Gratification des stages en lycée professionnel, l’arnaque du gouvernement

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Gratification des stages en lycée professionnel, l’arnaque du gouvernement

C’est la mesure phare de la réforme du lycée professionnel présentée par Emmanuel Macron. À partir de la prochaine rentrée, les élèves des lycées professionnels seront rémunérés pour leurs stages. Pourtant, et malgré les louanges tressées par certains grands médias sur le sujet, cette mesure pose bien plus de problèmes qu’elle n’en résout. 

Une demande légitime des élèves

En proposant une gratification pour les élèves, Emmanuel Macron répond à une revendication réelle des élèves des lycées professionnels. Confrontés à plusieurs semaines de stage dès leur année de seconde, ces jeunes subissent souvent une véritable exploitation sur leurs lieux de stage. 

Quand ils ne sont pas cantonnés à des tâches subalternes très éloignées du métier qu’ils apprennent, ils effectuent des missions qui, en leur absence, seraient réalisées par des salariés. Ainsi, les stages en milieux professionnels s’apparentent bien souvent à du travail déguisé, et il est bien légitime alors de proposer aux stagiaires une rémunération. 

Mais est-ce cela qui est réellement proposé par Emmanuel Macron ? 

Se lever pour 50 c’est insultant 

Une fois passé l’effet d’annonce, la grande « gratification » promise par le gouvernement a de quoi décevoir. Et pour cause. À 50 euros la semaine en seconde, 75 en première et 100 en terminale, la rémunération ressemble plus à une aumône. 

Un élève de seconde sera donc « gratifié » de 1,40 euro de l’heure, tandis que ces aînés de terminale verront eux cette rémunération frôler la barre de 3 euros. 

Et c’est bien ici que la réforme voulue par Emmanuel Macron étale toute son incohérence et son cynisme. En leur offrant une gratification, la réforme reconnaît implicitement que les stagiaires travaillent. Dans ces conditions, comment justifier une rémunération aussi faible ? 

Alors que les stages sont censés préparer l’entrée dans la vie professionnelle, la gratification se situe en dehors de toute réglementation du droit du travail. Une manière de les habituer dès le plus jeune âge à des conditions d’emploi dégradées ? 

1 milliard offert aux patrons

Dans sa volonté de gratifier les stagiaires de quelques euros, le gouvernement est cependant bien décidé à ne pas mettre à contribution le patronat. 

Non content de proposer aux stagiaires une rémunération de misère, le gouvernement propose que ce soit l’État, et donc le contribuable, qui mette la main à la pâte, pour un coût total d’1 milliard d’euros annuels. 

Il s’agit ici d’un véritable cas d’école d’un État au chevet des profits des capitalistes, allant même jusqu’à financer de la main-d’œuvre gratuite pour eux. 

Ici aussi s’expriment toutes les contradictions de la réforme. En reconnaissant le travail des stagiaires, le gouvernement reconnaît que les patrons tirent profit de leur présence dans l’entreprise. La logique voudrait donc que ce soient eux qui viennent financer cette gratification. Mais enfermé dans un dogme néo-libéral, le pouvoir se refuse absolument à envisager la mise à contribution des profits des capitalistes. 

Pas de gratification publique, mais une vraie rémunération

Une véritable réforme de l’enseignement professionnel sur les stages devrait pourtant reconnaître pleinement le travail effectué par les élèves lorsqu’ils sont en stage dans des entreprises privées. 

Soumis à une pression patronale et à des impératifs de rentabilité, ceux-ci devraient être rémunérés au SMIC, évidemment financé par les patrons.

Quant aux stages en eux-mêmes, c’est à une refonte totale que ceux-ci devraient être soumis, afin qu’ils soient libérés des impératifs capitalistes et qu’ils servent réellement la formation des élèves en leur permettant d’appliquer en situation réelle des compétences et connaissances enseignées au lycée. 


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