Mercredi, après environ trente heures de garde à vue, Owen L., 23 ans, a reconnu avoir tué Louise, 11 ans, à Épinay-sur-Orge (Essonne) le vendredi 7 février.
Selon les premiers éléments de l’enquête, le suspect aurait suivi la collégienne après avoir perdu une partie de jeu vidéo, l’aurait conduite dans le bois des Templiers avant de lui asséner une dizaine de coups de couteau. Ce drame a rapidement été instrumentalisé à des fins politiques par l’extrême droite.
Au début de l’affaire, un autre suspect, Ryan B., était évoqué par les enquêteurs. C’est Amaury Brelet, rédacteur en chef de Valeurs actuelles, qui révèle rapidement le prénom du suspect aujourd’hui mis hors de cause, en précisant sur X qu’il s’agit d’un homme « de type nord-africain ». Certaines chaînes de télévision d’information en continu et des représentants de l’extrême droite ont alors mis en avant ces origines supposées, alimentant des discours racistes.
Sur X, Geoffroy Antoine, journaliste au JDD, révèle le nom entier du jeune homme ainsi que son année de naissance. Information reprise rapidement par le groupuscule d’extrême droite Némésis sur Instagram, en partageant lui aussi le nom du jeune homme en garde à vue.
Plusieurs figures politiques et médiatiques issues de l’extrême droite ont tenté d’exploiter ce crime pour appuyer leurs thèses sur l’immigration. Jordan Florentin, journaliste du média d’extrême droite Frontières, a affirmé à tort que le meurtrier était « d’origine nord-africaine » et n’a pas hésité un seul instant à parler de « francocide ».
Sur CNews, Sarah Knafo, eurodéputée du parti Reconquête, a déclaré : « Jean-François Revel disait : “Pour juger un régime politique, comptez les cadavres.” Thomas, Lola, Philippine, Elias et maintenant Louise. Tant de vies volées. Tous ceux qui nous ont menés jusqu’ici sont coupables. Nous avons les solutions. » Si elle n’établit pas explicitement de lien avec l’immigration, sa formule « Nous avons les solutions » peut laisser entendre une lecture politique du drame d’Épinay, en lien avec la thèse complotiste du « Grand remplacement » défendue par son parti.
Au-delà de ces discours, la récupération a pris une tournure encore plus violente lorsque certains militants d’extrême droite, dont Jordan Florentin, ont pris pour cible la sœur de Louise, endeuillée, sur les réseaux sociaux. Ayant déjà exprimé par le passé son opposition au Rassemblement national, elle a dénoncé l’instrumentalisation raciste du meurtre de sa sœur avant d’être harcelée en ligne, au point de devoir supprimer plusieurs de ses comptes.
Ce type de récupération s’inscrit dans une stratégie plus large, où les drames sont systématiquement exploités pour nourrir des discours alarmistes sur un prétendu « ensauvagement » de la société, attribué à une supposée « submersion migratoire ». Cette manipulation détourne l’attention de la douleur des familles et de la complexité des faits pour servir des thèses racistes.
Mais l’horreur n’a pas de couleur, et le deuil n’a pas d’étendard. La mort d’un enfant est un abîme qui appartient à ceux qui l’aimaient, non à ceux qui cherchent à en faire un slogan. Il y a peu, le père de la petite Lola, assassinée en 2022 à Paris, dénonçait lui aussi la récupération du drame qu’il a vécu par la charogne fascisante.
Louise n’est pas une bannière à brandir ni un argument à exploiter. Elle était une enfant, avec ses rires, ses joies, sa vie. Qu’elle puisse reposer en paix, entourée du souvenir et de l’amour des siens, loin de la haine et de l’abjecte récupération.