Le 28 juin dernier, Jean Michel Blanquer a fait connaître son projet d’apporter de nouvelles modifications au Bac, seulement quelques jours avant l’annonce des résultats du Bac pour les millions de lycéens qui l’ont passé cette année.
LA FIN DES E3C
Jean-Michel Blanquer a annoncé vouloir apporter des changements aux épreuves du Bac en contrôle continu. Si la part de contrôle continu dans le calcul des points du Bac ne diminue pas (elle reste à 40%), les épreuves E3C seraient supprimées.
Les épreuves E3C sont des épreuves ponctuelles qui rythment l’année et qui évaluent les élèves sur les enseignements suivants : histoire-géographie, enseignement scientifique, la spécialité suivie uniquement en 1ère, les 2 langues vivantes et l’EPS.
C’est à la charge des établissements d’organiser ces épreuves, de décider le calendrier et les sujets, choisis dans une banque nationale de sujets. Les épreuves écrites des E3C sont anonymisées et les copies ne sont pas corrigées par les enseignants de la classe. Dans le calcul des points du baccalauréat en contrôle continu (40% de la note finale), les E3C représentent 30% et la moyenne annuelle des bulletins de notes 10%.
L’idée de Jean Michel Blanquer est de regrouper ces deux évaluations afin de “consolider le baccalauréat dans sa formule actuelle, en passant d’une logique d’évaluation commune à une logique de contrôle continu plein et entier”.
C’est donc mettre un terme aux épreuves communes ; c’est la moyenne des élèves qui comptera comme note du bac. Seules les épreuves terminales restent au programme, et le reste de la note du bac dépend en totalité des notes obtenues par les élèves au cours de l’année.
De plus, chaque matière n’aura pas le même coefficient. La spécialité abandonnée en première aura un coefficient 8, contre 6 pour les cinq matières du tronc commun (3 en première et 3 en terminale, pour un total de 30). L’enseignement moral et civique (EMC) complètera avec un coefficient 2 (1 en première, 1 en terminale).
Les options seront valorisées : dans la nouvelle version du Bac Blanquer, les élèves pourront choisir de comptabiliser les notes de plus de deux options dans leur notes finales du bac.
Les élèves pourront présenter jusqu’à 4 options au bac, là où avant, ils ne pouvaient en présenter que 2. Elles auront droit à nouvelle formule de notation. Leur coefficient ne sera pas pris en compte dans le coefficient total du Bac (100) mais sera ajouté à celui-ci.
UNE CONTINUITÉ DANS LA CASSE DU DIPLÔME NATIONAL…
Les syndicats s’accordent, cette annonce de modification du BAC n’est en aucun cas une réponse convenable aux problématiques que les enseignants de l’enseignement secondaire ont dû affronter ces deux dernières années avec la crise sanitaire et l’application du Bac Blanquer.
Encore une fois, notre ministre organise la casse de ce qu’il reste de diplôme national dans le baccalauréat. Supprimer les E3C, c’est d’abord mettre les établissements en concurrence entre eux en matière de réputation, de professeurs… car c’est faire reposer la note finale du bac de tous les élèves sur des évaluations propres à chaque professeurs.
On pourra donc d’autant plus attendre que les professeurs aient à subir des pressions de la part des établissements en ce qui concerne l’obtention de diplôme, et donc une dévalorisation du niveau global au profit de taux de réussite favorable. Et d’un autre côté, cela favorise aussi la discrimination d’élèves par la note en fonction des a priori des professeurs sur leur propres élèves.
On nous parle aussi d’un contrôle continu “plus souple” ; un terme flou que chaque professeur interprétera donc comme il veut.
En décidant de supprimer tout bonnement les épreuves E3C, le ministre fait le choix de réduire toujours plus le nombre d’épreuves passées avec des banques de sujets nationaux, et avec une anonymisation des copies.
De plus, les inégalités entre élèves se feront d’autant plus sentir puisque tous les lycées n’offrent pas toutes les options, alors même que ce nouveau bac favorise la prise du plus d’options possible.
Ainsi, après l’obtention du BAC, Parcoursup aura d’autant plus de critères de sélection des élèves à l’entrée de l’université, en fonction des options qu’un élève aura eu la possibilité de prendre ou non.
Un communiqué intersyndical déclare “l’attachement à un baccalauréat national, avec des épreuves nationales, terminales et anonymes, seule organisation des examens gage d’égalité entre les élèves”.
On peut donc s’attendre dès la rentrée à une réaction des enseignants et des autres personnels.