Depuis plusieurs années, le gouvernement incite les Français à s’équiper de poêles à granulés de bois. Incitation « morale » à la transition au chauffage au bois, mais aussi incitation financière par des dispositifs tels que la « Prime Rénov’ » permettant dans certains cas une baisse de moitié du coût de cette reconversion.
Avec la promesse d’un effet direct sur le porte-monnaie, un certain nombre de jeunes travailleurs se sont dirigés vers cette alternative lorsqu’ils comptent s’installer durablement dans un logement.
Aussi, dans les constructions neuves, ce type de chauffage se fait de plus en plus présent, notamment depuis l’interdiction d’installation de chaudières au fioul ou au charbon, effective depuis le 1er juillet 2022. La vente de poêles et chaudières à granulés a progressé de 35 %, et, en 2021, la production de granulés s’élevait à 1,8 million de tonnes contre seulement 50 000 en 2005.
Une industrie en progression
La production de ces granulés provient de produits originellement peu valorisés : copeaux, sciures, chutes de bois, etc. arrivant de scierie aux alentours. Les conditions de cette production en font, de fait, une industrie florissante à l’avenir. Cette production n’est donc pas épargnée par la spéculation.
Cathy Apourceau-Poly, sénatrice communiste du Pas-de-Calais, a interpellé par une question écrite la ministre de la transition énergétique sur la pénurie et la hausse des prix du pellet.
« En un an, le prix de la tonne de granulés a doublé, et la menace d’une pénurie pour cet hiver s’installe. […] On ne peut écarter un phénomène “d’aubaine”, pour ne pas dire de spéculation, qui amènerait certains producteurs à profiter de cette situation pour augmenter les prix. »
La question de l’encadrement des prix du pellet est posée. Comme le rappelle la sénatrice, « il ne peut pas y avoir de place pour les profiteurs de crise », particulièrement dans ce secteur qui touche un nombre croissant de Français.
Des réponses insatisfaisantes
Le gouvernement, par la voix de la ministre de la transition énergétique, n’a pour seule réponse que la culpabilisation des consommateurs : « Il est primordial qu’ils ne stockent pas plus de granulés que nécessaire pour leurs besoins de chauffage cet hiver et fassent preuve de sobriété énergétique ».
S’il y a effectivement des projets industriels permettant à terme d’accroître la production nationale de pellets, il est urgent de répondre aux besoins des Français se chauffant au bois par des mesures structurelles, autrement que par une politique du « chèque au cas par cas ».
Encadrement des prix, augmentation générale des salaires et des pensions… Tant d’exigences portées dans l’ambition du vivre mieux, bien loin d’une société de la « sobriété subie ».