En août dernier Macron nous annonçait sa conversion écologique. « J’ai changé », nous disait-il. Difficile d’y croire vu le nombre de fois où nous avons entendu notre Jupiter déclarer son amour pour la nature sans le retranscrire dans sa politique.
Derrière ces coups marketings qu’en est-il vraiment ? Comme chaque année à partir de septembre, le gouvernement présente son projet de budget pour l’année suivante. C’est un levier majeur pour inciter (ou non) des comportements favorisant la protection de l’environnement (à l’aide des impôts, des taxes, des niches fiscales) ainsi que pour mener des politiques publiques à la hauteur des enjeux climatiques. Alors, pour 2020, Macron à la hauteur ?
Le gouvernement fait du marketing
“Beaucoup a été fait sur l’environnement. Mais la transition énergétique est une exigence absolue. Nous ferons mieux et nous ferons plus”, a promis Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, qui présentait à la presse jeudi 26 septembre le projet de loi de finances (PLF) pour 2020 avec son collègue Gérald Darmanin, ministres de l’action et des comptes publics.
Attention, le gouvernement se met au vert ! Il nous a même produit en plus de son PLF un livret de la transition écologique pour expliquer comment il compte agir concrètement pour le climat. Parmi l’arsenal écolo du gouvernement figurent le verdissement de la prime automobile à la conversion, le recentrage du crédit d’impôt transition énergétique (CITE) sur les plus modestes, l’évolution de la fiscalité sur les déchets ou un élargissement du financement de l’agriculture biologique.
Mais derrière ces quelques mesures phares, quel est le bilan environnemental global de ce PLF ?
Un nouvel outil pour évaluer l’impact environnemental du budget
Dans l’élaboration de ce budget, le gouvernement a apporté une nouveauté majeure. A présent nous disposons d’un indicateur mesurant l’impact environnemental d’un PLF. Que nous dit-il ?
L’étude de l’Institut de l’Economie pour le Climat (IEC) a permis d’identifier 250 mesures dans le budget qui influencent à la hausse ou à la baisse les émissions françaises de gaz à effet de serre. Celles favorables (énergies renouvelables, mobilités durables, recherches, rénovation thermique) représentent 20 milliards d’euros. Celles défavorables (niche fiscale sur le gazole non-routier, niche fiscale sur le carburant des poids lourds, niche fiscale sur l’aviation) pèsent 17 milliards d’euros.
Un budget qui ne répond pas aux enjeux climatiques et sociaux
Evidemment le gouvernement préfère voir le verre à moitié rempli. Cependant lorsqu’il s’agit de climat, on ne peut pas se permettre de financer à hauteur de 17 milliards des mesures qui contribuent au réchauffement climatique.
Autre point inquiétant, le ministère de la Transition écologique et solidaire est l’un des portefeuilles qui va connaître les plus importantes coupes en termes d’effectifs. 1769 postes seront supprimés en 2020 (1,8% de ses effectifs) ; 4961 en tout (5% de ses effectifs) d’ici 2022 et la fin du quinquennat Macron. Le ministère voit ses financements augmenter de 830 millions d’une part pendant que le gouvernement l’empêche de retranscrire ses politiques dans la réalité à l’aide de services suffisamment nombreux et efficaces.
Le PLF n’est pas à la hauteur des enjeux et en plus il continue de faire porter la charge de la transition sur les épaules des plus modestes alors même qu’ils polluent moins que la bourgeoisie. Une annexe budgétaire sur le financement des mesures de fiscalité verte précitées rappelle notamment que les 20 % des ménages les plus pauvres en France ont payé 715 euros de fiscalité énergétique en moyenne en 2019 (4,6% de leurs revenus), contre 1 145 euros en moyenne pour les 20 % plus aisés (1,1% de leurs revenus).
A l’heure où les rapports du GIEC deviennent de plus en plus alarmant, où l’urgence est telle que nous ne sommes pas certains de pouvoir limiter le réchauffement à 1.5 degré, le gouvernement se satisfait de mesurettes pour teindre sa politique de vert. Déjà l’année dernière l’IEC démontrait qu’il manquait 20 milliards pour la transition écologique. Pour le PLF 2020 nous sommes encore loin du compte. Non, décidément, Macron n’a pas changé.