Après de larges manifestations populaires, encadrées par une intersyndicale unie, l’entêtement du gouvernement et le passage en force par le 49.3 ne pouvaient qu’engendrer de la colère et de l’exaspération. Le maintien de l’ordre déployé a vite dévié vers la répression politique des manifestations.
Une politique en constante évolution
C’est toute une politique du maintien de l’ordre qui est assez largement remise en cause. D’abord sur le plan national, par l’ensemble des organisations qui jouent un rôle dans la mobilisation. Les syndicats, mais aussi les partis de gauche et des associations comme la Ligue des droits de l’homme.
Il est clair pour ces organisations que ce n’est pas par la violence physique, sur des biens et personnes, que la lutte peut s’amplifier, mais bien par un élargissement du mouvement de grève, de la conviction en la nécessité de s’organiser. Pour autant, elles mettent sur le tapis les politiques décidées par le ministre de l’Intérieur.
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Le protocole du maintien de l’ordre est en constante évolution depuis quelques années, avec notamment la création en 2019 des brigades de répression des actions violentes motorisées (BRAV-M), brigades mobiles constituées de binômes à moto, intervenant à Paris lors de manifestations. Cette brigade est singulièrement pointée dans le débat public, en raison des dizaines d’irrégularités témoignées, filmées, recensées depuis le début de l’année 2023.
Pourtant, même devant ces témoignages et ces images accablantes, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, maintient que sa politique est la bonne tout en inversant causes et conséquences. Ce fut notamment le cas lors de son audition du 5 avril dernier par la commission des lois à l’Assemblée nationale.
L’évolution du matériel
Avec l’évolution des protocoles, l’équipement s’est également renforcé à l’orée des années 2000. La baisse des effectifs généraux des forces de police semble avoir été comblée par une militarisation de l’équipement, le lanceur de balles de défense (LBD) en est le meilleur exemple.
Une politique qui n’affiche pas une volonté de rapport pacifique avec la rue ne peut que nourrir la défiance populaire à l’égard des forces de l’ordre. Cette mobilisation contre la réforme des retraites en est encore une preuve. La stratégie employée est celle de l’escalade des tensions, de la répression, d’arrestations massives qui se font hors d’un parcours judiciaire, de l’invention de règles limitant la circulation dans l’espace public.
Au contraire, la police devrait protéger les manifestants tout en laissant les organisateurs encadrer les cortèges. Dans tous les cas, il ne peut y avoir de réponse policière à une question sociale.
À l’image des mobilisations lycéennes contre Parcoursup, sévèrement réprimées en 2019, des mouvements populaires massifs ne trouvent guère de réponse politique.
Sur ce point, nombre de responsables politiques pointent du doigt la hiérarchie et G. Darmanin. Avec, en tête de ceux-ci, le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel.
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