Après une mobilisation exceptionnelle contre la réforme des retraites, la multiplication des mobilisations syndicales dans tout le pays illustre le renforcement des organisations syndicales et leurs capacités à mobiliser très largement les travailleurs. À Toulouse, ce sont les salariés de la régie de transport toulousaine Tisséo qui mènent un combat d’ampleur depuis plus de deux mois pour leurs salaires et la défense des services publics.
Le maintien de la clause de sauvegarde : ce qui est en cause, ce sont les salaires !
Ce qui est au cœur des revendications, c’est le maintien de la clause de sauvegarde, une revendication introduite depuis 2008 par les syndicats de la régie de transport.
Concrètement, celle-ci prévoit de limiter chaque année les effets de l’inflation sur les salaires et les primes des salariés. Mettant en cause la situation économique et l’augmentation des couts de l’énergie, la direction de Tisséo à annoncer en avril dernier sa volonté de supprimer cette sécurité pour les salariés « n’étant pas en mesure de payer ». Une réponse bien étrange quand on sait la capacité de déploiement de moyens de Tisséo qui investit aujourd’hui sur le développement de grands projets (notamment la ligne C).
Encore plus étrange lorsque l’on questionne l’intérêt d’intégrer une clause qui combat l’inflation, si la direction refuse de l’appliquer à cause… de l’inflation. Quoi qu’il en soit, le combat pour le maintien de la clause de sauvegarde des salariés de Tisséo est révélateur du climat social pour les travailleurs et travailleuses dans tout le pays. Plus que jamais, l’indexation des salaires sur l’inflation exigés par plusieurs organisations syndicales et les députés communistes est une priorité absolue.
Une politique d’austérité généralisée
Depuis plusieurs années maintenant, la politique de la régie de transport est claire : faire des économies sur le dos des usagers et des salariés, quitte à abîmer fortement la qualité du service et les conditions de travail de ces derniers.
Dans une grande campagne lancée en juillet dernier, les jeunes communistes de Haute-Garonne dénonçaient déjà la politique tarifaire menée par Tisséo, désastreuse pour les jeunes et les plus précaires. Au-delà, nous pouvons rappeler ici les nombreuses privatisations de lignes, les suppressions d’effectifs, la réduction de l’offre des lignes Linéo déjà largement surchargées, les emplois saisonniers pour remplacer les salariés, etc.
L’occasion de souligner ici le lien entre les revendications salariales et la qualité de services pour les usagers : soutenir les travailleurs de Tisséo, c’est soutenir un service public de qualité qui répond aux besoins des usagers, pas des rentiers !
Un mouvement de grève historique
Cette mobilisation est historique depuis la mise en place du métro toulousain en 1993. L’intersyndicale très large (CGT, SUD, FNCR, CFDT) a permis la mobilisation d’un nombre exceptionnel de travailleurs. Un chiffre : le 21 juin dernier, ils étaient plus de 80% de grévistes parmi les 2700 salariés que compte l’entreprise. Un mouvement de grève largement majoritaire donc, qui dure maintenant depuis le 11 avril. À plusieurs reprises, la métropole a pu assister à des “journées noires” durant lesquelles le métro n’a pas circulé.
Une première à Toulouse, qui permet de rappeler à la direction le caractère indispensable des travailleurs qui sont les seuls à être en mesure de faire fonctionner le réseau.
Refus du dialogue et méthodes de voyous
Malgré les nombreuses sollicitations des salariés, la direction ne semble pas prompte au dialogue social. Le directeur général de l’entreprise Thierry Wischnewski a multiplié durant ces deux derniers mois les insultes, chantages et pressions, fort du soutien du maire de Toulouse et président de la Métropole, Jean-Luc Moudenc.
La répression syndicale est impressionnante : convocation au tribunal pour plus de 45 000 euros d’amende, avec une menace à terme d’aller jusqu’à 200 000 euros, assignations pour empêcher les piquets de grève… Quoi qu’il en soit, la justice a donné raison aux salariés le 23 juin dernier. Considérant que ce ne sont pas les salariés, mais la direction qui fait blocage, le tribunal de Toulouse à rejeter en bloc les demandes d’assigner l’intersyndicale pour exercice abusif du droit de grève et blocages illicites.
Disons-le, la mobilisation des salariés de Tisséo est exemplaire. En défendant leurs droits, ils s’engagent pour les services publics, l’environnement et le service rendu aux usagers.
À l’heure où Jean-Luc Moudenc se fait le porte-voix de la mise en place des ZFE dans les grandes agglomérations, le pays s’engouffre dans une terrible crise de la mobilité. Dans ce contexte, le combat des travailleurs des transports en commun est essentiel.
À Paris, à Lyon, à Toulouse comme partout en France, nous devons les soutenir et donner un écho national à ces luttes. Pour ce qui est de Tisséo, les mouvements de grèves reprendront pleins feux en septembre. Les Jeunes Communistes et l’Avant-Garde suivront de près les suites de la mobilisation.