Cela fait un mois que la dernière phase d’admission de Parcoursup a pris fin. L’année 2021 était la quatrième année d’existence de la plateforme. Cette année, 931 000 candidats, lycéen.ne et étudiant.e.s en réorientation, ont tenté leur chance sur la plateforme auprès de 19 500 formations, dont plus de 6 000 en apprentissage.
91 000 candidats sans proposition de formation
En 2021, ce sont 590 000 bacheliers qui ont reçu au moins une proposition d’admission (93% des candidat.e.s) et 82 % en ont accepté une.
Cette année encore le calendrier comptait deux grands moments d’admission pour les lycéen.ne.s : la phase principale d’admission et la phase complémentaire. 78,3 % des lycéen.ne.s diplômés du bac 2021 ont reçu une proposition uniquement en phase principale.
La phase complémentaire n’a donc pas été synonyme d’espoir pour les lycéen.ne.s n’ayant pas reçu la proposition de leur choix durant la phase principale.
Le parcours du combattant des lycéens professionnels
En moyenne, les lycéen.ne.s en bac général ont reçu 5 propositions acceptées lors de la phase principale, 4 chez les lycéens en bac technologique et 2 chez les lycéens pro.
Ce fut d’ailleurs le coup dur pour nombre de lycéens pro qui se sont vu refuser assez largement leur entrée en licence. Seulement 13% des vœux de licence formulés par des lycéens de bac pro ont été acceptés contre 48% chez les généraux. 10% des bacheliers professionnels ayant formulé des vœux n’ont reçu que des refus.
L’inégalité entre lycéens pro et lycéens généraux est aussi visible sur les temps de réponses : le premier jour de la phase d’admission, 65% des lycéens généraux ont reçu une réponse, contre 43% des lycéens technos et 35% des lycéens professionnels. En moyenne, les bacheliers généraux ont attendu moins de quatre jours pour avoir une réponse, contre sept pour les technologiques et presque neuf pour les professionnels.
Inégalité de traitement des dossiers en fonction des notes
Les inégalités scolaires entre élèves issus de classe populaire et élèves issus de classe bourgeoise sont connues depuis longtemps des sociologues de l’éducation. La France compte parmi les pays européens où les inégalités sociales de résultats scolaires sont les plus fortes. Ces inégalités ont depuis longtemps des incidences sur l’orientation des élèves.
Cette édition de Parcoursup 2021 l’a particulièrement bien montré puisque les “meilleurs” élèves ont su beaucoup plus rapidement dans quelle formation ils se retrouveraient cette année. Aussi, on sait que 58% des lycéens qui allaient avoir les félicitations du jury au bac ont accepté une formation dès le premier jour de la phase d’admission, contre 49% des futurs mentions “très bien”, 39% des mentions “bien”, 24% des mentions “assez bien” et 15% des sans mention. De plus, le 10 juin 2021, 90% de ceux qui ont reçu les félicitations du jury savaient où ils allaient étudier en septembre. Ce taux a été atteint le 17 juin pour les mentions “très bien”, le 27 juin pour les mentions “bien”, le 11 juillet pour les mentions “assez bien” et le 4 août pour les sans mention.
Des chiffres qui nous montrent que les élèves issus de la bourgeoisie (les mieux notés) ont pu s’abstenir plus facilement du stress et des déceptions que représente toute la procédure Parcoursup. Cette facilité peut aisément s’expliquer de deux façons : un taux de vœux acceptés plus haut laissant plus de choix, ou alors une orientation déjà bien réfléchie dû au contexte socio-culturel de leur foyer.
La plateforme jugée opaque, lente, stressante
Premièrement, l’étude de l’institut IPSOS réalisée du 7 au 10 septembre 2021, nous révèle les sources principales d’informations des élèves de terminale concernant leur choix d’orientation ou les questions qu’ils ont eu concernant le fonctionnement de Parcoursup. Et c’est auprès de leur famille (79%) ainsi que de leur professeur principal (60%) que les élèves ont cherché à échanger à propos de leur orientation postbac.
Même si cette année beaucoup de journées d’immersion des établissements supérieurs n’ont pas pu tenir, compte tenu de la crise sanitaire, ces chiffres révèlent un dysfonctionnement des outils d’aide à l’orientation prioritaire que sont les PsyEn et les centres CIO (centre d’information et d’orientation). Cette année encore, les élèves se sont appuyés sur leur ressources propres, leur familles et proches, et leur professeurs principaux. Des interlocuteurs qui ne sont en rien formés pour conseiller sur l’orientation post bac des lycéens.
De plus, environ 7 candidats sur 10 déclarent avoir été accompagnés dans leur lycée lors de l’inscription et la création de leur dossier ainsi qu’au moment de la formulation et de la confirmation de leurs vœux, et ceci globalement pendant les heures passées au lycée. Si ce chiffre n’est pas catastrophique, il témoigne encore que l’accompagnement d’accès à la plateforme n’est pas systématique et que 3 élèves sur 10 se sont retrouvés perdus lors de leur inscription Parcoursup.
L’étude nous montre que les élèves sont très partagés sur les effets de cet accompagnement : la moitié déclare que la plateforme ne leur a pas permis de gagner en autonomie ou donné l’occasion de rechercher des formations auxquelles ils n’avaient pas pensé auparavant.
Un flou qui se perpétue pendant la phase d’admission, puisque seulement 48% des lycéens déclarent avoir été accompagnés.
Aussi, si la plateforme est très appréciée des lycéens pour sa facilité d’utilisation et sa grande précision dans la description des formations, la moitié des lycéens interrogé.e.s la considèrent peu transparente par rapport aux décisions de refus, et assez lente. Dans ce cadre là, les élèves sont 82% à déclarer la procédure stressante.
Un bilan toujours insuffisant et excluant
Il n’est toujours pas prévu de temps d’orientation conséquents, personnalisés et effectués par des professionnels. Beaucoup trop de bacheliers n’ont pas de proposition de formation. Cette année, ce sont encore des milliers d’élèves qui se sont retrouvés sans rien, encore des milliers qui n’ont pas eu d’autre choix que de prendre une voie qui ne leur convenait pas, et encore des milliers contraints d’abandonner la plateforme avant même la fin de la phase complémentaire.
La jeunesse est l’avenir de notre pays, et il n’est pas normal qu’elle doivent renoncer à ses aspirations professionnelles ou de formations à cause de mesures d’austérités et de tri social.