Missak Manouchian et ses camarades du groupe FTP-MOI n’étaient pas nés en France, mais ils ont permis au pays de rester debout. Aujourd’hui, ces résistants communistes, étrangers, entrent au Panthéon, et avec eux, quelques leçons.
Avec Manouchian, nous nous souvenons que la nation est avant tout un projet politique, un contrat. Ce n’est pas qu’une question de frontière ni de nationalité comme le prétendent les cadres du Rassemblement National, défenseurs d’une vision racialiste et ethnique de la nation. Pour eux, nous faisons partie de la nation si et seulement si, nous, nos parents et leurs parents avant eux, sommes nés du bon côté de la frontière. Une vision extrêmement pauvre d’une France déclinante. Une petite France. En divisant, les nationalistes se coupent de toute une partie de la nation, pour la détruire quelque part.
Au contraire, la France, la nation de Manouchian, c’est celle qui rassemble les êtres humains d’accord avec trois principes : liberté, égalité, fraternité. Ces valeurs ne se décrètent pas ou ne sont pas à prendre comme acquises, il faut les faire vivre. C’est à ça que servent les services publics, école républicaine en tête. La nation, ce sont les services publics. Les libéraux qui s’y attaquent détruisent, eux aussi, une partie de la France.
Une nation où tout le monde trouve sa place, c’est aussi une nation sans exploitation. C’est probablement ce qu’il y a de plus frais dans l’héritage de Manouchian et du CNR, c’est ce qu’il reste à construire. C’est l’avenir de la nation française. Débarrasser la France et particulièrement le travail de l’exploitation, c’est faire la devise du pays 2.0. Comment parler de liberté dans le travail capitaliste ? Puisque finalement, on est juste libre – lorsqu’on en a la chance – de choisir quel patron va nous exploiter. Quelle égalité dans le travail capitaliste ? Puisque la majorité travaille, et une minorité vit du travail des autres. Quelle fraternité dans le travail capitaliste ? Puisque la concurrence entre les travailleurs est sciemment organisée.
Défendons les services publics, débarrassons le travail du capitalisme, c’est le meilleur hommage que nous puissions rendre à Manouchian. Aujourd’hui Missak Manouchian entre au Panthéon, demain, nous continuerons la France.