Ils ne sont plus que deux. Après 3 semaines de scandales, de censure, mais évidemment de beau (et moins beau) football, la France et l’Argentine se disputeront le titre de champion du monde au Qatar. L’occasion de revenir, une dernière fois, sur les faits marquants de cette semaine, sur le terrain, mais aussi en dehors.
On a aimé
La France proche de l’exploit
Ils auront fait bien plus que conjurer la malédiction. Voilà deux éditions que les tenants du titre ne parvenaient pas à passer la phase des poules.
Cela avait été vite réglé pour l’équipe de France cette année, en devenant la première nation à se qualifier pour les huitièmes de finale, et ce dès le second match. Mais en battant le Maroc en demi-finale (2-0), les Bleus sont rentrés dans le club très fermé des sélections enchaînant deux finales de Coupe du monde d’affilée (Italie, Pays-Bas, Brésil, Allemagne de l’Ouest et Argentine).
En dominant les Anglais puis les Marocains, deux adversaires solides et loin d’être dépassés, la sélection française arrive en position de favorite dans cette finale.
Attention cependant à la sélection argentine, actuelle championne d’Amérique, qui a réalisé un mondial sans trop d’accrocs. Une inquiétude particulière vis-à-vis de Lionel Messi, auteur d’un excellent mondial et qui compte bien décrocher le titre de champion du monde pour la première fois, venant ainsi couronner de la plus belle des manières la carrière d’un des plus grands joueurs de football de l’histoire.
Les bleus aussi auront rendez-vous avec l’histoire, en pouvant devenir ce dimanche la troisième nation, avec l’Italie et le Brésil à remporter deux coupes du monde d’affilée. Un exploit à portée de main si les Giroud, Mbappé, Griezmann et autres Hernandez jouent avec le niveau flamboyant qu’on leur a connu durant toute la compétition.
La diversité des continents représentés en demi-finale
Lors des dernières demi-finales en Russie (2018), seul le continent européen était représenté. C’était déjà le cas en 2006, où le dernier carré avait vu s’affronter la France, l’Italie, le Portugal et l’Allemagne. En 2014, le Brésil avait permis au continent américain de s’inviter dans les demi-finales, tout comme l’avait fait l’Uruguay en 2010.
Cette année, les deux tickets pour la finale ont été disputés par trois continents (avec la présence pour la première fois d’une sélection africaine) : le Maroc, la France, la Croatie et le Brésil. Il faut remonter au mondial de 2002 pour voir une telle diversité.
La preuve d’une montée en niveau du football mondial, mais aussi d’une progression de certains continents, s’affirmant de plus en plus comme des nations capables de rivaliser avec les sélections habituées aux phases finales. Avec le Maroc en demi-finale, le football africain était clairement à la fête, et a permis de mettre un coup de projecteur sur certains joueurs que, gageons-le, on retrouvera rapidement dans les plus grands clubs européens.
On a moins aimé
Le seum habituel des perdants
C’est une tradition aussi importante que le champagne dans les vestiaires après la victoire. Cette année encore, les vaincus aux portes des demi-finales ou de la finale ont pu encore faire part de leur déception en salle de presse d’après match, avec plus ou moins de bonne foi.
Si les Belges avaient été rois dans la discipline après leur défaite face aux Bleus en 2018, il semblerait qu’ils aient trouvé un rival sérieux en la personne de Kane, capitaine de la sélection anglaise. Avec son coéquipier Rice, ils ont pu développer les grands classiques du genre : « nous avons eu les meilleures occasions », « à part leurs deux buts, je ne me souviens pas de les avoir vus être créatifs », « la meilleure équipe a perdu ce soir ». Une masterclass de mauvaise foi et de seum.
C’est visiblement aussi en salle de presse que l’on récolte tout le sel de la Croatie. Pourtant battu très largement par l’Argentine (3-0), le capitaine Luka Modric a fait le choix de faire reposer la responsabilité de cette déroute sur… l’arbitre évidemment ! Coupable selon lui d’une erreur (un pénalty en faveur de l’Argentine), l’arbitre aurait ainsi fait basculer tout le match. C’est moche, et en plus c’est faux.
Le match de catch entre les Pays-Bas et l’Argentine
Mauvaise joueuse aussi, l’Argentine ne s’est malheureusement pas illustrée uniquement par ses excellents résultats sportifs dans la compétition. Son quart de finale face aux Pays-Bas a ainsi été un monument d’anti jeu et d’agressivité, face à des Hollandais, pas toujours en reste non plus, dans une opposition pourtant d’excellente qualité sur le plan sportif et palpitante quant à son issue.
Au total, 14 cartons jaunes et 1 rouge auront été distribués aux deux sélections. Tacles à la gorge, énorme caramel en direction du banc adverse, refus de se donner le ballon, insultes lancées, bagarre générale avec intervention des remplaçants…
Le match a pu avoir à un certain moment la saveur d’un derby amateur un dimanche après-midi. Les deux équipes auront même réussi l’exploit de prendre un carton jaune chacun durant la séance de tirs au but. Du grand art.
Mais les Argentins ont clairement remporté le trophée de l’anti-fair play lors du tir aux buts de la victoire en se tournant vers les Hollandais abattus et en leur faisant grimaces et autres amabilités pour célébrer leur victoire. Et de conclure, en salle de presse, par un commentaire sur l’arbitre espagnol de la rencontre, par la voix du portier argentin Emiliano Martinez : « Cet arbitre est fou, arrogant… Tu lui dis quelque chose, il te parle mal. Honnêtement, c’est le pire arbitre de la Coupe du monde et de loin ».
Le palmarès de la honte
L’extrême droite qui s’invite à la fête
C’était à prévoir. Avec le beau parcours de la sélection marocaine et les manifestations de joie de ses supporters en France, les chaînes d’information en continu ont ressenti le besoin d’inviter les responsables d’extrême droite à s’exprimer sur le phénomène.
On a ainsi pu voir défiler sur les plateaux les Zemmour et autres Bardella s’indigner que des Français puissent supporter une autre équipe (surtout quand elle est maghrébine visiblement) que celle de leur pays, et, évidemment, centrer toute leur attention sur les débordements exceptionnels qui ont pu avoir lieu. Et évidemment, la demi-finale opposant la France et le Maroc figurait parmi leurs plus grandes craintes. À les entendre, il fallait s’attendre à des débordements, des lynchages, et à voir la France se déchirer en deux.
Pourtant, rien de tout cela ne s’est vraiment produit, et la soirée fut globalement assez calme, malgré des violences, mais pas du côté prédit par les fascistes de plateau télé. Cette excitation médiatique de l’extrême droite aura une fois de plus décomplexé les groupuscules néonazis de France. C’est ainsi qu’à Lyon, Nice ou Montpellier, des militants d’extrême droite s’en sont pris à des supporters marocains, souvent aux cris de « la France aux Français ». Sans soulever cette fois-ci l’indignation des réactionnaires.
Macron satisfait de l’organisation du mondial au Qatar
Il l’avait promis. Le chef de l’État s’est rendu au Qatar pour assister à la demi-finale opposant la France au Maroc. Et visiblement, il n’avait pas amené son courage politique dans la valise.
Fidèle à sa doctrine « il ne faut pas politiser le sport », Emmanuel Macron n’a eu aucun mot lors de sa visite pour les ouvriers morts sur les chantiers, pas plus que pour les droits humains bafoués chaque jour dans l’émirat.
Pire, il a congratulé chaudement la dictature pour l’organisation de cette coupe du monde en déclarant que « l’organisation est bonne, la sécurité est bonne » et que « le Qatar l’organise très bien, cette coupe du monde ». Tant pis pour la censure des supporters, des joueurs et de tous les autres…
Se faisant, il participe ainsi de l’entreprise de normalisation de la situation, qui permet au Qatar d’être le véritable vainqueur de cette édition, en ayant pu étouffer toute contestation politique grâce à la complicité de la FIFA et de certaines fédérations sportives, France en tête.