Environ 10 % du tonnage du fret maritime mondial transite par le détroit de Bab El Mandeb, entre Djibouti, où pullulent les bases militaires, et le Yémen, en prise à une guerre civile qui dure depuis plus de 10 ans.
En soutien au peuple palestinien, les houtis ont entrepris d’attaquer des navires liés à l’économie israélienne à l’aide de drones et d’embarcations sommaires. Depuis, les États-Unis ont lancé une opération militaire sans aucun mandat onusien, allant jusqu’à bombarder la capitale yéménite le 12 janvier 2024.
Opération “Gardiens de la prospérité” : quand l’impérialisme s’assume
Les moyens militaires houtis sont loin de pouvoir inquiéter réellement l’ogre américain. La réaction des États-Unis tient au risque économique que fait peser toute perturbation du trafic maritime dans la région.
En attaquant des porte-conteneurs, navires amiraux de la mondialisation, les houtis ont fait craindre un renchérissement du coup de la navigation. Les perturbations géopolitiques en Mer Rouge amènent régulièrement les transporteurs à préférer passer le Cap de Bonne Espérance, allongeant les délais et les factures.
Or, le coût du transport maritime se répercute sur la quasi-totalité des marchandises consommées en Europe et aux États-Unis. Le petit grain de sable houti dans la grande machine des chaînes de valeurs mondiales représente un grave danger pour les intérêts économiques Yankees.
À l’heure où la bourse de New-York explose ses plus hauts scores historiques, les traders parient sur une victoire rapide sur l’inflation, et donc une baisse massive des taux directeurs des banques centrales en 2024. Les marchés financiers ont très largement anticipé ce relâchement de la politique monétaire. Tout retour de l’inflation pourrait entraîner une correction sévère des marchés financiers.
Face à cette menace pour les profits, la machine d’État américaine s’est mise au service exclusif de son capital, dans la pure définition léniniste de l’impérialisme.
Au mépris de l’ensemble du droit international, les États-Unis d’Amérique ont lancé l’USS Eisenhower sur les flots de la Mer Rouge. Toute la puissance de feu de l’US Navy est mise à disposition des grands armateurs mondiaux. Le 12 janvier, les États-Unis et le Royaume-Uni ont bombardé 150 cibles sur le territoire yéménite.
Pulvérisés sur l’autel de la violence éternelle, le peuple yéménite compte plus 250 000 morts et 5 millions de réfugiés depuis le début d’une sale guerre, que les États-Unis, mais aussi la France, alimentent en signant des contrats d’armement en milliards de dollars avec l’Arabie Saoudite.
L’intérêt du grand capital, c’est la guerre au Yémen et la Pax Americana en Mer Rouge.