Et encore une ! Alors que la réforme du baccalauréat a été votée en 2018, pas une seule année scolaire ne s’est déroulée selon les mêmes règles dans les lycées. Cette année ne fait pas exception, puisque les épreuves de spécialités, passées l’année dernière au mois de mars, auront cette fois-ci lieu… en juin. Une mesure qui laisse espérer la possibilité d’en finir avec la réforme du bac de 2018.
Un aveu d’échec tardif
En faisant ce choix, Emmanuel Macron répond à une demande forte des lycéennes et lycéens, mais aussi des professeurs et des parents d’élèves. Le passage aussi tôt dans l’année des épreuves de spécialités de terminales avait eu pour conséquence de vider les derniers mois de leur sens. Une fois les résultats publiés au printemps, 75 % de la note finale du bac était connu des élèves. Difficile, dans ces conditions, de trouver la motivation d’aller en cours au mois de mai et juin.
Au-delà, c’était à une véritable course contre-la-montre que devaient se livrer élèves et professeurs dès le mois de septembre pour espérer boucler les programmes en mars. Les élèves les plus en difficultés se retrouvaient alors pénalisés par un rythme parfois intenable. Si le gouvernement a fait mine de déplorer cette situation et d’en être surpris, celle-ci était pourtant très prévisible.
Dès les premiers débats sur la réforme, syndicats et élèves avaient alerté sur ce calendrier qui risquait de vider les établissements à la fin de l’année. Mais fidèle à son autoritarisme et son refus des négociations, Emmanuel Macron avait préféré faire avancer sa réforme à marche forcée, en réprimant fortement les grèves des enseignants. 5 ans plus tard, le retour aux épreuves de juin sonne donc une réelle victoire, et permet d’envisager une abrogation totale de la réforme.
Vers la fin de la réforme ?
Car si le nouveau calendrier du bac était clairement un des pires éléments de la réforme, d’autres restent à combattre. À commencer par la fin du contrôle continu.
Censé réduire le stress des élèves en évaluant tout au long de l’année, cette modalité s’avère encore pire que le contrôle terminal. Aujourd’hui, chaque note obtenue compte donc pour la moyenne du bac. Cela place les élèves dans une position de stress permanent par rapport aux résultats, tout en donnant à la mission des professeurs un rôle de sanction par la note plutôt que d’accompagnement et d’aide. Mais au-delà, le contrôle continu reproduit les pires inégalités sociales en supprimant les possibilités de “se rattraper” qu’offrait le contrôle terminal suite à une année scolaire difficile. Aussi, en faisant compter dans la moyenne du bac les devoirs réalisés à la maison, chaque élève est donc renvoyé à sa propre condition sociale.
Enfin, sans aucun cadre national aux épreuves du bac (même sujet, même jour de passation …), comment garantir l’égalité de traitement des élèves ? En effet, en changeant le calendrier sans annuler le contrôle continu, le gouvernement va renforcer les inégalités de sélection sur Parcoursup. Désormais, 100 % de la sélection se fera en contrôle continu. Cela augmente encore plus le risque de voir la plateforme de sélection discriminer les élèves en fonction de leur lycée d’origine, comme c’est déjà le cas. Si Emmanuel Macron veut donc effacer les effets néfastes de sa réforme, la suite logique voudrait donc qu’il supprime aussi le contrôle continu pour rétablir un semblant d’égalité entre les élèves.
Mais c’est aussi à Parcoursup qu’il devrait s’attaquer. L’année dernière encore, plusieurs dizaines de milliers d’élèves ont quitté la plateforme sans aucune formation. Une sélection qui, elle aussi, ne touche pas chaque élève de la même manière, et qui sanctionne les élèves des classes populaires toujours plus fortement.
Alors, est-ce à dire que la réforme du bac est enterrée par le gouvernement ? Loin de là. Mais il est certain qu’un premier point a été masqué. La mise en dynamique et l’organisation de la jeunesse pourraient permettre de porter le coup fatal à un baccalauréat basé sur le stress et la compétition.