Nouveaux monopoles et contrôle des données : le cas Uber eats

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Nouveaux monopoles et contrôle des données : le cas Uber eats

Les entreprises de plateforme (uber, amazon, etc) sont devenues extrêmement puissantes et influentes. Leur situation de quasi-monopole (c’est-à-dire d’être les seuls à proposer un bien ou un service donné) leur permettent d’exercer un pouvoir de marché. Elles peuvent ainsi décider des prix des biens qu’ils proposent et des conditions de travail de ceux qui y sont employés.

Le monopole, objectif de tout capitaliste

La situation de monopole est idéale pour les capitalistes : il s’agit du cas de figure où ces derniers peuvent maximiser leur profit. Ils peuvent alors exploiter toujours plus la plus-value de leurs travailleurs, car il s’agit d’une main d’œuvre qui peut encore moins changer de travail : pour certains spécialisés dans un métier spécifique, leur travail peut ne pas exister en dehors de l’entreprise détenant le monopole. Cette dernière étant par ailleurs la seule à proposer un bien ou un service, elle peut en décider le prix.

Ce pouvoir de marché inspire la comparaison avec les monopoles classiques de la fin du XIXe et du début du XXe siècles qu’a analysés Lénine. Cependant, l’Histoire ne saurait se répéter, et étant issu de processus de formation différents, les monopoles plus récents ne sont pas exactement semblables à ceux du XIXème siècle.

Ce qui les distingue, c’est la manière dont les entreprises de plateforme parviennent à dominer le marché : leur objectif n’est pas tant la propriété directe que le contrôle. Ubereats exerce un contrôle plus profond en raison de la manière dont les données et les algorithmes structurent les règles et les paramètres d’action des participants sur la plateforme. Les conditions d’interaction entre travailleurs et employeurs sont, elles aussi, soumises à un contrôle fin.

Ainsi, la plateforme incite les travailleurs à se mettre dans une situation d’auto-entreprenariat, ce qui ne les place pas théoriquement sous son contrôle. Mais l’algorithme est fait de telle sorte à ce que le contrôle exercé soit réel : la réponse rapide aux commandes est contrainte, le temps de repos limité, etc.

L’histoire du monopole Uber Eats

Le marché de la livraison à domicile apparaît en France à la fin des années 2000 avec l’entreprise Allo resto (maintenant renommé just eat), rejoint par Deliveroo et Take Eat Easy en 2013 et Foodora en 2015. Quand Uber se lance dans la course en 2016, le marché est divisé entre cinq entités. La bataille est donc engagée, pour savoir quel groupe capitaliste remportera le pactole d’un marché estimé 10,3 milliards de dollars en France, soit 20 % du marché de la restauration en général.

Huit ans plus tard, ils ne sont plus que trois. Take Eat Easy a annoncé le mardi 26 juillet 2016 avoir été placée en redressement judiciaire. En août 2018, sous la pression de la concurrence, Foodora a décidé de se retirer du marché français et cesse son activité. Enfin, fin janvier 2024, le groupe anglo-néerlandais Just Eat Takeaway a proposé de mettre un terme aux activités de leur groupe à Paris, décision qui impacte « une centaine de salariés ».

La concurrence est rude entre capitalistes et les entreprises n’ayant pas su se démarquer (par des prix plus bas notamment) font faillite.


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