Cette rentrée 2022 était plus que tendue pour les élèves de lycée professionnel. Entre le manque de professeur, la réforme qui arrive ou encore la difficulté à trouver un stage, l’avenir du bac professionnel est clairement menacé.
Une rentrée dans les pires conditions
Lorsque l’on regarde les chiffres de cette rentrée, il semble qu’il est encore pire d’être professeur en lycée professionnel qu’ailleurs. Les salaires faibles sont en cause, mais aussi les conditions de travail réputées plus difficiles qu’ailleurs du fait des réformes successives et des publics accueillis qui cumulent des difficultés scolaires, économiques et sociales.
Les lycées professionnels manquant de professeurs, tous les cours ne sont pas assurés pour les élèves. C’est donc une double peine pour des élèves qui sont déjà souvent en difficulté scolaire sachant que des heures d’enseignement ont déjà été supprimées. Il n’est pas rare qu’une classe n’ait pas de professeur pour une discipline plusieurs mois d’affilés, si ce n’est toute l’année.
Plus d’un quart des postes, selon le SNUEP-FSU, ne sont pas pourvus cette année dans les lycées professionnels, ce qui vient confirmer que la pénurie de professeurs touche en premier lieu les jeunes issus des catégories populaires.
Au vu du manque de professeurs titulaires en nombre suffisant, le ministère recrute de plus en plus de professeurs contractuels, sans aucune formation pédagogique. En 2021-2022, ils représentaient 14,5 % des enseignants en charge d’élèves dans la voie professionnelle.
Une réforme qui risque d’aggraver la situation
Rien ne va s’arranger avec la réforme qui vient, bien au contraire. Les lycées professionnels seront réformés en profondeur sur le modèle de l’apprentissage : c’est ce qu’a confirmé Pap Ndiaye lors de sa conférence de presse de la rentrée 2022.
Le ministre de l’Éducation nationale a annoncé vouloir lutter contre les discriminations et le décrochage scolaire. Pourtant, les faits sont têtus : l’apprentissage en bac pro, c’est un tiers de jeunes qui, par des ruptures de contrats subies, restent sur le carreau sans aucun projet d’avenir et complètement laissés à l’abandon. C’est pourtant ce modèle que veut appliquer le gouvernement de Macron et Borne aux lycées professionnels qui aujourd’hui forment 650 000 jeunes.
De plus, l’augmentation des durées de stage à 50 % aura pour conséquence la réduction du temps de classe. Actuellement, les entreprises ne sont pas à proprement parler formatrices, car les jeunes apprentis sont directement placés sur un poste de travail pour apprendre sur le tas, ce qui ne peut se substituer à une formation.
De plus, les jeunes ont souvent du mal à trouver une entreprise, car pour les employeurs, les lycéens et parfois même les élèves de 3e sont jugés « trop jeunes » et pas « assez sérieux ». La difficulté de nombre de lycéens à se déplacer loin de leur domicile rend aussi cette recherche difficile.
C’est cette situation qui a incité les professionnels à impulser une mobilisation le 18 octobre. Une mobilisation à laquelle la jeunesse des lycées professionnels aura, elle aussi, tout intérêt à se joindre.