Dimanche dernier se jouait le premier tour de l’élection présidentielle chilienne.
Le président actuel, l’ultra libéral et milliardaire Sebastian Piñera ne pouvant se représenter pour un nouveau mandat, sa succession revêt un caractère important. Cette élection s’inscrit dans le contexte d’un mandat secoué par des mouvements sociaux.
La chambre des députés s’était prononcée à la mi-novembre pour destituer Pinera et lui interdire de se représenter, du fait de sa mise en cause dans les Pandora Papers.
En 2019 et 2020, des manifestations massives ont lieu pour contester les inégalités et réclamer plus de justice sociale. Un mouvement de protestation violemment réprimé par Piñera et qui entraînera plus de trente morts, des dizaines de manifestants éborgnés et plus de 2000 blessés. La population souhaite une réponse politique forte.
À la sortie de ce second tour, le peuple chilien va se confronter au clivage historique qui avait secoué le Chili lors du coup d’État de Pinochet en septembre 1973.
D’un côté, José Antonio Kast, le candidat d’extrême droite, admirateur du dictateur criminel Augusto Pinochet, porte un programme résolument réactionnaire. En plus d’un programme économique ultralibéral, celui-ci s’accompagne naturellement de l’opposition au droit à l’avortement (autorisé à l’heure actuelle uniquement en cas de risque vital pour la mère ou suite à un viol), de la légalisation du port d’arme, de l’amnistie de criminels de la dictature. Pour couronner le tout, Kast à des prises de position climatosceptiques.
Face au candidat d’extrême droite, Gabriel Boric, arrivé deuxième au premier tour, se pose en véritable alternative politique aux mandats précédents et constitue le dernier rempart à l’extrême droite chilienne.
Candidat d’une coalition de gauche, dont le Parti communiste est un acteur fort, Gabriel Boric a axé sa campagne sur les préoccupations réelles du peuple chilien, ressorties durant les mouvements sociaux d’il y a quelques mois. Alors que la pandémie a aggravé le sort de nombreux jeunes chiliens, dont 150 000 ayant perdu leur emploi en 2020, la candidature de Boric a suffisamment répondu aux attentes pour parvenir au second tour de l’élection.
Son programme, axé sur la renationalisation de services publics, l’augmentation des pensions de retraite, ou encore un impôt plus important sur les hauts revenus, constitue un tournant important et un espoir de lendemains meilleurs pour des millions de Chiliens. Le prochain rendez-vous aux urnes le 19 décembre retiendra toute notre attention.