Réforme des retraites : une mobilisation qui se construit aussi chez les jeunes

publié le dans
Réforme des retraites : une mobilisation qui se construit aussi chez les jeunes

La journée du 31 janvier aura vu les syndicats professionnels organiser une démonstration de force sans précédent au 21e siècle en France en mettant près de 3 000 000 de personnes dans la rue. 

Au-delà de cortèges syndicaux bien fournis, difficile de passer à côté du rajeunissement des manifestations avec une forte présence de la jeunesse, bien au-delà des secteurs et villes habituées aux mobilisations. 

Les lycées à la pointe de la mobilisation des jeunes 

C’est souvent un signe de bon augure (ou de mauvaise si l’on fait partie du gouvernement) : lorsque des lycées sont bloqués les jours de mobilisation syndicale, c’est que la contestation s’étend. 

Cette mobilisation ne déroge pas à la règle avec une mobilisation lycéenne qui a débuté dès le premier jour de mobilisation et qui s’est poursuivie en cette journée du 31 janvier. 

C’est ainsi qu’à Angers ou à Clermont-Ferrand, des blocus ont été organisés à l’initiative de militantes et militants du Mouvement jeunes communistes de France. 

Pour Victor, responsable de l’organisation dans le Maine-et-Loire, « la mobilisation a été évidente pour les lycéens dès que nous sommes venus avec les premiers tracts pour les informer de la réforme ». 

Des jeunes communistes que l’on aura aussi retrouvés sur des blocus à Grenoble, Tours ou Nantes afin de prêter main-forte aux lycéennes et lycéens mobilisés devant leur établissement. 

« C’est aussi ça le rôle des jeunes communistes : appuyer les mobilisations, aider les jeunes à s’organiser par eux-mêmes », déclare Tom, dirigeant du MJCF dans l’Isère. 

Même son de cloche à Toulouse, où les jeunes communistes « mettent à disposition leurs locaux, leurs imprimantes, leurs mégaphones et bien sûr leur savoir-faire militant pour aider les lycéennes et lycéens à se mobiliser » comme le raconte Emma, responsable à l’organisation du mouvement communiste en Haute-Garonne. 

Ailleurs, si le blocage n’est pas toujours l’option retenue, les jeunes n’en sont pas moins mobilisés. 

« À Tulle, pour l’instant les lycéens ne veulent pas trop bloquer. Du coup, on organise des rassemblements devant le lycée le matin de la manifestation avec banderoles et mégaphones. Ça nous permet de ramener beaucoup de monde dans les cortèges » se félicite Arthur, responsable corrézien du MJCF. 

Les mêmes types de dispositifs sont mis en place à Orléans, Tarbes, à Annecy ou encore à Rouen, « et à chaque fois, ça nous permet de ramener du monde en manif » selon Clémentine, coordinatrice départementale du MJCF 76. 

Au-delà de la mobilisation les jours de manifestation, des lycéennes et lycéens s’organisent toute la semaine à travers des « comités d’action » pour préparer les mobilisations à venir. À Annecy, mais aussi à Foix ou à Aubenas, on se réunit pour organiser la venue de tout le monde aux manifestations, pour faire des pancartes… ou simplement échanger sur la réforme. 

Une montée en puissance de la mobilisation étudiante

Elles sont d’habitude les grandes figures de la mobilisation des jeunes dans les mouvements sociaux. Si les universités s’étaient peu mobilisées le 19 — la faute à une rentrée tardive et aux périodes de partiels — celles-ci sont peu à peu entrées dans la danse à l’occasion de la journée du 31. Là aussi, le mouvement dépasse largement les grandes métropoles. 

Ainsi, à Caen, des Assemblées générales ont été organisées dans la semaine à l’initiative de l’Union des étudiantes et étudiants communistes, tout comme dans le petit centre universitaire de Foix (« une première » selon les organisateurs) ou d’Albi.

« L’objectif, c’est d’abord d’informer les étudiantes et étudiants, de discuter, puis d’organiser des cortèges jeunes dans les manifestations. Et les rangs grossissent à chaque fois », détaille Wiam, la responsable des jeunes communistes de Besançon, où l’université était fortement mobilisée. 

Parfois aussi, la mobilisation ne vient pas toujours des milieux étudiants les plus attendus. 

À Toulouse par exemple, l’université Jean-Jaurès fait figure de bastion historique des mobilisations sociales. Signe que les temps changent, mais aussi que la mobilisation s’amplifie, une Assemblée générale a été organisée à l’université Capitole, qui abrite les cours de droit et d’économie, et qui n’est pas connue pour son histoire militante. « C’est historique », s’enthousiasme Astrid, responsable de l’UEC sur l’université. Pour la militante, « c’est la preuve que cette réforme est rejetée massivement dans le pays, même parmi des secteurs qu’on n’a pas l’habitude de voir se mobiliser ». 

Dans toute la France, des jeunes dans les cortèges

Si dans certaines villes, le mouvement n’est pas encore ancré sur les lieux d’éducation, cela n’a pas empêché la jeunesse de venir grossir les rangs des manifestations du 31 janvier. 

Qu’ils manifestent seuls ou au sein de cortèges jeunes, difficile de passer à côté des drapeaux rouges et blancs des Jeunes communistes qui flottent dans les cortèges. 

« C’est vrai qu’il est difficile de ne pas nous voir » s’amuse Léon Deffontaines, secrétaire général du MJCF. « Bien souvent, nous sommes la seule organisation sur le territoire, et dans les grandes villes, nous sommes souvent les plus nombreux ». 

Ainsi à Lyon, Paris, Bordeaux, Lille, Rouen ou Poitiers, les jeunes communistes sont présents en masse dans les cortèges rassemblant les jeunes de la manifestation. 

Zoé, responsable du MJCF dans la Vienne, nous en explique la recette : « Nous, on est présent toute l’année devant les lycées et les facs, donc forcément, quand il y a un mouvement social, on peut ramener du monde ! »

Mais c’est aussi à Nantes, Vierzon, Dax, Bayonne, Pau, Belfort, Guingamp, Périgueux, Reims, Boulogne-sur-Mer, Le Havre, Brest, Lorient, Amiens et ailleurs que les jeunes ont défilé pour protester contre une réforme qu’ils considèrent comme injuste. Dans ces villes, les drapeaux du MJCF flottent dans les rangs des cortèges jeunes. 

Alors, mardi 7 février, acte 3 pour les jeunes ? Tandis que les organisations syndicales donnent deux rendez-vous aux travailleuses et travailleurs la semaine prochaine, il y a fort à parier que la jeunesse se joindra à l’appel pour montrer au gouvernement que la retraite est aussi une affaire de jeunes ! 


Édition hebdomadaire