Lundi, le résultat du vote de la motion de censure déposée par le groupe LIOT est tombé comme un couperet : la motion est rejetée, à 9 voix près.
Le 20 mars 2023, le Parlement, qui laissait peu de doute à ce sujet, confirme ainsi sa déconnexion de la population française. Sans surprise, ce sera donc à la rue de faire plier le gouvernement.
Un gouvernement à un fil de la chute
La motion de censure, qui échoue de justesse, menaçait de faire tomber le gouvernement après un énième usage du 49.3. Elle a recueilli 278 voix sur les 287 nécessaires à mettre Elisabeth Borne à la retraite.
Là où le pessimiste verra un échec supplémentaire de la démocratie institutionnelle, l’optimiste se souviendra que, quelques heures avant le scrutin, l’estimation de l’écart des voix se chiffrait à plusieurs dizaines de votes de députés. 9 voix donc, un mouchoir de poche, ne peuvent suffire à cacher la débâcle dans laquelle se trouve le gouvernement Borne jusque dans l’hémicycle.
Devant ce résultat, Emmanuel Macron tente de garder la tête haute, en se focalisant sur le seul résultat de la motion de censure. Pourtant, l’Assemblée nationale n’a pas voté la réforme des retraites, car elle est passée sans vote.
Il est désormais clair que même l’Assemblée nationale n’est plus un espace contrôlé par Renaissance, qui ne doit son salut qu’à une partie des Républicains. Une telle justesse explique aussi la décision du recours au 49.3 : si la loi avait été soumise au vote de l’Assemblée, elle ne serait pas passée.
La lutte ne s’arrête pas. L’intersyndicale avait déjà prévu la date du 23 mars pour une nouvelle journée de mobilisation nationale, peu importe le résultat du vote à l’Assemblée, le combat reste nécessaire.
Le recul du gouvernement, faible comme jamais auparavant, est possible et l’épisode du lundi 20 mars n’est pas intimidant : en 2006, le CPE était passé à l’Assemblée, mais avait été retiré sous la pression populaire.
La réaction populaire
Le soir même du vote sur la motion de censure, plusieurs rassemblements et manifestations spontanées ont éclaté dans toute la France, comme cela avait été le cas jeudi 16 mars après l’utilisation du 49.3 par Elisabeth Borne.
En parallèle des dates de mobilisation nationale appelées par l’intersyndicale, ces manifestations spontanées font l’objet d’une répression sévère par les forces de l’ordre, qui n’ont pas hésité à nasser, gazer ou matraquer les manifestant.e.s. De la même manière, plusieurs occupations et blocus étudiants avaient été réprimés par la police les semaines précédentes.
Alors le gouvernement continue à faire la sourde oreille et à minimiser la mobilisation, ces rassemblements spontanés permettent une intensification du mouvement contre la réforme des retraites, en assurant une continuité, jour après jour, de la lutte, en complémentarité avec les appels nationaux lancés par l’intersyndicale.
La rue, notre rempart démocratique
Une semaine après l’usage d’un nouveau 49.3 par Elisabeth Borne, la date du 23 mars se doit d’être une journée de grève massive et de mobilisation de la jeunesse.
Les travailleur.euse.s de de notre pays vont attaquer les capitalistes au portefeuille. Pour les forcer à reculer, ils passent à une grève reconductible, généralisée, qui crée les conditions d’un blocage pur et simple du pays, ne laissant d’autre choix au gouvernement que de reculer.
La population française, en plus d’être très majoritairement hostile à la réforme des retraites, soutient l’intensification de la mobilisation. Dans une démocratie plus que chancelante, le peuple se rend bien compte que la réforme est en train de passer sans aucune espèce de vote, sans aucun soutien populaire.
Face à un gouvernement qui n’a même pas fait l’effort, pour la forme, de recevoir les syndicats, la mobilisation doit être à l’image de ce qu’elle a été jusqu’à présent : sans équivoque, ferme et historique, jusqu’au retrait.