peut être à l’origine de complications neurologiques et nerveuses parfois très graves pouvant aller jusqu’à la perte de certains membres.

De plus, les drogues « classiques » sont de plus en plus régulièrement coupées aux drogues de synthèse. Aujourd’hui, consommer des drogues « naturelles », y compris le cannabis, expose à l’additivité et aux effets secondaires accrus des nouveaux stupéfiants de synthèse.

La réponse à apporter face au danger que représente le développement des nouvelles drogues

Le développement de la douane paraît incontournable. Ces substances, souvent fabriquées dans des laboratoires loin de la France, transitent par diverses frontières. 

Si la prévention, elle non plus, ne semble pas suffisamment développée contre le cannabis et les drogues « traditionnelles », elle ne l’est absolument pas contre les dangers que représentent ces nouvelles drogues. 

Si elles se développent, c’est parce que les consommateurs, et notamment les plus jeunes, ne connaissent pas les risques qu’ils encourent. 


Édition hebdomadaire

Mêmes rubriques