Rendre enfin effective l’éducation à la vie sexuelle et affective 

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Rendre enfin effective l’éducation à la vie sexuelle et affective 

Depuis 2001, l’éducation sexuelle est inscrite dans les programmes scolaires. Toutes les écoles, les collèges et les lycées ont l’obligation de dispenser au moins trois séances annuelles afin d’offrir aux élèves un minimum de 21 séances, adaptées à leur âge et à leur développement.

Cette éducation doit permettre aux jeunes d’entrer plus sereinement dans la vie affective et sexuelle et de prévenir les violences sexistes et sexuelles. Pourtant, 23 ans après son adoption, cette loi est loin d’être correctement appliquée. 

Selon une enquête de l’association féministe NousToutes, en 2022, moins de 15 % des jeunes avaient eu accès à ces séances. En moyenne, les jeunes ayant fini leur scolarité n’en avaient reçu que 2,7. Ces chiffres doivent nous alerter quand on sait que parmi les 12 à 24 ans, 9 jeunes femmes sur 10 ayant déjà été en couple ont subi des violences physiques, psychologiques ou sexuelles au sein de leur relation. 

Les rapports non-protégés en hausse 

Sur le plan de la santé physique, la transmission d’IST est à la hausse, particulièrement chez les jeunes. Entre 2017 et 2019, on observe une augmentation de 41 % de diagnostics d’infections à la chlamydia chez les femmes âgées de 15 à 24 ans et de 45 % chez les hommes de 15 à 29 ans. Enfin, selon l’OMS, près d’un tiers des adolescents (30 %) déclarent n’avoir utilisé ni préservatif ni pilule contraceptive lors de leur dernier rapport sexuel.

Un programme ambitieux, mais sans moyens ?

Afin de « demander l’application pleine et entière de la loi de 2001 », SOS Homophobie, Sidaction et le Planning Familial avaient porté plainte contre l’État en mars 2023.

Un an plus tard, le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse a proposé un nouveau programme éducatif applicable dès la rentrée 2024. Ce programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (EVARS) vise à promouvoir les relations affectives saines, le consentement, la tolérance à l’égard des orientations sexuelles et des minorités de genre et la lutte contre les inégalités. Jusque-là, rien de neuf. 

En revanche, le programme semble mieux détailler que ces prédécesseurs quels sont les objectifs des séances à chaque niveau. 

Par exemple, en maternelle, le programme est axé sur l’éducation à la vie affective et relationnelle. C’est l’occasion d’apprendre aux petits à “connaître son corps”, “comprendre ce qu’est l’intimité” ou encore comment identifier les adultes de confiance et faire appel à eux. Il s’agit de construire les notions d’intimité et de consentement. Cela peut permettre libérer la parole des enfants autour de l’inceste ou des agressions pédophiles. Il pourrait aussi réduire les cas d’attouchements entre enfants, plus courant qu’on veut bien le croire et qui passent souvent sous les radars des professeurs. 

Au lycée, le programme invite les élèves à étudier plus profondément la question du consentement ou des violences sexistes et sexuelles. Bien sûr, ces questions n’excluant pas l’éducation autour de la reproduction, des grossesses non désirées et des IST.

L’éducation pour lutter contre les violences 

Ce mardi 10 septembre, le Conseil économique, social et environnemental a tenu une plénière présentant son rapport sur le sujet.

Espérons que ce nouveau programme soit l’occasion d’enfin former un personnel éducatif spécifique et de mettre en place un budget à la hauteur de son ambition. Les associations s’accordent également sur la nécessité d’un investissement d’un milliard d’euros dans la lutte contre les violences faites aux femmes. 

L’éducation est un levier essentiel pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles à leurs racines.


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