La manifestation du 25 novembre pour la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes a montré la forte mobilisation des jeunes sur les questions féministes. Localement, des associations se structurent pour lutter concrètement sur son lieu de vie et d’étude. Avant-Garde est allé à la rencontre de l’une d’entre elles à Tarbes (65). Entretien avec Laetitia Bégué, secrétaire de l’association.
Peux-tu présenter votre association en quelques mots ? Depuis quand existez-vous ? Où militez-vous ?
L’association des Mains violettes est une association étudiante qui lutte contre les violences faites aux femmes et les féminicides. Nous avons le statut officiel d’association depuis octobre 2020, mais le mouvement existe depuis octobre 2019. Il est né dans un lycée des Pyrénées Atlantiques (64) en septembre 2019. Nous militons principalement dans les lycées, et dans un futur proche on l’espère dans les collèges.
Lors du rassemblement du 25 novembre à Tarbes pour la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, vous avez été particulièrement visibles. En quoi était-ce important pour vous d’être présentes en masse à ce rassemblement?
Il est important de se faire connaître et de sensibiliser. Plus nous serons visibles lors de ce rassemblement, d’intervention, etc. plus nous toucherons de monde et donc plus la prise de conscience sera importante.
Pour quelles raisons avoir choisi de créer une association féministre au sein du lycée? Y a -t- il pour vous des problématiques liées au sexisme propres au milieu scolaire, et au lycée en particulier?
Tout simplement car nous sommes toutes et tous au lycée, et que c’est l’endroit où nous pouvons le plus toucher les jeunes et faire changer les comportements problématiques. En milieu scolaire, les femmes sont souvent réprimandées sur leur tenues, sur leurs comportements… Aussi, dans un établissement scolaire, les différences entre les hommes et les femmes se creusent à cause du conditionnement des femmes et de l’éducation que reçoivent certaines personnes.
En début d’année scolaire, une polémique est née sur les prétendues tenues « non républicaines » des filles au lycée. Comment analysez-vous cette question ? Quelle a été votre réaction ?
Je pense que les prétendues tenues “non républicaines” ne sont qu’un prétexte pour conditionner encore les femmes et que le patriarcat montre encore une fois son pouvoir sur nous. Nos réactions ont été diverses, mais toutes dans le même sens : chacune et chacun devrait pouvoir s’habiller comme il le souhaite dans un établissement. Pour la plupart, nous avons suivi le mouvement du 14 septembre : celui où les jeunes femmes sont venues en cours avec des tenues jugées “non républicaines”.
Quelles revendications portez-vous pour lutter contre le sexisme au sein des établissements scolaires?
Tout d’abord, nous mettons en place des interventions pour sensibiliser les élèves et leur faire prendre conscience que le système dans lequel nous vivons n’est pas acceptable. Au sujet de la tenue des femmes évoquée juste avant, nous essayons au maximum de montrer qu’il n’y a aucune justification valable au refus d’une élève de par sa tenue.
Notre lycée nous soutient en nous aidant à mettre en place des actions qui contribuent à déconstruire le patriarcat.
Nous pensons que des initiatives seraient envisageables dans les lycées, comme la mise en place d’affichages, de journées consacrées à des sujets tabous encore bien présents dans notre société patriarcale. La mise en place de distributeurs de protections hygiéniques gratuites pourrait aussi être faite.
Quels sont vos moyens d’actions, hors et dans le lycée pour faire connaître vos combats ?
Nous procédons à de l’affichage dans les lycées, le port d’un t-shirt avec une main violette placé au niveau du cœur tous les premiers jeudi du mois et l’organisation de manifestations comme celle du 25 novembre. Nous sommes aussi présentes sur les réseaux sociaux pour communiquer au maximum avec les gens qui nous suivent et nous soutiennent.
Au MJCF, nous portons la revendication d’une véritable éducation à la vie sexuelle et affective. Quel constat faites-vous sur les contenus actuellement enseignés dans les lycées ? Où en est-on aujourd’hui ?
La vie sexuelle et affective n’est pas abordée au lycée. L’anatomie des femmes n’est pas représentée dans son entièreté dans les manuels de SVT, notamment avec l’absence de représentation du clitoris.
De plus, dans les interventions sur la vie sexuelle obligatoire dans certains niveaux, on ne parle que de protections (préservatif pour le plus grand cas), mais elles ne mentionnent que très peu les rapports homosexuels, et ne parlent jamais de consentement, de plaisir ou même des sexualités possibles. En effet, nous pensons que la société évolue au niveau de la vie sexuelle et affective des plus jeunes, mais reste encore taboue dans certains cas.
Pour terminer, si on veut être tenu au courant de vos actions, comment peut-on vous suivre et vous rejoindre?
Vous pouvez nous retrouver sur Instagram et Facebook en cherchant “Main violette Tarbes”. Nous avons également un mail pour toutes questions: [email protected]