« Il y a des décennies où rien ne se passe, et il y a des semaines où des décennies se produisent ». Lénine avait des mots justes. Si les prochaines semaines se déroulent comme cette journée du 12 juin 2024, nous aurons tous vieilli de 30 ans dans un mois. Des purges à droite et l’élaboration de l’unité à gauche : voici le menu de cette première chronique du Front populaire.
Ciotti se prend une droite républicaine
La cavale a pris fin hier dans l’après-midi, au siège du parti. Eric Ciotti, le mal nommé président des Républicains, a déclenché un tollé dans son propre camp en annonçant des négociations avec le Rassemblement national. La pilule n’est pas passée auprès des barons de LR, qui ont vivement et massivement dénoncé cette aventure douteuse, bien que peu surprenante.
Bon nombre ont exigé la démission de leur traître de chef qui, dans un ultime élan de désinvolture, s’est barricadé au siège des Républicains. La fin de l’histoire mériterait un film. Chose rare, on a vu Valérie Pécresse se retrousser les manches, quelques minutes avant l’annonce fatale : Eric Ciotti ne fait plus partie des Républicains. Une question demeure : était-il fièrement installé à son bureau, affrontant son destin ? Ou, plus vraisemblablement, enfermé dans les toilettes ? Quoi qu’il en soit, les Républicains ont tiré la chasse, et c’est tant mieux.
Maréchal, vous revoilà !
Fraîchement élue députée européenne, la tête de liste de Reconquête a, elle aussi, émis le souhait de travailler avec le Rassemblement national. En pleine conférence de presse, l’annonce avait provoqué une réaction mémorable de Zemmour, qui ne s’y attendait visiblement pas. Quoi qu’il en soit, les rencontres ont eu lieu, et ont été infructueuses. Maréchal, revenue bredouille, en a fait porter la responsabilité à son chef qui, susceptible, l’a immédiatement exclue, se sentant “trahi”.
L’extrême droite semble décidément avoir du mal avec la loyauté. Une question se pose tout de même : depuis quand le retour au bercail, pour ne pas dire en famille, de Marion Maréchal était-il prémédité ?
Habemus unitatem : bientôt un accord décisif à gauche ?
Immédiatement au soir des élections européennes, les partis de gauche avaient affirmé leur volonté d’union sous la bannière d’un nouveau Front populaire. Décision salutaire, nécessaire face au danger que représente une potentielle arrivée de l’extrême droite à Matignon. Mais l’union est un combat : les négociations ont duré deux jours avant de confirmer un accord, et durent depuis hier pour ajuster la répartition des circonscriptions entre partis. Côté terrain, les équipes militantes ont déjà commencé à travailler sur des activités unitaires, diffusions, rassemblements, pour convaincre de la nécessité d’une victoire à gauche. Il n’y a plus qu’à !