Étudier à crédit, vivre à genoux

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Étudier à crédit, vivre à genoux

Aux États-Unis, le moratoire sur le remboursement des prêts étudiants, instauré durant la pandémie, vient de prendre fin. Nous ne voulons pas d’une société où les travailleurs sont enchainés au fardeau d’une dette qu’ils mettront leur vie à rembourser.

Saisie sur salaires, suppression des aides au remboursement et démantèlement des programmes de remise de dette menacent près de dix millions d’Américains déjà précaires. 

Les conséquences pourraient être dramatiques. Une simulation de la Réserve fédérale anticipe une chute de 171 points des scores de crédit pour les emprunteurs en défaut, réduisant leur accès au logement ou à l’achat d’un véhicule. Le tout pour avoir tenté d’accéder à un diplôme. Aux États-Unis, une année d’études coûte en moyenne 22 700 euros dans le public, 30 800 dans le privé. Pour beaucoup, étudier, c’est s’endetter à vie.

La tentation de croire que ce modèle est réservé aux États-Unis est confortable. Pourtant, en France aussi, les prêts étudiants se multiplient. Le coût de la vie étudiante augmente. 

Le service public d’enseignement supérieur est piétiné par les réformes successives : sélection à l’entrée, sous-financement chronique… Face à cela, le privé donne l’illusion de meilleurs débouchés. Les formations hors Parcoursup attirent des jeunes convaincus, ou contraints, que l’avenir s’achète.

C’est peut-être là le vrai danger : intégrer l’idée que la connaissance a un prix, que l’émancipation se paie comptant, ou à crédit. Ce glissement n’est pas accidentel. Il est le fruit d’une vision libérale de l’université : non plus comme lieu de création et de partage du savoir, mais comme produit à rentabiliser.

Il est temps de choisir. Soit, nous continuons à transformer l’enseignement supérieur en marché, avec les dettes, les inégalités et les impasses que cela implique. Soit, nous réaffirmons un principe simple : étudier n’est pas un luxe. C’est un droit et un levier d’égalité.

L’enseignement supérieur doit être le lieu d’émancipation par le savoir des futurs travailleurs, pas le lieu de leur aliénation par le système capitaliste.


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