Face aux faits de violence entre jeunes, les Jeunes communistes proposent un grand plan de lutte contre les violences. Entretien avec Assan Lakehoul, Secrétaire général du Mouvement jeunes communistes de France.
Peux-tu nous expliquer pourquoi le MJCF a choisi de présenter ce plan ? N’est-ce pas un sujet pour la droite ?
C’est justement pour ne pas leur laisser cette question ! Les violences entre jeunes sont une vraie question. Il est normal qu’un mouvement de jeunesse en parle. Il n’est pas si simple de dire, comme la droite, que ces violences explosent, mais ce qui est sûr, c’est qu’elles existent. Faire le choix de ne pas les voir ou de juste parler de “faits divers” ne suffit pas. C’est un fait social, il faut s’y attaquer. Le problème, c’est que le gouvernement, la droite et l’extrême droite n’ont qu’une seule réponse : la répression. Ces violences seraient dues à une jeunesse “ensauvagée” qu’il faut mater. Face à un problème complexe, ils apportent une réponse simpliste. C’est un mensonge. La gauche, elle, est mal à l’aise avec cette question ou se contente de dire qu’il faut recruter plus de professeurs. C’est essentiel, mais ça ne suffit pas. Il y a besoin d’une réponse complète.
En quoi consiste votre plan ?
Le premier point, c’est protéger et accompagner la jeunesse. Cela passe par donner plus de moyens aux travailleurs sociaux pour qu’ils puissent faire leur métier. Cet accompagnement doit aussi être fait à l’école, en recrutant plus d’Assistants d’éducation qui sont des adultes proches des élèves, et à qui ceux-ci peuvent se confier. Lutter contre les violences, c’est aussi lutter contre le harcèlement scolaire en recrutant des psychologues et des assistants sociaux scolaires. Mais ça ne suffira pas. Il faut aussi lutter contre la pauvreté, qui peut isoler les jeunes et les diviser. Permettre aux jeunes d’accéder à un travail choisi, qualifié, bien payé…
Tout cela permet de faire reculer les trafics, de faire reculer la violence, car il offre à chacun une place dans la société. La question des trafics est un autre axe de notre plan, car beaucoup de violences entre jeunes se font sur ce terrain. Il faut des moyens dans la police pour enquêter et démanteler les réseaux, et pas juste s’en prendre aux revendeurs. Mais il faut aussi s’attaquer aux flux financiers de financement et de blanchiment des trafics, en sanctionnant les banques complices. Le meilleur allié des trafics et des violences, c’est le capitalisme !
Vous avez aussi récemment dénoncé la responsabilité de certains influenceurs religieux dans la montée des violences entre jeunes.
Oui, car je pense qu’on ne se rend pas compte de leur impact. Aujourd’hui, on a des influenceurs religieux qui font des centaines de milliers de vues en expliquant aux jeunes comment ils doivent vivre. Cela va de la manière de s’habiller, de manger, aux interdictions faites aux femmes de fréquenter des hommes ou de partir en vacances entre copines si elles ne sont pas mariées. On l’a malheureusement vu dernièrement, des drames sont commis sous couverts de religion. Ceux qui font la promotion de propos rétrogrades et rigoristes, qu’ils soient musulmans ou chrétiens, doivent être censurés, car ils donnent le feu vert à certains pour commettre des violences.
Justement, vous faites de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles un axe important de votre plan.
Lorsqu’on parle d’insécurité, on oublie souvent celle qui touche la moitié de la population. Il est temps de débloquer les trois milliards d’euros pour la lutte contre les violences sexistes et sexuelles que réclament les organisations féministes. Il faut aussi agir dès l’école avec la mise en place réelle des séances d’éducation à la vie sexuelle et affective, afin que les jeunes construisent des relations débarrassées de toute forme de domination.
Notre plan est large. Chaque mesure prise individuellement ne règlera pas le problème. C’est l’ensemble des mesures qui permettront de faire reculer vraiment les violences. Cela implique un véritable changement de société !