« Continuité pédagogique » : la parole aux lycéens

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« Continuité pédagogique » : la parole aux lycéens

Après six semaines de confinement, la « continuité pédagogique » continue de poser des questions. Malgré une fermeture des établissements, les cours ne s’arrêtent pas. En effet, le ministre Jean-Michel Blanquer a demandé aux établissements scolaires de continuer à assurer les cours à distance.

Avant Garde est allé à la rencontre de lycéennes et lycéens pour discuter de cette situation exceptionnelle. Rencontre aujourd’hui avec trois élèves de terminale : Thaïs et Chloé, toutes deux en filière scientifique et Martin, en série littéraire. 

Quelles sont les principales difficultés que vous avez pu rencontrer dans le cadre des enseignements à distance ?

Thaïs : L’enseignement à distance a été très soutenu lors de la première semaine de confinement, car certains professeurs n’ont pas du tout suivi l’emploi du temps normal, ils ont donné le travail le lundi matin et l’on a dû se débrouiller tout seul pour s’organiser à faire le travail. 

Mais le plus compliqué a été de jongler entre différentes plateformes de cours, car les professeurs n’utilisaient pas les mêmes. Même s’ils mettaient tout leur travail sur « Pronote », les cours en live se faisaient sur différentes plateformes. 

Martin : Pour ma part, je n’ai eu quelques appels de professeurs, mais sinon, aucun cours en visioconférence. Je suis assez travailleur donc j’arrive à m’y retrouver, mais pour pas mal de camarades c’est assez compliqué. On n’a que des polycopiés, donc pour les matières importantes, sans personnes pour expliquer, c’est très abstrait.

Thaïs : Étant en filière scientifique, le plus dur pour nous c’est de faire des Travaux pratiques (TP) à distance n’ayant pas tout le matériel qu’on a au lycée. 

La question du baccalauréat a été une question fondamentale dès le début du confinement. Quelles étaient vos inquiétudes avant les annonces du ministre ?

Chloé : Le plus stressant, c’était surtout le fait de ne pas savoir. En soi, je n’étais pas stressée, car je me disais que ça allait le faire. Mais c’était plus le fait de ne pas avoir des nouvelles pour les oraux de langues qui devaient se tenir la semaine du 4 mai, par exemple. On ne savait pas si on devait les préparer ou pas. 

Martin : Je n’étais pas inquiet sur le fait de ne pas avoir mon bac en soi, mais je l’étais pour les matières principales, où on n’était pas sûrs d’êtres prêts à temps. En plus, je n’avais pas cours d’histoire depuis pratiquement décembre. Là, on reçoit des polycopiés, mais on n’a aucun cours réel ni aucune vraie explication, à part « lisez ça ». C’est troublant.

Finalement, choix a été fait par le ministre d’opter pour un baccalauréat uniquement au contrôle continu. Quels problèmes cela risque-t-il de poser selon vous ?

Thaïs : Heureusement pour moi, j’ai eu des notes correctes tout au long de l’année donc je sais que j’aurai mon bac, mais cette annonce a produit chez moi une démotivation pour les cours, sachant que j’aurai mon diplôme même si j’ai 5 de moyenne au trimestre. 

Je n’ai plus envie de bosser et d’ailleurs c’est ce que je fais. Je fais le strict minimum demandé par les professeurs et le surplus je ne le fais pas, surtout pour les matières que je n’aurai pas l’année prochaine en étude supérieure, comme les maths ou l’histoire-géo. 

Chloé : Au départ, je me disais que c’était n’importe quoi, car tous les lycées n’ont pas la même notation. En arrivant dans le supérieur ou pour ceux qui allaient travailler directement, on allait te demander où tu avais eu ton bac, et ce n’est pas normal. Le principe du bac c’est que c’est une épreuve nationale où on est tous notés avec les mêmes critères. Vis-à-vis de mes notes ça ne change rien, mais je pense à des élèves pour qui c’était très juste dans l’année, qui l’auraient sûrement eu en contrôle terminal, et qui là vont angoisser. Après, je me dis que c’est ce qui se passe déjà pour Parcoursup, où le lycée dépend beaucoup. Donc je me suis dit que c’était dans la continuité de la sélection. 

Chloé évoque Parcoursup. Malgré le confinement, le calendrier de la plateforme n’a pas été modifié. Comment se sont alors passées les démarches pour vous ?

Chloé : La première phase, où on devait faire nos vœux, se terminait le 12 mars, avant le confinement. Ensuite, on avait juste à supprimer les vœux qu’on ne voulait pas et faire nos lettres de motivation. Donc je pense que toute la phase de renseignement qui aurait pu poser problème s’est faite avant le confinement.

Après, j’aurais aimé avoir plus facilement des avis des professeurs, pouvoir leur poser des questions, c’était un peu plus délicat. En plus, j’avais un peu plus l’impression d’avancer dans le flou, car j’ai eu quelques problèmes avec Parcoursup, et je ne pouvais pas en parler avec mes professeurs ou avec le proviseur.

Thaïs : Parcoursup a été source d’un peu de stress pour moi, car sur ma « fiche avenir » je n’avais pas de notes en sport alors que j’ai eu deux notes d’EPS au second trimestre. Ma « fiche avenir », j’ai pu la voir le 28 mars et dès que je me suis aperçue de cela, j’ai prévenu ma professeur principale. Deux jours plus tard, le problème n’était toujours pas réglé donc je l’ai relancé. Elle a contacté le proviseur adjoint, mais lui-même ne savait pas pourquoi je rencontrais ce problème donc il a à son tour contacté le rectorat. Le 1er avril (donc la veille de la clôture des vœux), il a donné la réponse à ma professeur principale. J’ai donc pu valider mes vœux le 1er avril. 

Je pense que le confinement a rendu plus longue la réponse que j’attendais pour mon problème.

Comment percevez-vous la reprise des cours progressive qui va avoir lieu en mai ?

Chloé : C’est un peu compliqué. Au tout début, je me disais qu’il fallait absolument qu’on retourne au lycée, pour se préparer pour le supérieur. Maintenant, je me dis que c’est un peu compliqué avec plein d’aspects de la vie au lycée, comme avec la cantine, où je ne vois pas comment ils vont faire. Je pense que ce n’est pas une bonne idée de nous faire retourner en cours dans des conditions comme ça. Je trouve que c’est tôt.

Thaïs : Sil n’y avait pas eu de reprise, j’aurais complètement arrêté de travailler. De toute façon, les profs ne donnaient plus grand-chose à faire. Je me suis donc remise à bosser en profitant des vacances, même si j’avais bien ralenti le rythme depuis plus d’une semaine. C’est sans doute une bonne chose de reprendre pour les premières et les secondes, mais pour les terminales, ça n’a pas trop d’intérêt pour notre dossier, ça peut même nous pénaliser. Je vais aller en cours à partir du 11 mai seulement parce qu’il y a une clause d’assiduité qui peut nous pénaliser pour le bac si on ne la respecte pas. 

Chloé : En plus, je crois que la première vague est loin d’être passée et pour nous faire retourner au lycée, je ne sais pas comment ils vont s’organiser. Ils veulent que les profs assurent les cours devant les élèves et en même temps à distance. Je ne comprends pas comment c’est faisable. On ne peut pas leur demander de travailler deux fois plus. Et même, ça ne va pas être un climat agréable. Tout le monde va être stressé, je pense.


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