Alors que la rentrée bat son plein, la rédaction de l’Avant-Garde souhaite à tous les étudiant-es une excellente rentrée ! Si celle-ci est placée sous le signe de la précarité et de l’inégalité d’accès aux formations, nous avons souhaité mettre l’accent sur un angle peu développé : la coopération universitaire.
L’Avant-Garde a pu s’entretenir avec plusieurs acteurs de la coopération universitaire, notamment entre les universités françaises et cubaines. Luis Ernesto Rivera Rodríguez est attaché commercial chargé des échanges académiques et scientifiques de l’Ambassade de Cuba en France. Léna Raud est Secrétaire nationale de l’Union des étudiants communistes (UEC). Raphaël Montazaud est Vice-Président Étudiant de l’Université Toulouse Jean-Jaurès. Tous trois ont pu répondre à nos questions.
L’Enseignement supérieur à Cuba : un système unique
Nous le savons, le système universitaire cubain est très riche. Luis Ernesto Rivera Rodríguez a souhaité nous rappeler l’importance des travaux entamés depuis le triomphe de la Révolution : campagnes d’alphabétisation universelles et gratuites, transformation de casernes militaires en centres éducatifs, construction d’universités dans tout le pays et de nombreux centres de recherches. Le système universitaire à Cuba occupe une place de premier plan. Selon lui : “les diplômés appliquent leurs connaissances acquises et contribuent directement au développement du pays”.
Le maillage territorial des universités cubaines constitue à ce titre un véritable atout. Pour Léna Raud,“ Le nombre d’universités par ville est très impressionnant et permet réellement l’accès à l’enseignement supérieur pour tous et toutes ”. Un sujet d’actualité à l’heure où la sélection à l’entrée de l’université est source de nombreuses inégalités en France. La responsable des étudiants communistes souligne que : “Nous avons beaucoup à échanger avec Cuba, tant dans leur vision de l’ESR que dans le partage de connaissances scientifiques. La coopération déjà existante pourrait aussi être renforcée.”
Des partenariats existent, et des coopérations entre universités sont possibles !
Selon Luis Ernesto Rivera Rodríguez, “la coopération universitaire entre la France et Cuba possède une histoire riche et étendue qui remonte jusqu’au XIXe siècle” ! Les bourses d’études mises à disposition par l’Ambassade ainsi que le programme de coopération bilatérale entre la France et Cuba, le Partenariat Hubert Curien franco-cubain, Carlos J. Finlay en sont un exemple.
Cependant, il existe aujourd’hui peu de coopération entre les universités cubaines et françaises. Pour l’attaché commercial de l’Ambassade, “Les principaux obstacles sont la langue et le financement, qui rendent difficile une coopération élargie entre nos pays”. Ce dernier souligne néanmoins le travail de plusieurs ONG telles que le Groupe d’éducateurs sans frontières (GREF) qui permet à des chercheurs cubains de “suivre des cours de coopération en France, ou de mener à bien des projets conjoints”.
Raphaël Montazaud est Vice-Président de l’Université Toulouse Jean-Jaurès. Interrogé sur les projets de coopérations universitaires entre la France et Cuba, il insiste sur l’impact du blocus, mais relève qu’il existe cependant deux campus numériques francophones à La Havane et à Las Villas, facilitant la coopération et l’échange de documentation.
Ce dernier nous indique que “l’université Jean-Jaurès est réputée pour la grande qualité et le sérieux de son département d’étude hispanique et hispano-américaine” et que des conventions existent avec des universités chiliennes, colombiennes, mexicaines, vénézuéliennes, et biens d’autres, permettant aux étudiants d’aller étudier dans ces différents pays, et inversement. Le Vice-Président étudiant est à ce jour favorable à un projet de coopération avec l’Université Jean-Jaurès, et affirme être prêt à y travailler sérieusement.
Désenclaver les recherches et lutter contre l’isolement du peuple cubain
L’intérêt est double pour les étudiants : d’une part, le travail commun et le dialogue permettent de faire avancer les recherches sur Cuba et d’agir pour une meilleure compréhension en France de la Révolution cubaine et de l’histoire de Cuba.
De l’autre, elle permet de passer au-delà des politiques d’isolement que prônent les États-Unis. Pour Luis Ernesto Rivera Rodríguez, “le blocus du gouvernement américain, en plus d’asphyxier économiquement le peuple cubain, cherche à l’isoler du reste du monde”.
Si la coopération universitaire est un outil efficace pour contourner cette politique d’isolement, c’est bien parce qu’elle peut être réfléchie dans le cadre d’un projet internationaliste. Pour Léna Raud : “La coopération universitaire est très importante dans le projet communiste. Il faut, à l’inverse de notre système actuel, la penser hors de toute logique de marché et de concurrence. Cette coopération internationale doit servir en premier lieu à faire avancer la recherche, créer et partager les connaissances.”.
Il faut le dire : l’UEC est un acteur important de la coopération universitaire et, fait vivre l’internationalisme à l’échelle de chaque campus universitaire où ses adhérents sont présents : “nous développons les questions de paix et de solidarité internationale à travers des conférences, mais aussi des activités culturelles permettant la diffusion des cultures internationales”, affirme Léna Raud, avant de nous rappeler que l’UEC est localement en lien avec les différentes associations d’étudiant.e.s étranger.e.s., et entretient des liens importants avec les différentes branches universitaires des ambassades.
Quoi qu’il en soit : les leviers institutionnels existent pour développer la coopération entre les universités cubaines et françaises !