Bien que le blocus de Cuba imposé par les États-Unis existe depuis février 1962, celui-ci s’est considérablement renforcé ces dernières années et ses effets sont plus que jamais visibles. À quelques jours de la Fête de l’Humanité qui constitue un moment de solidarité et d’amitié important entre la France et Cuba, les associations de solidarité en payent le prix fort.
Fermeture du compte bancaire de Cuba coopération
L’association de solidarité Cuba Coopération qui disposait d’un compte courant depuis maintenant plusieurs années dans une banque française, s’est vu fermer son compte au début du mois d’août pour aucune raison particulière.
L’association, qui se donne pour objectif de faire connaître la réalité cubaine et de développer les liens de solidarité et les actions de coopération de toute forme entre la France et Cuba, n’a pourtant connu aucun incident ni découvert financier sur ce compte depuis son ouverture.
Aucun motif ni aucun justificatif n’a été donné aux responsables de l’association désormais confrontés à cette situation administrative plus que difficile.
Cuba Linda empêché pour la Fête de l’Humanité 2023
De la même manière, l’association Cuba Linda qui facilite et fait vivre les échanges entre français et cubains depuis maintenant plus de 25 ans, vient de voir son contrat avec l’entreprise Sum-up être résilié à quelques semaines de la fête de l’Humanité.
L’entreprise qui propose le prêt d’équipement et une plateforme spécialisée pour les paiements par carte bancaire a décidé soudainement de faire jouer de l’article 13 de ses conditions générales qui stipule la possibilité de : « […] Suspendre ou clôturer votre compte Sum-up sans préavis si […] nous avons des raisons de croire que vous êtes impliqué.e de quelques manières que ce soit dans une activité frauduleuse, le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme ou toute autres activités criminelle ».
Manque de pot : l’administration américaine a placé depuis 2021 Cuba dans sa liste noire des États parrainant le terrorisme, ce qui contribue à envenimer toujours plus les relations entre Cuba et le reste du monde et à durcir les sanctions économiques.
Le caractère extraterritorial des sanctions économiques
En réalité, les banques françaises, comme l’entreprise Sum-up et bien d’autres, se plient au caractère extraterritorial des lois américaines, et donc des sanctions économiques et du blocus. Craignant des sanctions financières lourdes, ces dernières préfèrent se prémunir de toute situation pouvant les mettre en difficulté, et de ce fait stopper net tout contact avec les associations de solidarités.
En juin 2014, ce sont 9 milliards de dollars d’amendes qui ont été infligés par les structures de contrôle des États-Unis à l’encontre de BNP Paribas pour ne pas avoir respecté l’embargo économique contre Cuba.
Ce caractère extraterritorial ne devrait pourtant pas s’appliquer en France ni en Europe : l’Union européenne s’est dotée depuis le 22 novembre 1996 d’une législation pour se protéger de l’extraterritorialité des lois américaines. Il est donc illégal que la crainte passe au-dessus du droit, et illégale, selon les règles internationales, de restreindre de telles manières l’activité d’association, dont le but et de développer la coopération internationale.
Les conséquences des sanctions économiques contre Cuba sont de plus en plus meurtrières pour le peuple cubain qui est aujourd’hui étouffé par les blocus.
D’un côté, il empêche le commerce international et la coopération, créant donc des pénuries importantes sur l’île : de médicaments, de produits alimentaires, de matériaux, etc. Et de l’autre, le blocus sévit et punit les structures associatives, syndicales et politiques qui souhaitent organiser la solidarité pour amoindrir les effets du blocus. Chaque année, les associations de solidarités subissent des contraintes de plus en plus marquées.