Rappel : comment Macron a participé à l’établissement illégal d’Uber en France 

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Rappel : comment Macron a participé à l’établissement illégal d’Uber en France 

Le scandale des Uber-files

Le 10 juillet 2022, le journal Le Monde publie les “Uber-files”. Des documents internes à Uber qui montrent comment, entre 2014 et 2016, alors ministre de l’Économie de Manuel Valls, Emmanuel Macron a œuvré en coulisse pour la société de VTC, malgré l’hostilité du gouvernement de l’époque. 

En infiltré au sein d’un gouvernement socialiste en perdition idéologique, l’énarque joue un véritable rôle de VRP pour la société américaine. Férue de longue date des pratiques de lobbying les plus crasses, Emmanuel Macron conseille même à Uber de transmettre des amendements « clés en main » à des députés amis. 

En octobre 2014, la crise des taxis fait rage : les chauffeurs protestent contre la concurrence déloyale d’Uber. Le gouvernement de Manuel Valls réagit avec la loi Thévenoud qui tente d’endiguer cette crise en encadrant plus strictement le transport particulier de personnes, avec les résultats que l’on connaît. En parallèle, au sein du même gouvernement, Emmanuel Macron « s’excuse presque » de l’entrée en vigueur de cette loi, d’après un compte rendu du rendez-vous écrit par le lobbyiste d’Uber Mark MacGann.

Fierté et indécence crasse

Face aux vives et légitimes réactions qui ont suivi ces révélations, Emmanuel Macron, devenu président de la République, avait réagi face au fait accompli en jouant la carte de “l’honnêteté” face à l’indécence : « Je le referai demain et après-demain », « Je l’assume à fond. Cela a toujours été officiel, avec des collaborateurs. J’en suis fier » avait-il déclaré en juillet 2022.

Nous ne rêvons pas : le président de la République française “ assume à fond “ et est “ fier ” d’avoir fait passer les intérêts d’une société privée américaine devant celui des travailleurs français. D’abord de ceux qui subissent la société en tant que concurrente tricheuse, mais aussi et surtout tous les travailleurs qui la subissent en tant que violente exploitante, ceux que l’on appelle les “ubérisés”. Ce sont enfin les intérêts de la nation française dans son ensemble, et de tous les citoyens qui la composent, qu’Emmanuel Macron vendra au lobby de ses amis d’Uber. 

Une enquête accablante

Face à ces révélations, une commission d’enquête sera initiée le 11 juillet 2022 à l’Assemblée nationale pour approfondir l’enquête. 60 auditions organisées, près de 120 personnes interrogées. Parmi elles : trois premiers ministres, ministres et parlementaires, dirigeants passés et actuels d’Uber, ainsi que de nombreuses plateformes de VTC, livraisons et mises en relation, mais aussi experts et représentants de la société civile. Après un an de travaux, un rapport est rendu en mai 2023, démontrant de façon accablante comment Emmanuel Macron a été, depuis Bercy, plus qu’un soutien, quasiment un partenaire dans l’établissement ouvertement illégal d’Uber en France. 

Ce rapport révèle, dans la continuité des Uber-Files que, pour s’implanter en France, Uber a ouvertement violé les règles du transport particulier de personnes, en adoptant une stratégie d’évasion fiscale agressive, en recourant au travail dissimulé, en échappant au versement des cotisations sociales et en se soustrayant sciemment aux contrôles des autorités. 

La bête libérale jamais rassasiée 

Face à ces faits de trahison de la part du défenseur de la bourgeoisie libérale qu’est Emmanuel Macron, à l’encontre des travailleurs français d’abord, mais de la nation française tout entière, l’on pourrait penser que ces traîtres se seraient maintenant faits plus discrets. 

Que nenni ! En décembre 2023, Emmanuel Macron a grandement participé à saborder la directive européenne sur la protection des travailleurs des plateformes en rassemblant derrière lui et derrière les intérêts de ses amis d’Uber, une minorité de blocage au Parlement européen. 

Un accord prévu pour mieux protéger les travailleurs des plateformes a toutefois été trouvé ce mois-ci au Parlement Européen. Ce texte oblige les États à créer une présomption légale et réfutable de salariat pour les travailleurs des plates-formes. La victoire est à nuancer : les Etats restent d’en définir les conditions. Nous ne pouvons que nous interroger sur le rôle que joueront les lobbys de ces mêmes plateformes dans l’élaboration de ces conditions d’application en France. 

La bourgeoisie libérale et ses défenseurs n’ont jamais été et ne seront jamais les alliés des travailleurs de France comme d’ailleurs. Le seul doute persistant est de savoir jusqu’où ils iront dans leur indécence fièrement assumée. Jusqu’où iront-ils dans la casse de nos services publics et de nos conditions de travail ?

Jusqu’à quand les intérêts des multinationales continueront-ils de passer avant ceux des travailleurs, des étudiants et des retraités ? 


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