Les États-Unis sont-ils le garant de la paix   ?

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Les États-Unis sont-ils le garant de la paix   ?

Après des mois de campagne opposant un camp républicain radicalisé à droite par la figure de Donald Trump et un camp démocrate qui est finalement parvenu à se doter d’une figure charismatique en la personne de Kamala Harris, les États-Unis paraissent plus divisés que jamais.

Toutefois, un point semble pouvoir rassembler républicains et démocrates : la défense acharnée de l’hégémonie américaine sur le monde.

Depuis, 1991, avec l’effondrement du camp socialiste, l’impérialisme américains est parvenu à s’imposer au reste du monde. Le dollar est aujourd’hui incontournable comme devise d’échange, les multinationales américaines dominent toujours, le marché mondial et Washington dispose d’un imposant appareil militaire pour garantir ses intérêts aux quatre coins de la planète. Plus de 200 000 soldats américains sont stationnés dans 800 bases militaires à travers le globe et les dépenses militaires américaines pèsent toujours 40 % des dépenses militaires mondiales. À cela s’ajoute l’élargissement des alliances au service quasi exclusif des intérêts américains à l’image de l’OTAN.

Depuis trente ans et malgré l’effondrement de leur principal rival, les États-Unis continuent de mener une politique extérieure agressive afin d’exercer un contrôle toujours plus étroit sur la production des matières premières et briser toute velléité de résistance à leur impérialisme.

En Amérique du Sud

Considérant depuis le XIXᵉ siècle cette région comme leur “pré-carré”, les États-Unis y ont multiplié les tentatives de déstabilisation, afin de chasser tout gouvernement véritablement progressiste du continent.

On songe bien évidement au coup d’État du 11 septembre 1973, mené par le général Pinochet au Chili, avec le soutien de la CIA. On peut également citer le soutien américain à la guérilla des Contras contre le Front Sandiniste au Nicaragua dans les années 80, ou encore à la tentative d’invasion de la baie des cochons à Cuba en 1959.

Loin de s’être assagis avec la fin de la guerre froide, les États-Unis ont été à l’initiative ou ont soutenu plusieurs tentatives de putsch contre tous les gouvernements progressistes de la région.

Le Venezuela, quoi qu’on pense de la gouvernance du PSUV, a été particulièrement touché par des tentatives de déstabilisation provenant des États-Unis et de leurs alliés. En décidant au début des années 2000 de nationaliser l’industrie pétrolière et d’utiliser la leur rente pour financer des politiques sociales, le président socialiste Hugo Chávez s’est attiré les foudres de Washington. Il subit un premier couop d’État en 2002, mais sa popularité et le soutien de l’armée dont il bénéficie lui permet de faire face. Son successeur Nicolás Maduro moins charismatique subis depuis son arrivée au pouvoir en 2013 toutes sortes d’offensives de la part de Washington et de ses vassaux.

Non-reconnaissance de l’élection présidentielle de 2013, publication du décret Obama en 2015, considérant le Venezuela comme une : « une menace inhabituelle et extraordinaire pour la sécurité nationale et la politique extérieure des États-Unis », gel des avoirs vénézuéliens décrété par Trump en 2016, multiplication des sanctions visant à priver le pays de devises étrangères. Et enfin la tentative de coup d’État de 2019, ou avec le soutien des États-Unis, Juan Guaidó (parlementaire d’opposition) s’autoproclame président de la République.

Jusqu’à présent, les manœuvres américaines ont échoué à faire tomber le gouvernement, mais elles ont mis le pays en grande difficulté.

En 2006, la Bolivie porte au pouvoir Evo Morales. À la tête du MAS (Mouvement vers le socialisme), il porte un projet socialiste porche de celui d’Hugo Chávez et lui aussi doit affronter les tentatives de putsch de la part des États-Unis et leurs vassaux. La dernière tentative finit en 2019 par fonctionner. Après avoir remporté 55 % des suffrages aux élections présidentielles, Evo Morales est chassé du pouvoir par la droite pro américaine, avec le soutien de la police et de l’armée. L’ancien président est ensuite contraint à l’exil au Mexique.

Le nouveau gouvernement dirigé par Janin Agnès tente de faire revenir le pays dans le giron américain, mais la mobilisation des travailleurs et les élections du mois d’octobre 2020 permettent un retour triomphal du MAS dirigé cette fois-ci par l’ancien compagnon de Morales, Luice Acres.

Enfin, quand on évoque l’impérialisme américain en Amérique latine, comment ne pas avoir un mot pour Cuba ? Depuis 1962, l’île est soumise à un blocus particulièrement barbare imposé par son puissant voisin.

Toute entreprise ayant des liens même ténus avec des entreprises américaines peut se voir infliger de très lourdes amendes si elle a le malheur de commercer avec Cuba. Ainsi, en 2015, la BNP, une entreprise française, s’est vu imposer une amende de 8,9 milliards d’euros pour avoir signé un accord avec l’île. Ce que Washington appelle pudiquement “l’extra-territorialité” du droit américain s’apparente à un véritable racket de toute entreprise refusant de s’aligner sur les intérêts états-uniens.

Il faut insister sur le fait que même pendant la période du Covid, alors que des médecins cubains parcouraient le monde pour pallier nos systèmes de santé que des décennies de néolibéralisme avaient rendus incapable de répondre aux besoins des populations, les Américains refusaient le moindre allègement du blocus contre l’île des caraïbes.

Au Moyen-Orient

Si l’impérialisme américain a frappé très fort en Amérique latine, c’est au Moyen-Orient que la politique des États-Unis s’est révélée être la plus meurtrière. On peut citer l’intervention criminelle de l’Irak en 2003, ou sous un prétexte fallacieux, les États-Unis ont envahi le pays, provoquant la mort d’au moins 500 000 personnes. Le pays peine encore aujourd’hui à se reconstruire.

Mais les États-Unis se distinguent surtout aujourd’hui par leur soutien indéfectible à Israël. Malgré la violation manifeste des accords d’Oslo, l’implantation de 700 000 colonies illégales en Cisjordanie, l’annexion de Jérusalem-Est et les bombardements sauvages sur la bande de Gaza. Israël échappe systématiquement aux condamnations de la part de l’Assemblée des Nations Unies, à cause du Veto américain.

Israël est en effet considéré par Washington comme un allié sûr, les États-Unis, lui garantissent donc une protection quasi inconditionnelle. Et cela, quelle que soit la couleur de leur gouvernement. Bien que Trump soit allé plus loin en déplaçant l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem en 2018.

En Europe

Sur le vieux continent, les États-Unis ont considérablement renforcé leur emprise. L’effondrement du bloc de l’Est leur a permis d’étendre très largement l’OTAN. La tentative d’y intégrer l’Ukraine s’est toutefois heurté aux velléités du voisin russe, appuyé par les minorités russophones de l’Est de l’Ukraine.

L’invasion russe permet en revanche aux américains d’écouler massivement leur matériel de guerre. La Pologne a déjà acheté plusieurs centaines de chars Abraham pour défendre sa frontière. Mais elle aussi permis aux Américains de pouvoir exporter massivement leur gaz de schistes aux pays dépendant du gaz russe. En le vendant deux fois plus cher. Peut-on rêver d’un meilleur allié ?

Main-mise toujours plus importante sur le continent européen, tentative de vassalisation de toute l’Amérique latine et soutien inconditionnel à la politique criminelle de l’État israélien, la diplomatie américaine est donc bien loin de promouvoir une politique de paix. En revanche, l’hégémonie de l’impérialisme américain est aujourd’hui vivement contestée.

Les tentatives de putsch ont échoué au Venezuela et en Bolivie, Cuba résiste et l’hégémonie du dollar est contesté par de nombreux pays, Chine en tête.

Si les États-Unis restent la première puissance mondiale, ils ne peuvent plus imposer leur volonté au reste du monde de manière aussi brutale qu’au lendemain de la guerre froide.


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