Jeux Vidéo : à quoi jouer pendant le confinement ?

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Jeux Vidéo : à quoi jouer pendant le confinement ?

Deuxième chronique où l’on vous conseille des jeux vidéo pour le confinement. Avec toujours le même concept : vous pouvez tous jouer à ces jeux, pour peu que vous disposiez d’un matériel informatique pas trop ancien. La sélection idéale pour ceux qui n’ont pas l’habitude du jeu vidéo, ou qui voudraient jouer sans se ruiner. 

Phoenix Wright : Ace Attorney Trilogy (2006) — Windows, Android, iOS, PS4, Xbox One, Switch, 3DS, DS, Wii, Wii U — ~30 € 

Débuté en 2001 sur GameBoy Advance, la série des Gyakuten Saiban n’aurait peut-être jamais dû sortir de l’archipel japonais. Pour cause il s’agit d’un genre de niche du marché japonais, celui des Visual Novel : un genre de jeu centré sur l’histoire et où les interactions sont limitées au minimum. Sorti sur notre continent en 2006 dans une version entièrement traduite sur Nintendo DS, le jeu a depuis lors toujours eu un certain succès d’estime (pas toujours traduit dans le nombre de ventes, malheureusement). Dans cette série vous prenez le rôle d’un avocat défendant des accusés (toujours à tort) d’un meurtre, et devez prouver l’innocence de votre client devant le juge. 

Le jeu ne prend pas (et c’est peu dire) le parti du réalisme, car les procès sont avant tout des occasions de joutes verbales rocambolesques. Les affaires alternent entre phases d’enquêtes (effectués par l’avocat que vous jouez) et phases de procès (ayant lieu le lendemain de l’enquête). Le jeu offre une histoire linéaire que vos déductions permettent de faire avancer. Pour peu que vous appréciiez son ton très manga shōnen, Ace Attoreny offre des intrigues bien écrites, bien souvent hilarantes, et quelques punchlines mémorables de ces personnages (« Vous n’êtes pas un clown, vous êtes le cirque tout entier » et l’une des répliques les plus drôles qui m’eût été donné de lire dans un jeu vidéo), et chacun des trois jeux de cette trilogie se finit sur une affaire au souffle particulièrement épique. 

Si Ace Attorney à ses défauts, ses longueurs, le troisième épisode de cette trilogie, et sa fin absolument magistrale, mérite que vous fassiez les trois jeux de la série dans l’ordre. Car Ace Attorney est un monument, souvent ignoré, du jeu vidéo japonais. 

Nos recommandations pour en profiter

La trilogie originale des Ace Attorney est sortie sur de très nombreux supports. Attention cependant, les versions smartphone et 3DS ne disposent que de la traduction anglaise. Nous vous recommandons le remake sorti l’an dernier sur PC et consoles, et qui compile les trois premiers épisodes de la série. N’importe quel PC n’ayant pas plus de 10 ans devrait faire tourner correctement le jeu, et vous pouvez y jouer comme vous voulez : avec une manette, au clavier et à la souris, voir même avec votre écran tactile. Choisissez l’option qui vous est la plus confortable.

Phoenix Wright Ace Attorney

Return of the Obra Dinn (2018) – Windows, Mac OS, PlayStation 4, Xbox One, Switch – ~17€

Lucas Pope est l’un des rares développeurs indépendants, qui à l’instar de quelques rares de ces confrères (tel que Zun et Toby Fox) composent intégralement tous les aspects des jeux vidéo qu’il développe. Lucas Pope s’est occupé de tous les aspects d’Obra Dinn : sa programmation, la composition de ces musiques, tout le travail graphique, etc. On peut légitimement qualifier Return of the Obra Dinn de jeu d’auteur. Le premier jeu de Lucas Pope, Papers, Please s’était fait remarquer par son commentaire politique fort sur les frontières. Return of the Obra Dinn se démarque totalement de ce premier jeu : plus de commentaires politiques, mais une « simple » enquête sur la disparition et la déroute d’un équipage d’un bateau de commerce anglais du XIXe siècle. En 1807, le navire anglais Obra Dinn est retrouvé vide alors qu’il devait faire escale au cap de Bonne-Espérance en 1803, chose qu’il ne fera jamais. Vous incarnez un enquêteur d’assurance qui devra enquêter sur ce qui a causé la déroute de ce bateau, pour pouvoir indemniser la famille des victimes. Il sera équipé d’une horloge lui octroyant la possibilité, lorsqu’il est en face d’un cadavre d’un passager de l’Obra Dinn, de pouvoir voir le moment de sa mort. Il ou elle (le genre du personnage est choisi aléatoirement en début de partie) pourra écouter l’environnement de la victime quelques secondes avant sa mort, puis pourra se balader dans l’environnement de la victime au moment de sa mort, dans un arrêt sur image où toute l’action et en suspension, et les protagonistes figés. À partir de cette capacité, vous devrez déterminer le sort de chaque passager de l’Obra Dinn. 

S’il y a bien une chose qui vous marquera dès le début, c’est le parti pris graphique de Lucas Pope. Un rendu monochrome et pixelisé, évoquant les rendus des microordinateurs des années 80 (le Commodore 64 et l’Apple II, en particulier). Les captures d’écran ne font pas honneur à ce visuel : en jeu le rendu est sublime, en particulier lors des séquences « d’arrêt sur image » lorsque l’on se replonge dans l’environnement des victimes au moment de leur mort. 

Le gameplay est aussi brillant qu’innovant : vous avez un carnet avec le nom de l’intégralité des passagers. Vous devez déterminer le sort de chacun d’entre eux. Au moment où vous avez fait 5 déductions justes (qui ressemblent à « Cette photo est celle du capitaine, qui a été tué par le second officier d’un coup d’épée », par exemple). Le jeu vous offre une foule d’information pour faire vos déductions, mais ne vous assiste pas. Il n’en tient qu’à vous de cogiter en exploitant toutes les informations (parfois très discrète) que le jeu vous fournit. J’ai, par exemple, souvent pu déterminer la nationalité de membre d’équipage grâce à leur accent ou leur vêtement. C’est un puzzle-gamme absolument passionnant, et jamais injuste, et il vous faudra quelques soirées pour en venir à bout. L’univers du jeu et les évènements ayant eu lieu à bord de l’Obra Dinn sont passionnants à découvrir. Sans trop vous en dévoiler, le scénario se base sur toutes les peurs que les hautes-mers dans notre imaginaire collectif : de Moby Dick à H. P. Lovecraft.

Nos recommandations pour en profiter 

Nous vous recommandons d’y jouer au Clavier et à la Souris (avec une vraie souris, et pas le trackpad de votre ordinateur portable), car il est plus simple d’utiliser l’interface de cette façon. Mais si une manette vous semble plus agréable à utiliser, vous pouvez tout à fait en brancher une. 

Tous les ordinateurs récents devraient pouvoir faire tourner le jeu, et même ceux plus anciens à condition qu’ils aient une carte graphique dédiée (et qu’ils fassent tourner des systèmes d’exploitation récents). 

Obra Dinn

Earthbound/Mother 2 (1994) – SNES, GBA, WII, WII U

Véritable légende du jeu vidéo japonais, la série des Mother a beaucoup penné à s’imposer en occident. Sorti dans une édition très couteuse au début des années 90 en Amérique du Nord, le jeu s’est vendu d’une manière confidentielle, en occident et au japon. Peut-être trop en avance sur son temps il aura fallu les années 2000 et l’avènement des logiciels d’émulation (des logiciels vous permettant de jouer à des jeux d’ancienne console sur votre ordinateur) pour que ce jeu trouve un grand public de fans. Il s’agit même de la principale source d’inspiration du jeu à succès de Lucas Pope Undertale. 

La série « Mother » (traduite aux États-Unis « Earthbound »), qui a tiré son nom de la chanson éponyme de John Lennon, est un jeu de Shigesato Itoi souvent qualifié de créateur excentrique, publicitaire, acteur, blogueur à succès et créateur occasionnel de jeu vidéo. Sa série se déroule à Eagleland, une sorte de version alternative et fantasmagorique des États-Unis, une Amérique vue par un japonais à travers sa production culturelle. Parce que Mother 2 va singer énormément des films des années 80, des films de noël qu’on a tous vu 50 fois, des roadtrips, des films de zombies, parlant de voyages temporels, des films de science-fiction de série B, mais aussi des dessins animés à destination des enfants. Ajoutez à tout ça cette pâte parfois sombre et crue qu’on de si nombreux scénario japonais, et mettez le tout dans un J-RPG et cela vous donnera un aperçu de ce qu’est Mother 2 : l’un des jeux les plus uniques qui m’est eu donné de jouer. Vous incarnez Ness, un enfant qui va devoir empêcher une invasion d’Aliens, et réunir une équipe d’autres enfants disposant de pouvoir psychique pour l’aider dans sa quête. Souvent drôle, parfois satirique, parfois violent, toujours léger, le jeu est unique en son genre. Certaines scènes du jeu montrent des situations assez dures (je pense au moment où Ness se fait attaquer par un délinquant avec un couteau, ou lorsqu’il se met à subir des attaques de policiers), mais par une écriture qui relève du génie arrivent à rendre ces situations toujours légères. C’est très étrange, mais toutes ces situations, très dure sont montrée comme surmontable et surtout des épreuves qui nous grandissent : l’approche est fondamentalement optimiste. 

Car si Mother 2 souffre de lourdeurs de gameplay — parfois difficilement excusables — c’est un jeu qui fait partie des jeux du club fermé des jeux avant tout culturels (comme ont pu l’être les deux premiers Shenmue par exemple). Car l’aura de ce jeu plane plus que jamais sur les joueurs aujourd’hui, l’une des demandes les plus présentes auprès de Nintendo, depuis 2006 est la sortie de Mother 3 en occident (alors que celui-ci n’a jamais quitté l’archipel nippon) : situation étrange pour une série qui n’a cessé d’additionner les échecs commerciaux. 

Nos recommandations pour en profiter 

Le jeu est sorti sur l’excellente réédition de la Super Nintendo Entertainment System, toujours en vente. Cette machine, développée par le studio parisien de Nintendo et compatible avec les téléviseurs modernes, est la façon idéale de découvrir ce jeu.

Vous pouvez également y jouer sur vos ordinateurs (de manière un peu plus paralégale, avons-le nous). Pour cela on vous conseille le logiciel RetroArch qui est un logiciel compilant tous les outils pour émuler les jeux d’anciennes consoles.

On vous conseillera plutôt de brancher une manette, avec, de préférence, une bonne croix directionnelle, plutôt que d’y jouer au clavier. N’oubliez pas de mapper les boutons en vous inspirant de la manette de SNES, pour laquelle le jeu a été prévu. Le logiciel Retroarch configurera correctement les boutons automatiquement dans la plupart des cas.

En ce qui concerne l’utilisation du logiciel Retroarch, on vous recommandera le cœur « BSNES » et d’y associer le shader « CRT-Royale-ntsc-254px-svideo.glslp » si vous disposez d’un ordinateur assez puissant, sinon d’utiliser le cœur « SNES9X » et d’y associer le shader « Zfast-crt.cg » (le jeu devrait alors tourner sur, à peu près, n’importe quel ordinateur).

L’émulation à un avantage : il existe de bonnes traductions françaises de Mother 2 disponible uniquement par ce biais.

earthbound-Mother-2

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