Journalistes, observateurs indépendants, monde de la recherche : tous soulignent la dérive violente qui continue de marquer la stratégie de maintien de l’ordre de Macron. Le Conseil des Droits de l’Homme de l’Organisation des Nations Unies met en garde contre les scènes de violences commises par la police lors des manifestations contre la réforme des retraites.
Une stratégie choisie
Ce choix de la confrontation est assumé par le gouvernement, notamment par la voix du Préfet de police de Paris, Laurent Nuñez. Un choix corrélé au refus du gouvernement Borne d’entendre la juste revendication des organisations syndicales, des travailleurs et des citoyens : le retrait de cette loi inique et inutile.
Le jeu de sourde-oreille de la part de Matignon et de l’Élysée ne pouvait que susciter l’irruption de colère d’une population à bout de nerfs. En marge des dates de mobilisation syndicale, le pays a vu fleurir les casserolades et les rassemblements aux abords des lieux visités par le Président de la République et ses ministres.
Répondant à des directives de Beauvau, certaines préfectures ont décidé d’interdire par arrêté le port d’objets portatifs amplificateurs de son, casseroles (sic) comprises. À l’image de la préfecture du Loir-et-Cher, qui a produit un tel arrêté à l’occasion de la visite à Vendôme d’Emmanuel Macron. Cet arrêté, pour le moins fantasque, a été immédiatement retoqué par le tribunal administratif d’Orléans.
Un pouvoir fébrile
Cela dit deux choses. D’une part, le pouvoir n’hésite plus à utiliser des dispositifs de procédures antiterroristes pour restreindre le droit de manifestation en France en sachant pertinemment que la justice rendra caduque ces dispositions.
D’autre part, il est difficile de ne pas voir dans ce fonctionnement la preuve d’une fébrilité croissante du gouvernement des riches. L’augmentation du recours à la violence par les forces de l’ordre correspond paradoxalement à un affaiblissement progressif du contrôle de l’État sur la situation, mais aussi à l’effilochage du contrat démocratique tel qu’établi par les démocraties dites libérales.
Pour quel résultat ?
Nul doute que la stratégie du passage en force permanent attise la colère. Pour autant, depuis janvier dernier, hormis une minorité d’éléments dans la Capitale et quelques autres villes, les manifestations se sont déroulées dans la sérénité. De même pour les divers rassemblements aux abords des visites d’État.
À quoi joue l’Intérieur ? La question reste posée.
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