Les services publics et la Sécurité sociale fortement attaqués

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Les services publics et la Sécurité sociale fortement attaqués

Ne leur parlez surtout pas de “cure d’austérité”. Depuis des semaines, les membres du gouvernement tentent toutes les pirouettes rhétoriques pour expliquer que les coupes budgétaires prévues ne participent pas d’une politique de rigueur. 

Pourtant, le projet dévoilé cette semaine présente des coupes budgétaires inédites depuis 40 ans, qui risquent d’achever des services publics et une Sécurité sociale déjà exsangues.  

Les services publics visés par les coupes 

S’il se défend donc de faire une “cure d’austérité”, le gouvernement compte ponctionner 20 milliards d’euros aux services publics. 

Malgré un habile jeu de maquillage laissant apparaître des budgets stables ou en hausse, les ministères de la Justice, de la Culture ou encore l’Enseignement supérieur et de la recherche subiront, à divers degrés, des économies par rapport aux engagements pris ces dernières années. L’agriculture, le sport, les Outre-mer ou encore l’action extérieure de l’État subiront, eux, des coupes sèches. Une facture que paieront les populations qui bénéficient de ces services en voyant la qualité des prestations fournies baisser. 

Mais il est certain que la coupe la plus symbolique demeure celle dans l’Éducation nationale. Tout en prétendant investir dans l’école (+0,1%), le gouvernement annonce la suppression de 4 000 postes de professeurs. Une provocation, un mois après une rentrée scolaire qui fait état d’un manque criant d’enseignants, 3 000 postes n’étant toujours pas pourvus. Si le gouvernement justifie cette coupe par une baisse prévue des effectifs, son équation ne tient pas : dans une Éducation nationale en déficit constant de professeurs, supprimer de nouveaux postes, même avec moins d’élèves, contribue à dégrader la qualité du service public. 

L’addition sera donc payée par les élèves, qui seront toujours plus entassés dans leurs salles de classes et verront toujours autant d’heures de cours non remplacées. Il faut dire que tout le monde n’a pas la chance d’être le ministère des Armées, qui bénéficie, lui, d’une hausse de plus de 3 milliards d’euros, et qui apparaît comme le seul ministère bénéficiant d’une vraie politique d’investissement. 

Tout un symbole, dans une période où la France semble toujours plus prompte à s’aligner sur les positions de l’OTAN en matière de politique extérieure. Pour les autres, c’est le régime sec ! 

La santé comme variable d’ajustement 

Mais puisque le cadavre est encore vivant, le gouvernement assène le coup de grâce, avec quelque 15 milliards d’euros d’économies dans le budget de la Sécurité sociale. Actuellement à hauteur de 70 %, le taux de remboursement des consultations médicales pourrait passer à 60 %. Une véritable aubaine pour les complémentaires de santé qui risquent bien de faire se répercuter la hausse de leur prise en charge par une augmentation des cotisations. Pour les 3% de Français n’en disposant pas, le prix de la consultation augmentera donc. 

Et comme il n’y a pas de petites économies, même sur la santé, Michel Barnier souhaite aussi raboter les indemnités journalières en cas d’arrêt maladies et ambitionne de demander un “effort sur la pertinence des prescriptions médicales”, entendez par là un recours plus faible aux médicaments pour les personnes malades. Alors que le renoncement aux soins est un phénomène qui touche de plus en plus de personnes et de territoires, ces mesures risquent d’en aggraver encore un peu plus l’ampleur. 

À la lecture complète du budget présenté, on peine à voir où se situe le fameux équilibre vanté par Michel Barnier, tant l’évidence semble sous nos yeux : pour financer ses économies, le gouvernement fait le choix de saigner les travailleurs et les services publics, en prenant bien soin de préserver le capital et les plus riches. 

En revanche, on notera l’absence d’économies faites sur les milliards d’euros d’aides aux entreprises versées sans conditions, ou encore d’efforts faits pour récupérer les dizaines de milliards d’euros de l’évasion fiscale. Un oubli, sans doute.


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