Depuis le 1er janvier 2021, la vaccination contre le papillomavirus est accessible aux hommes. Cette ouverture vaccinale, réclamée depuis longtemps, représente un enjeu de santé publique majeur pour les femmes. En effet, ce virus est la cause quasi-exclusive des cancers du col de l’utérus.
Le papillomavirus, un virus cancérigène
Les papillomavirus humains (HPV) sont une famille du virus qui regroupe près de 200 souches dont certaines sont responsables de cancers.
Ces virus sont transmis par simple contact au niveau des parties génitales. Il n’existe pas à ce jour de protection contre ces infections, ce qui fait du papillomavirus l’infection sexuellement transmissible la plus fréquente. En effet, presque 80% des femmes et des hommes présenteront un jour une infection à ce virus.
Si, la plupart du temps, l’infection est asymptomatique et le virus éliminé par les défenses immunitaires, il arrive qu’elle persiste et évolue pour aboutir à des verrues génitales ou des cancers.
Le papillomavirus est ainsi responsable de plus de 6000 cancers par an dont la moitié sont des cancers du col de l’utérus. Les autres localisations possibles sont l’anus, la vulve, le vagin, le pénis, l’oropharynx, le larynx et la cavité buccale. Plus de 75% de ces cancers concernent les femmes.
Un vaccin presque 100% efficace
Depuis 2007, un vaccin contre les principales souches cancérigènes est accessible aux femmes et aux hommes homosexuels en France. Ce vaccin a une efficacité proche de 100% s’il est pratiqué avant la première exposition aux HPV (donc avant le début de la vie sexuelle).
En 2018, la couverture vaccinale en France n’était que de 24% chez les femmes et 15% chez les hommes contre un objectif national fixé à 60%. De nombreuses associations de patientes et des professionnels de santé réclamaient donc l’élargissement de l’indication vaccinale dans une optique de santé publique.
Au 1er janvier 2021, ce vaccin est également recommandé pour tous les hommes de 11 à 14 ans avec un rattrapage possible jusqu’à 19 ans.
Un élargissement vaccinal bénéfique aux hommes et aux femmes
Les hommes sont des vecteurs importants du papillomavirus. S’ils sont moins touchés que les femmes par les effets du HPV, les hommes participent amplement à la propagation du virus.
La vaccination des hommes contre le papillomavirus est donc bénéfique à plusieurs égards. Premièrement, elle permet de les protéger directement contre les cancers induits par le papillomavirus. Deuxièmement, elle participe à protéger toute la population, et surtout les femmes non vaccinées, en limitant la transmission et donc la circulation du virus.
Des résultats internationaux encourageants
Les résultats de l’ouverture vaccinale à l’étranger ont confirmé ces bénéfices.
Une étude suédoise parue en 2020 dans The New England Journal of Medicine a statistiquement démontré une diminution du risque de cancer invasif du col de l’utérus chez les femmes vaccinées (HPV Vaccination and the Risk of Invasive Cervical Cancer, Lei et al., 2020).
En Australie, où l’indication vaccinale est étendue aux hommes depuis 2013, une étude a montré que les infections HPV responsables de cancers du col de l’utérus sont passées de plus de 25% à presque 5% en 10 ans avec une couverture vaccinale de 78% (The impact of 10 years of human papillomavirus (HPV) vaccination in Australia: what additional disease burden will a nonavalent vaccine prevent? Patel et al., 2018).
Enfin, une méta-analyse regroupant les résultats de 65 études provenant de 14 pays a mis en évidence une diminution des infections à HPV ainsi qu’une réduction de l’apparition de verrues ano-génitales, et de lésions pré-cancéreuse après une vaccination contre le papillomavirus (Population-level impact and herd effects following the introduction of human papillomavirus vaccination programmes: updated systematic review and meta-analysis, Drolet et al., 2019).
La nécessité de politique de santé publique engagée
Cependant, ces résultats ne peuvent s’obtenir que par la pratique d’une politique vaccinale engagée où la prévention est au cœur des enjeux de santé publique.
Il ne suffit pas d’élargir l’indication vaccinale, mais il faut mettre en œuvre les moyens nécessaires à une vaccination de masse. Ce vaccin devrait donc être obligatoire et gratuit. Des campagnes de vaccination à grande échelle devraient être organisées pour permettre une couverture vaccinale suffisante.
Ainsi, une politique de santé publique bien menée permettrait non seulement de réduire les incidences et la mortalité des cancers HPV induits mais surtout d’envisager l’éradication du cancer du col de l’utérus.