Depuis mars 2020 les universités sont fermées et les étudiant·e·s confiné·e·s. Depuis presque un an, aucune solution concrète n’a été avancée pour que l’ensemble des étudiants et étudiantes puissent suivre leurs cours et passer leurs examens dans de bonnes conditions.
Une rentrée impréparée
Personne n’a échappé aux divers « coup de gueules » d’étudiants et étudiantes, mais aussi du corps enseignant concernant les conditions de tenue d’épreuves en présentiel dans certaines universités et leur manque d’organisation. Manque de places pour garantir de bonnes conditions sanitaires, annulation.
La Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, a annoncé aux présidents d’université le 18 décembre dernier, soit à la veille des vacances de fin d’année, les objectifs de reprise pour la rentrée de janvier : «dès la semaine du 4 janvier, vous pourrez accueillir sur convocation les étudiants nouvellement entrés dans l’enseignement supérieur en situation de grande vulnérabilité, cela dans la limite de 10 personnes par groupe».
Cet écran de fumée ne donne aucune vraie solution pour les près de 25% d’étudiants décrocheurs en L1 et ne laisse ni la possibilité, ni le temps nécessaire aux universités de s’organiser.
Vidal ne vient pas de nulle part…
Il est important de rappeler le rôle du Ministre de l’ESR afin de comprendre que les conditions de tenue des examens aujourd’hui ne sont pas seulement dues à la pandémie, mais sont le fruit de volontés politiques.
Pour comprendre une institution, il est intéressant de voir qui est à sa tête. Avant de devenir Ministre en mai 2017, Madame Frédérique Vidal est présidente de l’université de Nice depuis 2012 où, en bonne scientifique, elle utilise son université comme un véritable laboratoire du néolibéralisme dans l’ESR.
Elle instaure entre autres des « diplômes d’établissement » dont le montant des frais d’inscription s’élèvent à 4000€ pour deux ans. Elle est aussi membre, avec d’autres présidents de grandes universités publiques, de la « Coordination des Universités de Recherche Intensive Française (CURIF) » qui vise à faire du lobbying envers les décideurs politique afin d’obtenir plus de financement de la part de l’Etat, notamment à travers les « initiative d’excellence ». Avec ce CV et son accession à la tête du Ministère, nous voyons que la bergerie a été confiée aux loups.
Une gestion incohérente, un ministère en perte de sens
Le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche a pour rôle de donner une cohérence nationale à l’enseignement supérieur et la recherche. Par exemple, les règles et les conditions de passage d’un examen à Nanterre ou à Angers doivent être les mêmes afin de garantir à aux étudiants et étudiantes une égalité et de fait garantir que le diplôme ait la même valeur partout en France quelque soit l’Université.
C’est donc le ministère de l’ESR qui doit donner des consignes sur les modalités des examens, par exemple sur la tenue ou non en présentiel de ceux-ci. Enfin il est important de souligner l’existence d’un code de l’éducation qui régit la façon dont doivent se dérouler les examens, mais aussi les droits et devoirs d’un étudiant passant ces examens. Par exemple, il est dit que l’établissement doit prévenir deux semaines en avance les étudiants de la tenue des examens. En somme, le rôle du ministère est de garantir ces droits et devoirs des étudiants et étudiantes.
En théorie, une gestion commune et cohérente pour garantir aux étudiantes et étudiants de bonnes conditions d’étude est possible, mais l’objectif premier du ministère n’est pas celui-ci. Aucun encadrement national des examens n’a été mis en place depuis le début de la crise sanitaire, alors même qu’en mai-juin dernier plusieurs organisations ont avancé des solutions comme le « Dix Améliorable ».
L’autonomie des universités, point de départ de la mort de l’enseignement supérieur public
La seule consigne du ministère dans ce sens a été de dissuader les présidents d’université de mettre en place le « Dix Améliorable ». Pourquoi ? Pourquoi aucune consigne d’ampleur nationale n’est mise en œuvre et proposée aux différents établissements ? La réponse est d’ordre politique.
La politique menée aujourd’hui par Mme Vidal est peu ou prou la même politique menée depuis près d’une vingtaine d’années. Elle vise à rendre les établissements universitaires « autonomes » et dans la bouche d’une néolibérale, « autonome » n’est pas tant un synonyme d’émancipation mais plutôt de « débrouillez-vous tout seul et que le plus riche gagne ». De fait, l’Etat se désengage de plus en plus de la gestion de l’ESR pour laisser sa place aux acteurs privés. Le but est la privatisation de l’ESR.
Avant de pouvoir privatiser l’ESR, il faut détruire l’université publique. Pour détruire l’université publique, il faut la rendre inutile, dépassée. Cela passe par la destruction de l’encadrement national des diplômes, qui garantit une certaine égalité entre les différentes universités. En effet, avant même la crise sanitaire nous avons déjà pu voir plusieurs attaques à ce principe, avec la création de diplôme universitaire, des filières d’excellence, etc.
Il ne faut pas s’y tromper, les conditions d’examens que nous connaissons aujourd’hui s’inscrivent complètement dans cette politique. Ces conditions marquent dans les esprits la fin de l’égalité des diplômes et la mort de l’université publique.
Face au renoncement du gouvernement, les étudiants et étudiantes se mobilisent !
L’inaction du gouvernement dans la gestion de la crise sanitaire dans ESR est volontaire, elle s’inscrit dans un processus de libéralisation de l’ESR, une mise en concurrence des étudiants et des universités qui nie toute ambition d’émancipation collective grâce à l’université. Cette situation fait partie d’une attaque généralisée contre l’enseignement supérieur public de la part des forces néolibérales.
Tout comme l’Etat organise son impuissance face aux fermetures d’usines, il applique la même attitude passive et fataliste vis-à-vis du monde universitaire. Nous devons, nous étudiants, nous mobiliser pour notre avenir, nous unir pour sauver l’université publique. En ce sens, les organisations étudiantes et les organisations de jeunesse appellent à la mobilisation le 20 janvier contre la précarité étudiante et pour un plan de soutien à l’ESR.