La rentrée 2024 a coûté aux étudiantes et aux étudiants environ 3157 euros, soit 630 euros de plus qu’en 2022, dont le montant avait déjà augmenté de 7,4 % par rapport aux années précédentes. Depuis, les étudiants subissent le poids de l’inflation au détriment de leur santé et de leur réussite scolaire.
C’est ce qu’atteste le dernier baromètre de la précarité étudiante réalisé par l’organisation la FAGE, publié le 19 février dernier.
Manger à sa faim est un luxe
Si les conditions de vie des étudiants sont souvent précaires, il est désormais possible de constater l’appauvrissement de jeunes dont la situation est devenue misérable sans pour autant que les aides sociales parviennent à enrayer cette tendance. Sur l’échantillon d’étudiants interrogés, bénéficiaires de l’AGORAé (épiceries solidaires réservées aux étudiants), 66 % sautent des repas dans la semaine, plus de quatre pour près de la moitié de ceux-ci. Pour la quasi-totalité d’entre eux, ce sont des raisons financières qui motivent ces privations.
Dans les faits, c’est près d’un étudiant sur cinq qui ne mange pas à sa faim en raison du manque d’argent (86 %), du manque d’offre et de temps. L’absence d’une nutrition décente chez ces jeunes nous pose de nombreuses questions quant à leur santé, à leur capacité à suivre leurs études dans des conditions adéquates et enfin à la place que notre société souhaite leur offrir. Évidemment, l’inflation joue un rôle significatif concernant ce sujet. 92 % des étudiants interrogés sont atteints par les contrecoups de cette dernière, parmi lesquels plus des trois quarts les ressentent tout particulièrement dans leurs habitudes alimentaires.
Les statistiques relevées inquiètent les organisations de jeunesse, qui appellent à de drastiques changements, notamment à revoir les conditions de l’attribution des bourses.
Une vie étudiante gangrenée par la précarité
Les bourses sont attribuées sur la base de critères sociaux et ne permettent pas de répondre à la crise de pauvreté que subissent les étudiants. 63 % des étudiants interrogés,bénéficiant de l’AGORAé, ne sont titulaires d’aucune bourse d’étude et 60 % d’entre eux n’ont pas de logement CROUS. À cela s’ajoute le fait qu’un quart déclare ne pas avoir accès aux APL. Ces étudiants ne reçoivent pas l’aide dont ils ont besoin pour vivre convenablement et sont souvent, par conséquent, contraints de travailler en parallèle de leurs études.
En 2021, 40 % des étudiants travaillaient à côté de leurs études. Bien souvent, il ne s’agit que d’un travail alimentaire qui, pour 88 % des jeunes interrogés, constitue leur principale ressource financière. Pourtant, occuper un emploi à côté de ses études reste préjudiciable vis-à-vis de la réussite scolaire. Plus de deux tiers de ces étudiants ressentent l’impact négatif que cela entraîne sur leurs études. Le salariat reste aujourd’hui la première cause d’échec à l’université en France.
Pour que les étudiants puissent ne plus avoir à choisir entre la faim et l’emploi à côté de leur scolarité, l’Union des étudiant.e.s communistes propose la mise en place d’un revenu étudiant qui serait financé par les cotisations sociales et dont le montant serait au-dessus du seuil de pauvreté.
La précarité de cette jeunesse s’éprouve également dans la santé. Relayée au second plan, 40 % des bénéficiaires de l’épicerie solidaire renoncent aux soins, dont la moitié à cause du manque d’argent et pour près d’un quart, du fait du manque de professionnels de santé.
En parallèle de ce constat général, la loi de finances de 2025 a réduit le budget consacré à l’enseignement supérieur d’un milliard d’euros. 60 universités sur 75 ont voté un budget en déficit et 30 000 places en licence et en master ont été supprimées pour la rentrée à venir.
L’accompagnement des étudiants, tant au niveau scolaire que médical et financier, est aujourd’hui amplement insuffisant. Il provoque un accroissement du stress chez les jeunes qui redoutent pour leurs études et leur avenir.