La IXᵉ Coupe du monde féminine de football a lieu du 20 juillet au 20 août en Nouvelle-Zélande. Plus de 156 pays ont déjà acheté à la FIFA les droits à diffuser. À un mois et demi du coup d’envoi du premier match, l’Allemagne, l’Italie, le Royaume-Uni et l’Espagne n’ont toujours pas acheté des droits de diffusion. La France, de son côté, vient de trouver un accord. Retour sur un litige qui met en péril la démocratisation du football féminin.
Un souci d’égalité ou de marché ?
Le football féminin a besoin de moyens et de visibilité pour se démocratiser. Cependant, l’organisation de la coupe du monde au milieu de l’été ne répond pas à ce besoin de visibilité. De plus, avec le décalage horaire, la diffusion des matchs se fait très tôt le matin en Europe. Les audiences risquent d’être plus faibles que pour la coupe du monde féminine de football en 2019.
Selon la FIFA, les offres de diffusion des matchs sont en dessous des offres faites pour le football masculin. En effet, les offres réalisées par les diffuseurs sont 20 à 100 % inférieures aux offres qui avaient été faites pour la diffusion de la coupe du monde masculine de football.
La FIFA a annoncé qu’elle ne céderait pas la diffusion de l’évènement à bas coût. Elle menace d’écran noir, les pays qui refusent, selon la FIFA, de faire une offre raisonnablement coûteuse pour mettre en avant le football féminin.
S’il y a une part de vérité dans les arguments de la FIFA de dire que le football féminin mérite une couverture digne, le problème réside surtout dans le fait que pour la première fois, les retransmissions de la coupe du monde féminine de football ne sont pas vendues en même temps que les éditions masculines.
La coupe du monde 2019 avait trouvé une audience considérable lors de sa diffusion, la FIFA, sous couvert d’égalité et de promotion du football féminin, s’est trouvé de nouvelles parts de marchés à exploiter en séparant les droits de diffusion pour cette édition.
En parallèle, en ce qui concerne la France, les diffuseurs français prolongent ou sont en train d’acquérir les droits de diffusions de différentes compétitions sportives plus regardées que la coupe du monde féminine de football (Tour de France, les Jeux Olympiques…).
La diffusion du sport : un enjeu de démocratisation
Qui peut dire aujourd’hui que le football féminin ne passionne pas ? En 2010 et 2011, le nombre de licenciées (joueuses, entraîneuses…) s’élevait à 90 000. Aujourd’hui, il s’élève à 220 000, soit 10% des licences totales. S’il y a encore du chemin à parcourir, il est important de noter que l’organisation de la coupe du monde de football en France en 2019 a participé à faire bondir de 20% le nombre de joueuses. Dans le même temps, les audiences sur cet événement avaient augmenté de 106% dans le monde avec plus de 18 millions de téléspectateurs.
La visibilité du sport participe à sa démocratisation, et à la création de vocations. L’absence de diffuseurs dans les nations du football, telles que le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie où l’Espagne, inquiète fortement. Si les matches ne sont pas diffusés dans ces pays où le football féminin est en fort développement, il s’agira d’un retour en arrière considérable.
La coupe du monde féminine débarque sur le service public en France !
La France a établi en 2004 une liste des événements sportifs majeurs à diffuser de manière claire et protégée. Cette liste acte l’accès gratuit aux grandes compétitions dans l’objectif de visibiliser les sports. C’est le cas de la coupe du monde masculine de football, des jeux Olympiques. La coupe du monde féminine de football en est absente.
Un accord tardif a été trouvé hier. France Télévision et M6 se partageront la diffusion des matchs avec des droits inférieurs à 10 millions d’Euros. Auparavant diffusée sur W9, la coupe du monde féminine de football fait son entrée sur le service public. Cela permettra aux citoyens et citoyennes d’accéder à la compétition.
Cependant, l’accord à moins de deux mois du coup d’envoi fait que cet événement n’est ni inscrit dans les têtes des Français et des Françaises ni dans leur agenda de l’été.