Quartiers populaires, définitions et représentations

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Quartiers populaires, définitions et représentations

Banlieue, cité, zone, ou même ghetto : les expressions bien souvent négatives renvoyant aux quartiers populaires ne manquent pas, et participent à alimenter un ensemble de stéréotypes masquant de nombreux enjeux politiques des plus importants.  

Diversité de définitions, définition par la diversité

La première difficulté à définir les “quartiers populaires” tient des différences de définition selon la discipline des scientifiques qui se sont penché.es sur le sujet. Géographes, politistes, sociologues ont contribué à enrichir les analyses possibles concernant ces quartiers, rendant complexe l’utilisation d’une définition globale, valable systématiquement.

La raison de cette difficulté tient notamment de la diversité des quartiers populaires eux-mêmes. Éparpillés dans le pays et dans les agglomérations, les quartiers populaires forment un ensemble hétérogène aux réalités bien différentes d’un quartier à l’autre. 

Cette diversité des quartiers populaires entre en écho avec la diversité des populations qui y vivent. Origines géographiques, situation professionnelle, etc., les critères sont nombreux pour identifier des populations, elles aussi, hétérogènes et ne pouvant être ramenées à la seule expression “habitant.es des quartiers populaires”, trop vague, trop peu précise.

Malgré cette diversité de situation, le fait que la dénomination “quartiers populaires” soit venu remplacer l’expression “quartiers ouvriers” peut servir de repère. La dimension de classe est certainement un des principaux invariants des quartiers populaires, avec une surreprésentation des couches populaires déterminant de fait des conditions particulières de précarité.

Inégalités et discriminations comme dénominateur commun

Face à une définition difficile à élaborer, il s’agit donc davantage de trouver des caractéristiques communes. Les conditions de précarité particulièrement fortes s’accompagnent alors d’un éclatement entre lieu de résidence et lieux de travail, de commerce et de sociabilité.

Cette fragmentation est d’autant plus prégnante en ce qui concerne l’accès aux services publics, avec quelques exemples frappants ces dernières années. En termes de transports, le CDG express, surnommé “train des riches”, est prévu pour traverser plusieurs départements de la région Île-de-France sans s’y arrêter, pour établir une ligne directe entre la gare de l’Est et Roissy. Pour l’éducation, on se souvient de l’algorithme discriminatoire de Parcoursup, qui tient compte du lycée d’origine pour déterminer la valeur du baccalauréat obtenu. La crise de Covid-19 nous a cruellement rappelé, enfin, l’inégal accès à la santé dont souffrent les quartiers populaires.

Ces quelques exemples suffisent à cerner la fragmentation du service public, qui se matérialise par une violente exclusion des populations issues des quartiers populaires, à laquelle la jeunesse est particulièrement exposée. Au point que bien souvent, la réussite sociale est déterminée par la capacité à quitter le quartier populaire plutôt qu’à y rester.

Le manque se caractérise également à travers une dimension politique, avec par exemple des taux d’abstention plus forts dans les quartiers populaires. Depuis les années 1980 et le développement de la politique de la ville, des tentatives de réponse ont été déployées pour pallier ce faible engagement, notamment en passant par le tissu associatif. La participation de la population des quartiers populaires a ainsi été régulièrement sollicitée pour répondre aux différentes problématiques. Mais sans développement des infrastructures et services publics (entre autres) ces initiatives sont régulièrement restées insuffisantes.

Des inégalités à la stigmatisation

Les zones d’exclusion que tendent à être les quartiers populaires en ont fait un espace privilégié de construction de stéréotypes d’une grande violence, alimentés par les partis conservateurs et nombre de médias, constituant une représentation principalement axée sur l’insécurité et la pauvreté.

Carrefour des exclusions, le quartier populaire est aussi le lieu par excellence des populations exilées qui, faute d’une politique d’accueil sérieuse, n’ont bien souvent pas d’autres choix que de vivre dans des zones souffrant du manque d’accès à l’emploi et aux services divers. Ce cocktail de représentations pauvreté-immigration-insécurité est une aubaine pour les réactionnaires, qui ont fait le choix de cibler les quartiers populaires comme archétype du danger que représente le communautarisme, appuyé par une foule de fantasmes racistes allant du « Français de papiers » aux « zones de non-France ».

Alors que l’extrême droite ne cesse de se renforcer et que les tensions s’exacerbent au sein de notre société, il est plus que nécessaire de comprendre quelles sont les réalités vécues, pour être à la hauteur des enjeux politiques, déjà anciens, qui ne manqueront pas de donner lieu à toujours plus de stigmatisations.


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