80 ans de la Libération : retour sur le programme du CNR 

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80 ans de la Libération : retour sur le programme du CNR 

Le 15 mars 1943 en France, les organisations politiques et les syndicats opposés à la collaboration ainsi que les multiples mouvements de résistance se réunissent clandestinement à Paris. C’est lors de cette réunion qu’ils créent officiellement le CNR, le Conseil National de la Résistance. 

Le but de cette réunion est double. D’un côté unifier les différentes forces de résistance intérieures et les coordonner, de l’autre définir un projet politique pour reconstruire le pays après-guerre.  

Démocratie au travail, protection sociale et nationalisation sont mis sur la table. Pour les 80 ans de la Libération, petit retour sur un programme économique alors pensé comme une arme contre le grand patronat, collaborateur. 

Une rupture avec les logiques capitalistes en France

Par la création des comités d’entreprises (CE), c’est une réelle démocratisation qui a eu lieu au sein des entreprises. Obligatoire dans celles de plus de 50 salariés, cette instance a pour but de porter leurs voix dans les décisions de l’entreprise comme par exemple les changements de durée et d’organisation du travail, les licenciements économiques collectifs ou de représentants du personnel. 

Ainsi, la direction doit rendre des comptes au CE sur la situation de l’entreprise. Le but est d’instituer un contre pouvoir directement sur le lieu de travail. Le CE avait également une fonction sociale dans la vie des entreprises. Financé par le patronat, il était chargé de financer des activités culturelles et sportives.

La Sécurité sociale, une mesure du CNR

Créée en 1946 sous la houlette du ministre communiste Ambroise Croizat, elle fonctionnait par une caisse de cotisations obligatoire pour tous les salariés 

Ces cotisations servent à prendre soin des travailleurs. Que ce soit la pension de retraite qui remplace le salaire, les indemnités pour arrêt maladie, la prise en charge des soins de santé ou encore les indemnités de congé maternité. La “Sécu” est pensée comme une solidarité nationale entre travailleurs. 

Comme les CE, la Sécu de 1946 participe à donner du sens à la démocratie. Les conseils d’administration des caisses de la Sécu sont composés à 75 % de représentants syndicaux élus lors des élections sociales. Ce sont donc les travailleurs qui gèrent leurs caisses.

Des nationalisations nécessaires 

Le CNR nationalise de grandes entreprises de secteurs stratégiques. Le but de ces nationalisations est de soustraire des pans vitaux de l’économie du pays aux logiques de profit capitalistes pour les soumettre à l’intérêt général. Ainsi, dès fin 1945 ce sont les Charbonnages de France et les houillères du bassin du Nord et du Pas-de-Calais qui passent sous le contrôle de l’État pour garantir la souveraineté énergétique de la nation. 

Puis l’entreprise Renault est également nationalisée pour les besoins en véhicules. Au même titre que les secteurs du transport aérien, une grande partie des banques, des compagnies d’assurance, l’électricité et le gaz.

Ces nationalisations, issues du programme du CNR ont permis la prise de contrôle par les citoyens français, au travers de l’État, de ces secteurs vitaux à la vie du pays.

Des conquêtes attaquées 

Toutes ces conquêtes, pensées comme une arme de lutte contre le retour du fascisme ont rapidement été attaquées et le sont encore. 

Depuis, la Sécu n’est plus gérée par les travailleurs. L’Etat, et donc le patronat, en sont les garants, puisque le Parlement vote lui-même le budget et les orientations de l’institution. 

Dans le domaine des nationalisations, la même dynamique est à l’œuvre. Alors que se pose la question de la nationalisation d’ArcelorMittal, secteur stratégique pour la réindustrialisation, le Gouvernement continue sur la même lancée que ces ses prédécesseurs : celle d’une main libre laissée aux marchés et aux puissances financières.

À l’occasion des 80 ans de la Libération, le programme du CNR résonne donc comme un avertissement. Pour lutter contre le fascisme, les meilleures armes semblent toujours être la démocratie au travail, la sécurité et la planification démocratique.


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