En décembre, l’association Sidaction a mené une campagne de sensibilisation pour lutter contre les clichés véhiculés par la pornographie. Parallèlement, alors que 42% des jeunes hommes déclarent avoir recours au porno pour s’informer sur la sexualité, les réactionnaires sont vent debout contre le futur programme d’éducation à la vie sexuelle et affective à l’école.
Une campagne choc
Sidaction a lancé son propre site de fausse pornographie : sidaxxxion. Avec ses titres et photos aguicheuses, il reprend tous les codes des vraies plateformes pornographiques.
Le but de la campagne est de prévenir contre l’impact du porno sur la sexualité. Lorsqu’on clique sur une vidéo, un message apparaît “Ce que vous voyez dans ce genre de vidéo, ce n’est pas ce que vous croyez (…) Dans la pornographie, on peut voir des fantasmes qui s’inspirent de stéréotypes graves.”
Pour toucher le maximum de jeunes, ces vidéos ont été publiées sur Youtube, et des versions visuelles ont été affichées dans certaines villes à destination des parents.
Sensibiliser au consentement, aux différentes orientations sexuelles mais aussi à l’importance de la contraception et de la protection contre les IST, tel est le but de la campagne.
Pornographie et culture du viol
Ces vidéos véhiculent une image faussée des relations, incitant les hommes à la quête de la performance et les femmes au statut de “femme-objet”, tout en faisant fi de toute notion de consentement. Elles banalisent les rapports de domination entre les hommes et les femmes à travers des pratiques parfois violentes ou l’imposition de désirs masculins sur les femmes.
A travers le porno, tout est prétexte à sexualisation et fétichisation, comme en témoigne la recrudescence de vidéos sur les femmes ukrainiennes au début de la guerre en février 2022. Par ailleurs, les vidéos présentant des personnes noires ou arabes sont également souvent basées sur des représentations fétichistes et racistes.
Selon plusieurs études, la consommation de pornographie a un impact significatif sur la sexualité : “des individus consommant plus fréquemment du porno sont davantage susceptibles de manifester des attitudes agressives et de se livrer à des agressions sexuelles.”. Pourtant, il ne suffit pourtant pas de ne pas regarder de porno pour ne pas subir son influence. Tout le monde est victime des injonctions de la pornographie, d’autant plus lorsque la proportion de jeunes ayant commencé à consommer de la pornographie avant 16 ans est passée de 30% il y a dix ans à 53% aujourd’hui.
Seulement 15% des élèves ont eu accès aux trois séances d’éducation sexuelle par an, pourtant obligatoires depuis 2001. De nombreux jeunes se tournent alors vers la pornographie. C’est pourquoi il est indispensable de lutter pour l’éducation à la vie sexuelle et affective dès le plus jeune âge, une éducation émancipatrice qui enseigne le consentement et la lutte contre les injonctions genrées.
