Au-delà des dimensions politico-militaires et morales, la face immergée du conflit russo-ukrainien se trouve dans « l’après », dans la reconstruction. Les entreprises françaises se placent d’ores et déjà sur les futurs marchés.
Un processus de paix ne semble même pas imaginé par les pays membres de l’OTAN, pourtant, différents groupes (du BTP et de la cybersécurité notamment) se préparent à la reconstruction de l’Ukraine.
La semaine dernière, une délégation d’entreprises françaises se rendaient à Kiev pour rencontrer les autorités nationales, dans la continuité directe de la conférence internationale organisée le 13 décembre dernier à Paris, qui avait réuni près de 700 entreprises pour « entreprendre la reconstruction du pays ».
Concurrence entre les soutiens de l’Ukraine
Le budget de cette reconstruction est estimé pour le moment à plus de 350 milliards d’euros, ce qui laisse songeur quant à la féroce concurrence à venir entre entreprises européennes et américaines. Avant la visite de la délégation française, des groupes étasuniens et israéliens s’étaient déjà rendus dans le pays pour proposer leurs services — à l’avenir.
Le patronat allemand, lui aussi, rentre dans le rapport de force (qui ne dit pas son nom) en lien avec la Pologne, qui accueillera à la mi-février une nouvelle conférence. Celle-ci se veut être l’étape idéale pour la reconstruction de son voisin.
La future reconstruction, et donc, de fait, la guerre sont vues comme une « réelle opportunité pour les industriels ». D’autant qu’avec son statut de candidate à l’entrée dans l’Union européenne, l’Ukraine devra donner des gages.
Avec plus de 25 000 salariés en Ukraine, les groupes français souhaitent prendre leur « part du gâteau » et remportent d’ores et déjà divers contrats, à l’image de Neo-Eco, groupe lillois qui signait en octobre dernier pour un projet de destruction et reconstruction de bâtiments dans la capitale ukrainienne.
L’industrie militaire sur le devant de la scène
En réalité, la décision d’Emmanuel Macron de livrer des armes lourdes à l’Ukraine ne fut pas surprenante tant il fait des appels du pied aux industriels de l’armement depuis l’été dernier.
C’est de longue date que les gouvernements successifs ont opté pour la qualité en dépit de la quantité pour ce qu’il s’agit de l’arsenal national. Macron, lui, renouant avec la vieille tradition belliciste, mais conjointement rattrapée par la réalité, se voit contraint d’en appeler à « produire plus et plus vite ».
En cette matière, il semble même avoir la volonté d’une relocalisation accélérée. C’est y compris à ce titre que le ministre des Armées Sébastien Lecornu rencontre depuis la rentrée dernière l’ensemble des industriels de guerre.
L’enlisement du conflit permet aux entreprises françaises de faire du profit, ce qui pose la question de la volonté réelle des gouvernements occidentaux d’en finir avec cette guerre et de promouvoir des méthodes de résolution pacifique des conflits.