Ce mercredi 21 février 2024, à travers les figures de Missak et de Mélinée Manouchian, c’est le plein engagement des étrangers et de la classe ouvrière contre l’occupant fasciste qui entrait enfin au Panthéon.
C’est également, quatre-vingts ans jour pour jour après l’exécution de Missak et de vingt-et-un de ses camarades au Mont-Valérien, la Résistance communiste qui accédait pour la première fois au plus haut lieu de la mémoire nationale et républicaine. Il était dès lors impensable pour le Parti communiste français de ne pas rendre hommage à ces camarades “étrangers et nos frères pourtant” qui sont tombés pour la République sociale et universelle.
Rappelons aussi qu’à 37 ans, Missak Manouchian était l’un des plus âgés parmi les résistants de son groupe fusillés le 21 février 1944. Entre autres, les Italiens Spartaco Fontanot et Cesare Luccarini avaient respectivement 22 et 21 ans. Le Juif polonais Marcel Rajman avait 21 ans. Rino Della Negra, Léon Goldberg, Thomas Elek et Maurice Fingercwajg avaient 19 ans. Wolf Wajsbrot n’avait que 18 ans.
Il tenait tout particulièrement à cœur aux militants du Mouvement jeunes communistes de France de saluer dignement la mémoire de ces jeunes âmes assassinées pour que nous puissions vivre libres, certains des résistants de l’affiche rouge ayant d’ailleurs été membres de l’organisation, clandestine, pendant la guerre.
À Paris : déploiements de banderole et participation à de nombreux événements
Alors que c’est au sein de la capitale et de sa région qu’était actif le “groupe Manouchian”, la fédération de Paris du MJCF s’est spécialement attelée à honorer le souvenir des FTP-MOI.
Très vite, les jeunes communistes parisiens se sont dotés d’une large banderole rouge sur laquelle figurent les visages de Missak et de Mélinée, dessinés par une militante. Est également inscrit sur cette banderole en grosses lettres blanches : “Aux Résistantes et Résistants communistes et étrangers, la Patrie reconnaissante”.
Au cours des semaines précédant la panthéonisation de Missak, les différentes structures de la fédération parisienne ont œuvré à déployer cette banderole partout au sein de la capitale : sur la Place de la République, sur la Place de la Sorbonne, à la Porte de Choisy, Rue du Groupe Manouchian dans le XXe arrondissement, devant le Panthéon…
Le 15 février, la “JC-Paris” a notamment choisi de cibler le centre universitaire Pierre-Mendès-France (Tolbiac). Assan Lakehoul, Secrétaire général du MJCF était présent. Il a pu prendre la parole depuis la dalle des Olympiades. La banderole a ensuite été déployée par une trentaine de militants à la sortie du campus. Des fumigènes ont été allumés et des centaines de tracts relatant le parcours de Missak, de Mélinée et des FTP-MOI ont été diffusés aux étudiants et au personnel du centre.
Le 17 février, la fédération de Paris du MJCF a organisé un banquet fraternel dans le XXe arrondissement. Celui-ci s’est ouvert sur un très émouvant discours de sa secrétaire à la formation, suivi d’une prise de parole de Patrick Staat, Secrétaire général de l’Association républicaine des anciens combattants qui faisait l’honneur de sa présence au cours de cet événement. La soirée s’est ensuite poursuivie sur une reprise des Strophes pour se souvenir d’Aragon (mis en musique par Léo Ferré : L’Affiche Rouge en 1961) interprété par une chorale militante fraîchement constituée, accompagnée de deux bassons et d’un clavier.
Enfin, plusieurs dizaines de communistes, mais aussi de sympathisants, ont assisté à une conférence sur l’Histoire de l’engagement des étrangers au sein du PCF et de la CGT, du rôle qu’ont joué les FTP-MOI, Missak, son groupe et Mélinée dans la Résistance.
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Les jeunes communistes de Paris ont également assisté à de nombreux évènements organisés par le PCF au sein de son siège national, Place du Colonel Fabien. La veille de la panthéonisation, encore, ils écoutaient la reprise de L’Affiche Rouge par le député des Bouches-du-Rhône Pierre Dharréville accompagné de sa guitare ainsi que la voix de l’artiste franco-arménienne Chouchane qui reprenait des chansons traditionnelles caucasiennes. Au matin du 21 février, ils entendaient les mots poignants de Pierre Ouzoulias, sénateur communiste des Hauts-de-Seine, impliqué au premier plan dans l’entrée de Missak et de Mélinée au “Temple de la Gloire”.
Le même jour, en début d’après-midi, la “JC-Paris”, munie de sa banderole, s’est rendue à l’hommage organisé par la mairie du XXe arrondissement. Leur présence massive a été saluée par bon nombre d’élus communistes et progressistes comme Éric Pliez, maire Divers gauche de l’arrondissement.
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Et ailleurs en France ?
L’hommage du Mouvement jeunes communistes de France à la Résistance communiste et étrangère ne s’est cependant pas limitée à la capitale. Partout à travers le pays, des fédérations de l’organisation ont planifié diverses initiatives mettant en avant le “groupe Manouchian” et les FTP-MOI.
Les militantes et militants du Finistère étaient ainsi présents aux commémorations à Brest, à Morlaix et à Quimper pour y prendre la parole et y déposer des gerbes.
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De très nombreuses fédérations du mouvement ont pris part aux commémorations locales comme dans le Puy-de-Dôme ou en Seine-Saint-Denis.
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La fédération des Hauts-de-Seine était également présente au Mont-Valérien, où a été exécuté le “groupe Manouchian”, à la veille de la panthéonisation. Tandis que celle du Val-de-Marne, département où reposaient Missak et Mélinée jusqu’à la semaine dernière, ont réalisé des visuelles présentant certains des membres du groupe comme Celestino Alfonso, Wolf Wajsbrot ou Robert Witchitz.
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Entrent ici Missak et Mélinée Manouchian
Ce 21 février, les jeunes communistes étaient présents à Paris dans le cadre de la cérémonie de panthéonisation de Missak et de Mélinée Manouchian.
Ils étaient tout d’abord nombreux rue de Plaisance, dans le XIVe arrondissement, où résidaient Missak et Mélinée, afin d’assister aux discours successifs de Fabien Roussel, Secrétaire national du PCF et de Sophie Binet, Secrétaire générale de la CGT.
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Suite à ces prises de paroles, plusieurs centaines de militants du PCF et du MJCF ont décidé de se rendre ensemble rue Soufflot, où aurait lieu la montée des cercueils de Missak et de Mélinée, constituant un cortège sauvage derrière la banderole des jeunes communistes parisiens. Les forces de l’ordre, sans doute prises au dépourvu, ont laissé, sans objecter, cette vague de drapeaux rouges chantant l’Internationale et la Marseillaise accéder au Vᵉ arrondissement, pourtant complètement bouclé.
Arrivés sur place, les militants communistes se sont, dans un premier temps, vus empêcher le déploiement de leurs drapeaux, et ont été mis à l’écart de la rue Soufflot, derrière plusieurs fourgons de CRS. La frustration des militants a généré un climat de tension avec les gardiens de la paix, tension atténuée par le professionnalisme et la solidité du dispositif d’“Accueil et Sécurité” mis en place par le PCF.
Désobéissant aux instructions qui leur ont été données, les communistes ont tout de même pu accéder au “carré” qui leur avait initialement été adressé et y déployèrent leurs drapeaux. La police a finalement laissé faire, ne souhaitant pas réprimer de militants en un jour aussi important que celui-ci.
Reste-t-il que ce “carré” réservé aux militants, situé au croisement entre la Place Edmond Rostand et la Rue de Médicis, est au fond de la rue Soufflot, rendant la cérémonie quasiment inaudible pour les communistes. Cumulé au froid et à la pluie qui s’abattait sur Paris depuis midi, les conditions étaient loin d’être optimales pour qu’ils puissent assister à l’hommage.
La cérémonie a débuté par l’énumération des vingt-trois noms des Partisans condamnés par l’occupant le 18 février 1944 (en plus de celui de Joseph Epstein, responsable des FTP parisiens, fusillé le 11 avril). Alors, vingt-quatre fois, on entendit hurler “Mort pour la France” depuis le “carré militant” où flottaient les dizaines de drapeaux rouges, du sang des martyrs et de la République sociale.
Si la mort n’éblouit pas les yeux des Partisans, les camarades qui restent, eux, avaient les yeux brillants, tremblaient, à la simple évocation de ces vingt et quatre noms qui donnèrent leur cœur avant le temps, et plus tard au cours de la cérémonie, lors de la magnifique interprétation de L’Affiche Rouge par Feu! Chatterton.
Pour contourner l’interdiction de chanter qui leur avait été adressée, les militants communistes se mirent à fredonner L’Internationale, la Marseillaise et le Chant des Partisans.
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Enfin, lorsque commença le discours d’Emmanuel Macron, beaucoup de communistes hésitèrent à s’en aller, décidant de boycotter cette possible récupération libérale de la mémoire résistante, ouvrière et communiste. Cependant, quelle ne fut pas leur agréable surprise lorsqu’ils entendirent que celui-ci avait choisi de ne pas occulter l’engagement de Missak, et qu’il en fit même l’éloge : “Parce qu’ils sont communistes, ils ne connaissent rien d’autre que la fraternité humaine, enfants de la Révolution française, guetteurs de la révolution universelle.” Pour la première fois, ils avaient face à eux un président de la République, soucieux de réparer l’injustice de l’oubli, pendant quatre-vingt ans, du ferme engagement des communistes contre l’occupant, de ce que fut le “Parti des fusillés”.
Après la cérémonie, les militants communistes, émus et trempés par la pluie, quittèrent la rue Soufflot comme ils y étaient arrivés : drapeaux en mains, et en chantant la République et la fraternité des peuples libres. Ils avaient eu, tout le long de la journée, une profonde volonté de rendre un hommage digne à ceux qui crièrent la France et le socialisme en s’abattant. Beaucoup d’entre eux choisirent de désobéir aux consignes qui leur avaient été données, car c’est sans doute ce qu’auraient fait les dix camarades de l’affiche rouge, puisqu’il était impensable que les militants ne puissent pas assister et participer pleinement à l’hommage national rendu à vingt et quatre d’entre eux.